• Et il dit

    Et il dit

    "Et il dit" de Erri De Luca
    traduction Danièle Valin - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Un homme dont on ne connaît pas le nom est retrouvé, épuisé, au bord d'un campement. Alpiniste courageux devenu simple vagabond, il rejoint les siens et notamment son frère qui le recueille à bout de forces. Il s'agissait de leur guide, mais sa disparition avait fait perdre espoir au peuple tout entier. On découvre son histoire, l'ascension difficile, lorsque soudain, face à la muraille, sa voix se met à résonner : "Je suis Adonai (Yod) ton Elohim." C'est ainsi que débute la déclinaison du Décalogue où chaque mot, chaque commandement, est percé par l'étude de la lettre. Sans réduire son texte à un commentaire religieux, Erri De Luca met en scène une poétique biblique qui ne se dissocie jamais de la nature, ni de la puissance du langage : "Ils apprirent au pied du Sinaï que l'écoute est une citerne dans laquelle se déverse une eau de ciel de paroles scandées à gouttes de syllabes." L'auteur condense la langue et la spiritualité pour raconter les Commandements dont il tire le plus beau. Il questionne, tord, et emporte ainsi le lecteur dans la fulgurance de ses histoires. Ce mouvement s'intensifie jusqu'à atteindre deux petits textes que l'on retrouve comme deux suspensions au livre. Le premier, "Adieu au Sinaï", conte les bienfaits de la voix divine du prophète et ses conséquences sur les corps. Tous les maux disparaissent dans un rapprochement charnel entre hommes et femmes. L'amour devra être la dernière consigne pour la nouvelle génération pressante. Puis De Luca nous plonge une dernière fois dans la problématique religieuse avec "En marge du campement". Il confie en quelques lignes, parmi les plus émouvantes de son œuvre, l'équilibre entre intimité et distance qu'il entretient avec le peuple juif et avec sa langue sacrée.

    Première page :

    "Ils le ramassèrent épuisé au bord du campement. Depuis plusieurs jours, ils désespéraient de le voir revenir. Ils s'apprêtaient à démonter les tentes, inutile de le chercher là où lui seul osait aller. Il comptait y arriver en deux jours. Il était entraîné, rapide, le meilleur à monter. Le pied humain est une machine qui veut pousser vers le haut. Chez lui, la vocation s'était spécialisée, elle était remontée de la plante du pied au reste du corps. Il était devenu un grimpeur, unique à son époque. Il lui était même arrivé d'escalader pieds nus.

    Il grimpait léger, son corps répondait tendu et franc à l'invitation des appuis, sa respiration restait comprimée dans ses poumons et détachait des syllabes de souffle en suivant le rythme d'un air dans sa tête. Le vent ébouriffait ses cheveux et libérait ses pensées. Le dernier pas de la montée lui faisait toucher l'extrémité où s'arrête la terre et où commence le ciel."

    Ce que j'en pense :

    Début intéressant, qui nous laisse espérer un texte de la même force que "Le poids du papillon" mais ensuite, la lecture en est difficile. Les deux petits textes de la fin sont de meilleure facture (mais très courts).

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