• Né un mardi

    Né un mardi

    "Né un mardi" de Elnathan John - Métailié

    Présentation de l'éditeur :

    Dantala vit dans la rue avec les voyous de Bayan Layi, fume la wee-wee sous le baobab, fait le coup de poing pour le Petit Parti. Souvent, les bagarres tournent mal mais, comme on dit, tout ce qui arrive est la volonté d’Allah. Un soir d’émeutes, pris en chasse par la police, il doit s’enfuir. 
    Sans famille, il trouve refuge à Sokoto auprès d’un imam salafiste. Il apprend l’anglais avec son ami Jibril, tombe amoureux, psalmodie l’appel à la prière, lit tout ce qu’il peut. Le gamin naïf mais curieux découvre l’étendue de ses contradictions et la liberté de la pensée, et gagne sa place et son nom dans un monde chaotique et violent. Alors que les tensions entre communautés ne cessent de croître, un imam irascible fait sécession et part à la campagne fonder une secte extrémiste.
    Loin de l’exotisme et du tiers-mondisme bien-pensant, Elnathan John nous emmène dans une région dont on ignore presque tout : harmattan, poussière des routes, vendeurs de koko, et le goût du dernier morceau de canne à sucre – le meilleur. On brandit des machettes, on assiste à des matchs de lutte, on prend toutes sortes de transports, on marche, on court, on aime, on est Dantala de bout en bout, passionnément. Un formidable roman d’apprentissage, sensible et poignant, dont on sort complètement retourné.

    Première page :

    "2003

    Les garçons qui dorment sous les branches du kuka à Bayan Layi aiment bien se vanter à propos des gens qu'ils ont tués. Je ne me joins jamais à la conversation car je n'ai jamais tué un homme. Banda oui, mais il n'aime pas en parler. Tout ce qu'il fait, c'est fumer de la wee-wee pendant que les autres parlent tous en même temps. La voix de Gobedanisa est toujours la plus forte. Il aime bien rappeler à tout le monde le jour où il a étranglé un homme. Je n'interromps jamais son histoire même si j étais avec lui ce jour-là et si j'ai vu ce qui s'est passé. Gobedanisa et moi, on avait été dans un lambu pour voler des patates douces, mais le fermier nous a surpris pendant qu'on y était. Alors qu'il nous poursuivait, en jurant de nous tuer s'il nous attrapait, il est tombé dans un piège à antilopes. Gobedanisa ne l'a pas touché. On est seulement restés à côté de lui et on l'a regardé se débattre et se débattre et puis arrêter de se débattre.

    Je me moque que Gobedanisa mente à propos de ce qui s'est passé mais parfois j'ai juste envie de lui dire de la fermer. À l'entendre parler de meurtre, on pourrait croire qu'il espère que ça lui vaudra Al Djannah, qu'Allah lui réservera la meilleure place. Je sais pourquoi il parle comme ça. Il raconte ça pour impressionner les garçons plus jeunes. Et pour qu'ils aient peur de lui. Son visage est couvert de cicatrices, la plus voyante étant une mince et longue entaille qui s'étire du coin droit de sa bouche à son oreille droite. …"

    Ce que j'en pense :

    On a peu l’occasion de lire des romans de jeunes auteurs l’Afrique anglophone. Voilà un écrivain qui mérite d’être suivi. Son roman est puissant et original. A travers le parcours de Banda on découvre la montée des extrémismes au Nigéria (et l’actualité est malheureusement là pour nous le rappeler). Ce n’est pas un livre très facile à lire car il est parsemé de textes du Coran en langue locale, mais il faut vraiment aller jusqu’au bout, c’est une lecture qui laisse des traces.

    Né un mardi

    Né un mardiNé un mardi

     

     

    __________


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :