• Ouragan

    - Nouvelles

    "Ouragan" - Laurent Gaudé
    Actes sud

    Présentation de l'éditeur :

    A La Nouvelle-Orléans, alors qu'une terrible tempête est annoncée, la plupart des habitants fuient la ville. Ceux qui n'ont pu partir devront subir la fureur du ciel. Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime : que reste-t-il en effet d'un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s'est dissous dans la peur ? Seul dans sa voiture, Keanu fonce vers les quartiers dévastés, au coeur de la tourmente, en quête de Rose, qu'il a laissée derrière lui six ans plus tôt et qu'il doit retrouver pour, peut-être, donner un sens à son existence... Dans un saisissant décor d'apocalypse, Laurent Gaudé met en scène une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent. Leurs voix montent collectivement en un ample choral qui résonne comme le cri de la ville abandonnée à son sort. Roman ambitieux à l'écriture empathique et incantatoire, Ouragan mêle la gravité de la tragédie à la douceur bienfaisante de la fable pour exalter la fidélité, la fraternité, et l'émouvante beauté de ceux qui restent debout.

    Première page :

    "Moi, Joséphine Linc. Steelson, négresse depuis pres­que cent ans, j'ai ouvert la fenêtre ce matin, à l'heure où les autres dorment encore, j'ai humé l'air et j'ai dit : "Ça sent la chienne." Dieu sait que j'en ai vu des petites et des vicieuses, mais celle-là, j'ai dit, elle dépasse toutes les autres, c'est une sacrée garce qui vient et les bayous vont bientôt se mettre à clapoter comme des flaques d'eau à l'approche du train. C'était bien avant qu'ils n'en parlent à la télévision, bien avant que les culs blancs ne s'agitent et ne nous disent à nous, vieilles négresses fatiguées, comment nous devions agir. Alors j'ai fait une vilaine moue avec ma bouche fripée de ne plus avoir embrassé personne depuis longtemps, j'ai regretté que Marley m'ait laissée veuve sans quoi je lui aurais dit de nous servir deux verres de liqueur - tout matin que nous soyons - pour profiter de nos derniers instants avant qu'elle ne soit sur nous. J'ai pensé à mes enfants morts avant moi et je me suis demandé, comme mille fois auparavant, pourquoi le Seigneur ne se lassait pas de me voir traîner ainsi ma carcasse d'un matin à l'autre. "

    Ce que j'en pense :

    Un très beau livre de Gaudé. Une écriture qui a du souffle, un style puissant rappelant la voix du peuple noir.

      

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  • Commentaires

    1
    lmb
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 07:05

    Exact, un très beau livre. Quoique ?.. laisserions nous entendre que la misère est belle... Il faudrait plutôt dire un livre très fort qui nous rappelle que les premières victimes de tous ces drames météorologiques sont les plus faibles.... et pour cause, leur seule façon de survivre c'est de semettre en danger.

     

    quelques lectures qui m'ont marqué récemment:

     

    Oya BAYDAR "Parole perdue" phébus: dans la complexité des rapports entre kurdes et le pouvoir turc... comment garder son identité sans sombrer dans le nationalisme et la violence? Problèmatique difficile

     

    Henri BAUCHAU "Déluge" Actes Sud: l'histoire d'un peintre "l'oeuvre qu'il travaille, est comme notre monde,traversée par la violence des siècles, par le désastre et la splendeur d'une humanité toujours renaissante" (extrait du 4ème de couverture).

    Pour mémoire ce fut le 1er auteur qu'Arianne mouchkine a mis en scène... Et la citation, ci dessus, est vraiment l'ambiance du dernier spectacle de Mouchkine qui est fabuleux. Allez le voir ! 

     

    Mo Yan: "La joie" Picquier: Une joie... désespérante. Les profondeurs de la misère, de l'injustice, de l'arbitraire". Un roman venu de Chine 

    Saramago "le cahier" le Cherche Midi/ l'ultime livre de cet auteur portugais: des pensées, des coups de gueule,des commentaires sur le monde, etc... et une phrase qui est forte"Dieu est le silence de l'univers et l'homme le cri qui donne du sens à ce silence"

     

    Istvan Orkeny "les boîtes" Cambourakis: l'absurde comme mode gouvernance!... jusqu'au jour où un geste peut mettre fin à l'absurde 

     

    Alan Duff "un père pour mes rêves" Actes Sud: Le sang? la culture ? les traditions ? Un Maori de Nouvelle Zélande qui se découvre un père noir aux Etats Unis. très bien

     

    Wendy Brown "les Murs" Les Prairies ordinaires: sous titre: "les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique" Livre passionnant qui remet en pespective d'innombrables murs construits le siècle dernier.

     

    Jean Loïc LeQuellec, Bon et Fauvelle-Aymar "vol de vaches à Christoph Cave" publications de la Sorbonne: Une peinture rupestre dans un abri rocheux d'Afrique du Sud qui a été visitée, revistée, interprétée et réinterprétée, saccagée et "resaccagée". En visitant cette caverne, on remonte nos siècles précédents et particulièrement le temps des découvertse du XIXème et XXème. Une relecture passionnante, presque un roman policier, presque un traité de philosophie, de sociologie.Le non initié, que je suis, a appris autant sur les peintures rupestres que sur le recul nécessaire à tout évènement.

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