• Toutes les vies d'Alice

    "Toutes les vies d'Alice" de Lucie Castel - Charleston

    Présentation de l'éditeur :

    « Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. » Telle est la devise de Sarah, qui s’est efforcée de construire sa vie en accord avec ce principe simple, à force de Post-it et de to-do lists. Mais dans ce mécanisme en apparence bien huilé se cache un grain de sable qui pourrait tout faire basculer…

    Le jour où elle apprend que sa soeur est hospitalisée dans un état catatonique, à peine quelques jours après lui avoir laissé un message énigmatique, Sarah se rend immédiatement à son chevet. En retrouvant Aigues-Mortes, la ville de leur enfance, qu’elle a fuie vingt ans auparavant, c’est comme si tout son passé refaisait surface. Les terreurs nocturnes qui l’assaillent et les ombres qui l’obsèdent sont plus présentes que jamais… mais c’est peut-être enfin l’occasion de les affronter pour trouver sa place à elle.

    Première page :

    Aigues-Mortes, 22 septembre 1987.

    Les cloches de l’église s’étaient tues. Aigues-Mortes ne portait jamais aussi bien son nom que les jours d’enterrement.

    Entre les remparts de la cité fortifiée, le malheur des uns frappait aussi les autres. Pendant un temps, tous les habitants portaient le deuil, tantôt avec sincérité tantôt avec hypocrisie, parfois un peu des deux.

    Catherine Louvier reposa sa nièce à terre. La petite n’avait que la peau sur les os, mais après l’avoir trimballée du cimetière jusqu’au magasin, le constat était clair : elle pesait une tonne.

    — Allez ma chérie, assieds-toi sur le banc, mémé Odette va ouvrir la porte.

    Catherine agita la main en direction de sa mère qui venait de les rejoindre. Odette eut l’air surprise.

    — C’est toi qui as les clés, précisa Catherine avec un léger agacement.

    — Pas du tout. Si je les avais prises, je m’en souviendrais.

    Ce que j'en pense :

    Le thème du livre tourne principalement autour des secrets de famille mais beaucoup d’autres sujets sont abordés et cela fait un peu beaucoup. J’ai été touché par le personnage des deux sœurs et par celui de l’adolescente mais j’ai trouvé l’histoire un peu « convenue » et le personnage de la mère à peine crédible.

    Toutes les vies d'Alice

     

     

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  • Les brouillards noirs

    "Les brouillards noirs" de Patrice Gain - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Violoncelliste, Raphaël ne vit qu’à travers son instrument. Sa passion l’a éloigné depuis onze ans de sa fille Maude. Lorsqu’il apprend sa disparition lors d’un voyage aux îles Féroé, il se rend aussitôt dans cet archipel, terre sauvage et intimidante, à l’écart du monde. Il découvre que Maude militait contre le grindadráp, une chasse traditionnelle sanglante des baleines-pilotes qui fait la fierté des insulaires et que combattent les militants d’une ONG. Face à des autorités indifférentes, alors que les brouillards noirs s’emparent de l’archipel, troublant davantage les pistes qui pourraient mener à la jeune femme, Raphaël enquête pour retrouver sa fille.

    Première page :

    Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Un dimanche d'octobre, le premier du mois. J'étais dans un des villages côtiers de la presqu'île de Crozon, avec le quatuor que j'avais intégré huit mois plus tôt, pour un concert dans une chapelle offerte à tous les vents. Le dernier d'une tournée de six représentations dans l'ouest de la France. Quand le téléphone a coassé, j'ai laissé le batracien s'époumoner sur la table de nuit de ma chambre d'hôtel. Je n'étais pas d'humeur à échanger avec qui que ce soit. Je n'aime pas les dimanches. Je ne les ai jamais aimés. Ils se ressemblent tant, égrènent l'ennui, le poissent. Je traîne cette affliction dominicale quels que soient le lieu et les éventuelles personnes qui l'accompagnent. Un boulet hérité de mon adolescence et de l'obligation que j'avais de m'endimancher, d'assister à l'office et aux rituels familiaux. C'est l'idée que je m'en suis faite. J'ai souvent été en butte à un subconscient cabossé par un tas de choses que je n'ai aucune envie d'examiner à la lueur du jour. Malgré de louables efforts, je n'ai rien pu faire pour m'en départir.

    J'écoutais l'étonnante Dom La Nena, tout en feuilletant de vieux magazines…

    Ce que j'en pense :

    L’auteur réussit parfaitement à nous emmener dans ces lieux noirs, inquiétants, battus par les vents. Nous sommes au cœur de cette nature sauvage et de ces chasses sanglantes. Nous sommes également pleinement avec cet homme avec son violoncelle, sur la trace de sa fille, à la recherche d’un amour qui lui a été enlevé. C’est un roman poignant, plein d’humanité et qui nous laisse « au bord des larmes ».

    Les brouillards noirs

     

     

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  • Entre fauves

    "Entre fauves" de Colin Niel - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n’a plus trouvé la moindre trace de Cannellito, le seul plantigrade avec un peu de sang pyrénéen qui fréquentait encore ces forêts, pas d’empreinte de tout l’hiver, aucun poil sur les centaines d’arbres observés. Martin en est chaque jour plus convaincu : les chasseurs auront eu la peau de l’animal. L’histoire des hommes, n’est-ce pas celle du massacre de la faune sauvage ? Alors, lorsqu’il tombe sur un cliché montrant une jeune femme devant la dépouille d’un lion, arc de chasse en main, il est déterminé à la retrouver et la livrer en pâture à l’opinion publique. Même si d’elle, il ne connaît qu’un pseudonyme sur les réseaux sociaux : Leg Holas. Et rien de ce qui s’est joué, quelques semaines plus tôt, en Afrique.
    Entre chasse au fauve et chasse à l’homme, vallée d’Aspe dans les Pyrénées enneigées et désert du Kaokoland en Namibie, Colin Niel tisse une intrigue cruelle où aucun chasseur n’est jamais sûr de sa proie.

    Première page :

    30 mars

    Charles

    L’heure était venue de faire face aux hommes, leurs silhouettes de bipèdes dressées dans le crépuscule comme des arbres en mouvement, si proches de lui à présent, à peine trois foulées pour les atteindre, et leur odeur sans pareille,sueur amère et terre lointaine, et leurs cris indéchiffrables,et leurs peaux couvertes d’autres peaux qui n’étaient pas les leurs, jamais il ne les avait tant approchés, il avait fallu qu’ils l’y poussent, un jour entier à les sentir à ses trousses,un jour entier à sillonner le bush, à ramper sous les épines des acacias, à raser les murs de pierre enflammés de soleil,à creuser et recreuser cent fois sa trace, de broussaille en broussaille, les pas dans les mêmes empreintes, les détours innombrables entre les troncs, n’importe quoi pour les faire lâcher prise, un jour entier à se sentir gibier et non plus prédateur, la patience mise à mal, agacée, nerfs à vif, un jour entier auquel il venait de mettre fin, surtout ne pas leur laisser cette victoire-là, pas lui, pas ici, pas dans ce désert qu’il arpentait depuis toujours et dont il savait tout, les ruses et les ingratitudes, les nuits glacées autant que les jours brûlants,…

    Ce que j'en pense :

    C’est vrai que ce livre est très bien construit en se mettant tour à tour dans la tête des différents personnages (y compris le lion !) et en alternant les lieux (entre Afrique et Pyrénées). Il y a beaucoup de descriptions et de termes « savants » pour décrire l’arc et tout cela parait un peu longuet. Oui, c'est bien écrit, mais malheureusement, je n’ai éprouvé aucune empathie pour les personnages, ce qui n’était pas le cas pour un autre livre du même auteur (Darwyne).

    Entre fauves

     

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  • Tout ce qui manque

    "Tout ce qui manque" de Florent Oiseau - Allary éditions

    Présentation de l'éditeur :

    Roman de la rupture amoureuse, cahier du pays natal, Tout ce qui manque fait le point sur tout ce qui compte. À la manière d'un John Fante d'Intercités, Florent Oiseau ajoute à sa plume une pointe de mélancolie dont le sarcasme flegmatique émeut autant qu'il réjouit.

    " Le projet m'apparaissait évident, j'utiliserais le village pour tisser un décor, raconter une histoire en apparence inoffensive mais avec, cette fois, un but bien précis : dire entre les lignes tout ce que j'avais cru malin de taire. Ana, tu n'es pas juste une infirmière ; Ana, tu n'es pas une colocataire ; Ana, tu n'es pas une habitude, t'aimer est ma première certitude, l'avoir mal fait est la deuxième, vouloir écrire un livre pour inverser le cours de notre histoire est la dernière. "

    Première page :

    Dehors, chauffeurs de taxi et pigeons se partageaient le parvis, des cigarettes et des avis. Un brouillard âcre se pavanait partout. Dans le hall, un pianiste malhabile semblait découvrir son instrument, tandis qu'une file patiente dégoulinait devant l'enseigne Brioche dorée. Dans cette gare, il faisait toujours froid. J'ai pris un ersatz de café et un sandwich, Le Champêtre, cantal, jambon roquette, et toute la sécheresse de l'univers. Le café avait le goût des remords. Autour de moi, des créatures avec trop peu d'espace entre les yeux, calmes et frigorifiées, regardaient le tableau des départs en attendant de se voir indiquer leur quai. J'ai observé le panorama tout en avançant vers mon train. La fréquentation des gares, rendue obligatoire par mon travail, avait fait de moi une sorte d'anthropologue ferroviaire et mon constat était sans appel : les voyageurs les plus laids – au départ de Paris – transitent par Austerlitz.

    Ce que j'en pense :

     Incontestablement Florent Oiseau maitrise l'écriture. Ce livre est bourré de sensibilité mais aussi d'une certaine nonchalance. C'est parfois assez sarcastique et c'est peut-être ce qui pourrait rebuter certaines lectrices ou lecteurs. J'ai bien aimé les personnages de cette petite ville du Périgord, et le chien également.

    Tout ce qui manque

     

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  • Taormine

    "Taormine" de Yves Ravey - éditions de Minuit

    Présentation de l'éditeur :

    Un couple au bord de la séparation s’offre un séjour en Sicile pour se réconcilier.
    A quelques kilomètres de l’aéroport, sur un chemin de terre, leur voiture de location percute un objet non identifié. Le lendemain, ils décident de chercher un garage à Taormine pour réparer discrètement les dégâts.
    Une très mauvaise idée.

    Première page :

    Sorti de l’aéroport de Catane-Fontanarossa, j’ai engagé la voiture de louage dans le premier rond-point vers le nord, direction Taormine.

    L’idée que nous commencions nos vacances me réchauffait le cœur. De temps à autre, Luisa tournait les pages de son guide touristique de la Sicile. Ainsi j’oubliais nos derniers instants passés ensemble, proches de la séparation, car cela vaut la peine d’être retenu : après ces journées difficiles,nous avions besoin, l’un comme l’autre, de calme et de repos.

    Ce que j'en pense :

    A la façon minimaliste de Ravey, c’est l’histoire d’un homme très lâche qui pourrait être quelqu’un de très ordinaire. C’est noir, cynique et assez féroce. On n’a bien sûr, comme souvent chez l’auteur, presque aucune empathie pour les personnages. On pourrait considérer que ce texte est une fable sur notre égoïsme face aux migrants, mais ce n’est pas certain que chaque lecteur y trouve cette dimension. Ce n’est pas le meilleur livre de Yves Ravey.

    Taormine

     

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  • à quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ?

    "à quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ?" de Gaëlle Josse - Notabilia

    Présentation de l'éditeur :

    « Quelques éclats demeurent au milieu des heures profondes, en veille. Parfois une silhouette immobile se détache sur le rectangle éclairé. À quoi songent-ils, tous ceux que le sommeil fuit ? À quelle part de leur histoire, de leur mémoire, à quels absents parlent-ils en silence ?

    C’est l’heure des aveux, des regrets, des impatiences, des souvenirs, de l’attente. Ce sont les heures où le cœur tremble, où les corps se souviennent, peau à peau avec la nuit. On ne triche plus. Ce sont les heures sentinelles de nos histoires, de nos petites victoires, de nos défaites.

    Que racontent ces silhouettes silencieuses à la grande nuit bleue ? »

    On rencontrera ici des femmes, des hommes, des couples, des enfants, portraits intenses de vies ordinaires, tous reflets de notre humanité et de nos vacillements.

    à travers ces microfictions, Gaëlle Josse poursuit cette écoute ultrasensible de nos vies qu'elle nous offre de livre en livre, au plus juste des émotions qui les traversent.

    Première page :

    La nuit entre dans la ville, la ville entre dans la nuit. Grise, mauve, bleue, noire. Les fenêtres s’allument, les contours s’estompent, les lumières de la rue, les néons des boutiques, des restaurants, des cafés insistent encore, mêlés aux faisceaux des phares des voitures, aux feux de circulation. Les lumières des appartements, des maisons disparaissent peu à peu, renoncent. Avalées. Dissoutes. L’heure de rendre les armes, ou de résister un peu, encore.

    Quelques éclats demeurent au milieu des heures profondes, en veille. Parfois une silhouette immobile se détache sur le rectangle éclairé. À quoi songent-ils, tous ceux que le sommeil fuit ?

    Ce que j'en pense :

    Cette série de petits textes, qualifiés de « microfictions », sont de vrais bijoux. Gaëlle Josse a un immense talent pour être capable, en 2 ou 3 pages, de nous faire pénétrer au plus profond de ces éclats de vie, comme si nous étions nous aussi du même côté de la fenêtre que ses personnages. Comme d'habitude les éditions Notabilia ont fabriqué un splendide objet : couleur, police, format, mise en page. Un vrai coup de cœur.

    à quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ?

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  • Darwyne

    "Darwyne" de Colin Niel - Le Livre de Poche

    Présentation de l'éditeur :

    Darwyne Massily, un garçon de dix ans, légèrement handicapé, vit à Bois Sec, un bidonville gagné sur la jungle infinie. Le centre de sa vie, c’est sa mère, Yolanda, une femme qui ne ressemble à nulle autre, la plus belle, la plus forte et la plus courageuse. Mais c’est compter sans les beaux-pères qui se succèdent régulièrement dans leur petit carbet. Justement, un nouvel homme vient s’installer : Jhonson, un vrai géant celui-là. Au même moment surgit Mathurine, une éducatrice de la protection de l’enfance. On lui a confié un signalement concernant le garçon. Une première évaluation a été conduite quelques mois auparavant par une collègue qui a quitté précipitamment la région.

    Première page :

    – Son amou-our, durera toujours…

    Darwyne n’aime rien comme les chants d’adoration dans la bouche de la mère.

    – Son amou-our, calme la frayeur…

    À bien y réfléchir, il n’aime pas grand-chose de ces matins de culte à l’église de Dieu en Christ. Il n’aime pas la sensation de la chemise synthétique et collante sur sa peau moite. Il n’aime pas la façon qu’ont les autres garçons de le regarder en croyant qu’il ne s’en rend pas compte, depuis ce banc où ils se retrouvent chaque dimanche comme si c’était un jour d’école.

    – Son amou-our, réveille en douceur…

    Il n’aime pas le diacre à la cravate, non plus, celui qui se tient près du guitariste. Avec ses gros yeux et sa moustache,il lui rappelle les fois où la mère a demandé qu’on prie pour libérer son fils des mauvais esprits qui le persécutaient. Cela fait un moment que ce n’est plus arrivé, et Darwyne était petit à l’époque, mais il s’en souvient très bien. Il se souvient des mains qu’on apposait sur sa tête et ses épaules en disant des choses qu’il ne comprenait pas…

    Ce que j'en pense :

    C’est une histoire très étrange qui se passe dans un univers original et assez inquiétant. On suit pas à pas ce jeune garçon en se demandant à chaque instant ce qu’il est capable de faire dans cette jungle amazonienne qu’il comprend d’une manière mystérieuse. Ce roman est très original, entre roman noir et fantastique dont la forêt est un des personnages essentiels. Coup de cœur.

    Darwyne

     

     

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  • Toutes les femmes sauf une

    "Toutes les femmes sauf une" de Maria Pourchet - Pauvert

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une maternité, une femme épuisée, sous perfusion. Elle vient d’accoucher d’une fille, Adèle, et contemple le berceau, entre amour, colère et désespoir. Quelque chose la terrifie au point de la tenir éveillée, de s’interdire tout repos : la loi de la reproduction. De génération en génération, les femmes de sa lignée transportent la blessure de leur condition dans une chaîne désolidarisée, sans merci, où chacune paye l’ardoise de la précédente. Elle le sait, elle en résulte, faite de l’histoire et de la douleur de ses aînées. Elle voudrait que ça s’arrête. Qu’Adèle soit neuve, libre.
    Alors comme on vide les armoires, comme on nettoie, elle raconte. Adressant à Adèle le récit de son enfance, elle explore la fabrique silencieuse de la haine de soi qui s’hérite aussi bien que les meubles et la vaisselle. Défiance du corps, diabolisation de la séduction, ravages discrets de la jalousie mère-fille… Elle offre à Adèle un portrait tourmenté de la condition féminine, où le tort fait aux femmes par les femmes apparaît dans sa violence ordinaire.
    Et c’est véritablement un cadeau. Car en mettant à nu, rouage après rouage, la mécanique de la transmission, elle pourrait parvenir à la détruire.

    Première page :

    Du plomb dans la tête

    Deux murs violets, disons mauves, deux murs gris, le reste en blanc. Un trépied à perfusion dit encore potence, les règles d'or de l'allaitement (quatre) et, sans aucun rapport, une affiche CGT « personnel de santé, défendez vos droits », le 1er mai. C'est passé. On m'étale sur un genre de toile cirée, entre deux éventrées de la veille. Les chambres particulières tu peux toujours demander mais c'est fonction des places, y'a pas de j'ai payé qui tienne. Ce n'est pas une toile cirée mais un drap, l'odeur c'est normal. À mes pieds, le berceau qu'il ne faut pas renverser, toi dedans, une étiquette dessus : Adèle. Je suis collante, évidée, plus près du fond que jamais. Je connais quelque chose comme la terreur d'un naufragé, et sa fatigue. Je cherche un truc, n'importe quoi, qui ressemblerait à qui je fus, la veille encore. Je n'aperçois ni mon visage, ni mon sac. Désormais la fin du monde commence à midi.

    Ce que j'en pense :

    Un livre sur la transmission, entre femmes, entre mères. Un livre où se déverse un trop plein de colère très liée à l’enfance de l’autrice. Cela pourrait donner un livre puissant mais ce n’est pas le cas. Il y a trop de haine, de méchanceté, de mépris pour sa mère mais aussi pour le personnel de la maternité. Cela devient lourd et très gênant.

    Toutes les femmes sauf une

     

     

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  • Le bonheur est dans le crime

    "Le bonheur est dans le crime" de Ali Rebehi - édition du masque

    Présentation de l'éditeur :

    Qu’il fait bon vivre à Valmont-sur-Loing…
    Alice Bonneville, professeure de droit pénal à la retraite, y coule des jours tranquilles dans sa magnifique demeure en pierre, où elle vit avec son neveu Arthur, psychologue clinicien. Entre son club de lecture, ses activités bénévoles, ses marches en forêt de Fontainebleau, ses grandes conversations avec sa femme de ménage Inès et ses visites à son meilleur ami Haroun, qui tient le salon de thé du coin, il reste tout juste à Tante Alice le temps de se consacrer à sa passion : la pâtisserie.
    Sa paisible existence se voit troublée lorsque son voisin Paul Faye, auteur à succès des Cinq Vérités celtiques, est retrouvé assassiné. Qui donc a pu s’en prendre à ce pape du développement personnel ?
    Entre deux sablés à l’orange, Tante Alice décide de mettre son nez dans l’enquête. Ah, si son défunt mari pouvait l’aider, il aurait sans doute bien des choses à lui dire ! À commencer par cette deuxième vérité celtique : « Il est impératif de dialoguer avec ton instinct. »

    Première page :

    Impossible pour Alice Bonneville de rater le gros type en sueur, en survêtement trop serré, yorkshire en laisse, qui avançait vers elle. Impossible de faire comme si elle ne l’avait pas vu lancer son paquet de cigarettes vide entre les fougères et la bruyère cendrée. Elle venait d’achever sa randonnée quotidienne sous un ciel gris orangé, encore épatée d’avoir pu observer à la jumelle deux jeunes chevreuils. Une pure joie d’exister l’avait saisie tout au long de sa promenade. Ce sagouin avait tout gâché. Elle ferma les yeux et tenta de se raisonner. Non ma chérie, tu ne saisiras pas cette bûche à tes pieds, tu ne prendras pas ton élan pour devenir le bras armé de Némésis, la déesse grecque de la vengeance, ou sa servante la plus dévouée. Tu ne le frapperas pas avec la force du plus grand batteur de baseball de tous les temps. Tu ne deviendras pas la spécialiste incontestée du hachis de tête humaine. Abandonnant à regret ces idées destructrices, Alice s’avança vers le type au yorkshire et dégaina sa carte du club de lecture de Valmont-sur-Loing.

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre plutôt pédant et très léger pour ne pas dire futile. Si on enlève les descriptions de cuisine : recettes, vaisselles… cela allège déjà de la moitié du livre. L’intrigue est pratiquement inexistante. Il faut attendre un peu plus de la moitié du livre pour avoir un cadavre ! Certains passages sont proches du ridicule et les personnages ne sont pas attachants.

    Le bonheur est dans le crime

     

     

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  • Pauvre folle

    "Pauvre folle" de Chloé Delaume - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Dans toutes les histoires d’amour se rejouent les blessures de l’enfance : on guérit ou on creuse ses plaies.

    Pour comprendre la nature de sa relation avec Guillaume, Clotilde Mélisse observe les souvenirs qu’elle sort de sa tête, le temps d’un voyage en train direction Heidelberg. Tandis que par la fenêtre défilent des paysages de fin du monde, Clotilde revient sur les événements saillants de son existence. La découverte de la poésie dans la bibliothèque maternelle, le féminicide parental, l’adolescence et ses pulsions suicidaires, le diagnostic posé sur sa bipolarité. Sa rencontre, dix ans plus tôt, avec Guillaume, leur lien épistolaire qui tenait de l’addiction, l’implosion de leur idylle au contact du réel.

    Car Guillaume est revenu, et depuis dix-sept mois Clotilde perd la raison. Elle qui s’épanouissait au creux de son célibat voit son cœur et son âme ravagés par la résurgence de cet amour impossible. La décennie passée ne change en rien la donne : Guillaume est toujours gay, et qui plus est en couple. Aussi Clotilde espère, au gré des arrêts de gare, trouver une solution d’ici le terminus.

    Première page :

    Une femme dans un train

    La fin du monde n’a pas du tout la forme prévue. Derrière la vitre embuée, Clotilde observe la neige couvrir avril ; le train qui l’emporte traverse autant de forêts mortes que de prés empoissés par des ruisseaux boueux. Elle regarde le décor se déliter lentement, l’époque s’appelle Trop tard, chacun est au courant, alors elle se demande comment font toutes ces bouches pour prononcer encore sérieusement le mot Avenir. Le vent se cogne au carreau en charriant de l’eau sale ; les flocons sont grisâtres comme les cendres estivales qui saupoudrent les piscines pendant que les gens y nagent, entourés d’incendies. Ainsi, comme tous, Clotilde traverse l’épreuve : c’est dur d’admettre qu’elle vit et ne vivra plus qu’à l’aune du seuil franchi, au creux de la déchirure, que sa seconde partie de vie habite la fin du monde.

    Sentir la terre s’ouvrir, les semelles engluées dans le séisme final, Clotilde a toujours su que ça lui arriverait. Sûrement parce qu’elle est une sorcière, ou qu’elle est si autocentrée…

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman qui parait très autobiographique. Je suis très partagé après avoir fermé le livre (car je suis allé au bout !). Il y a de magnifiques paragraphes avec des trouvailles en terme d’écriture et aussi beaucoup d’humour. Et puis d’autres paragraphes sont particulièrement pénibles et agaçants et on n’a absolument aucune empathie pour le personnage de Clotilde.

    Pauvre folle 

    Pauvre folle

     

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