• Tout paradis n'est pas perdu

    "Tout paradis n'est pas perdu" de Jean Rouaud - Grasset

    Présentation :

    Ces cinquante-deux chroniques, parues dans L'Humanité entre avril et juin 2015, aujourd'hui réunies en recueil, ont permis à Jean Rouaud d'interroger tous les discours actuels sur la laïcité, les contresens que certains véhiculent et les propos pernicieux qui parfois les sous-tendent, en instrumentalisant à des fins électorales un concept déjà centenaire.

    Extrait 

    "Quand le ton a monté sur la question du voile et du menu de substitution, il m’a suffi de me retourner pour revoir dans mon enfance ce geste des femmes se couvrant la tête d’un fichu avant de sortir. Nous étions en Loire-Inférieure et la loi de 1905 était suffisamment accommodante pour accorder un jour férié aux fêtes religieuses et servir du poisson le vendredi dans les cantines, et pas seulement celles des écoles libres. Loi de séparation des Églises et de l’État, mais en réalité de l’Église catholique et de l’État, les autres faisant de la figuration, et l’Islam n’existant pas puisque les musulmans d’Algérie n’avaient pas le statut de citoyen. De même, il a fallu la tragédie de Charlie pour nous rappeler qu’on avait longtemps débattu avant d’autoriser la représentation des figures sacrées. Ce qui n’allait pas de soi tant le monothéisme se méfiait de l’idolâtrie en souvenir du veau d’or. Les conciliaires réunis à Nicée tranchèrent en faveur de la représentation. C’était en 843. Notre monde envahi d’images vient de là. Ce qui n’en fait pas un modèle universel."

    Ce que j'en pense :

    Ces chroniques d'environ deux pages chacune permettent de prendre un recul intéressant sur le débat actuel autour de la laïcité. On peut plus facilement faire la part des choses sur des sujets comme le port du voile, le menu unique dans les cantines ou la représentation de Dieu. L'auteur sait revenir sur l'histoire de la religion catholique dans les terres de l'ouest, ce qui nous permet de comparer avec l'Islam d'aujourd'hui. Il y a bien quelques phrases un peu trop longues avec tirets et parenthèses mais l'ensemble se lit facilement.

    Tout paradis n'est pas perduTout paradis n'est pas perduTout paradis n'est pas perdu

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Ma mère du Nord

    "Ma mère du Nord" de Jean Louis Fournier - Stock

    Présentation del'éditeur :

    « Petit, chaque fois que j’écrivais quelque chose ou faisais un dessin, j’avais besoin de le montrer à ma mère pour savoir si c’était bien.
    Qu’est-ce qu’elle penserait aujourd’hui de ce que je suis en train d’écrire sur elle ?
    Je suis inquiet. Elle doit en avoir assez qu’on parle de son mari alcoolique. Ne pas avoir envie qu’on parle d’elle, la discrète, la réservée, de ses maladies imaginaires, de sa tristesse.
    Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre que ce livre est une déclaration d’amour ? Que j’essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais dit que je l’aimais, sauf dans les compliments de la fête des Mères dictés par la maîtresse.
    Ce livre, je l’ai écrit pour la faire revivre.
    Parce qu’elle me manque. »

    Première page :

    "Dans mes livres, j'ai donné des nouvelles de ma famille. De mon père, il n'a jamais tué personne. De la mère de mes enfants, pour qui le poète est devenu paysan. De mes deux garçons, maintenant ils savent où on va papa. De ma femme, qui m'a laissé veuf inconsolable, et de ma fille, devenue la servante du Seigneur.

    Pas de nouvelles de ma mère. Elle est la seule que je n'ai pas encore eue dans mon collimateur.

    Pourquoi maintenant ? Parce que je suis vieux. C'est toujours chez leur mère que se réfugient les gangsters après leur dernier coup.

    Surtout, je voulais garder le meilleur pour la fin.

    Ma mère était réservée et discrète. Elle n'aimait pas parler d'elle ni qu'on parle d'elle. Elle n'a jamais eu un rôle-titre, pourquoi serait-elle devenue le titre d'un livre ?

    Dans sa famille, le rôle-titre, c'était sa mère; dans son ménage, c'était mon père; après la mort de mon père, ça a été un peu moi. J'étais l'aîné, pas le cadet de ses soucis, mais peut-être son préféré."

    Ce que j'en pense :

    Une très belle lettre d'amour à sa mère (aux mères), pleine de retenue, de pudeur et d'humour , dans un style direct, simple… efficace et émouvant. C'est sans doute le meilleur "récit familial" de l'auteur (avec "Où on va papa").

    Ma mère du NordMa mère du NordMa mère du Nord

    Ma mère du Nord

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Petit éloge de la lecture

    "Petit éloge de la lecture" de Pef - folio

    Présentation de l'éditeur :

    Peut-on voyager à dos de baleine? 
    Quel est le meilleur remède contre l’insomnie : la lecture parcours ou la lecture par cœur? Est-il possible qu’un rossignol de trois mètres de long offre un peu de lecture à notre oreille? Que retenir de notre passage dans une «biblioville»? Et que vient faire L’Homme au casque d’or de Rembrandt dans ce Petit éloge de la lecture

    Première page :

    "Je suis assis à mon bureau d'école. L'odeur de craie, celle du petit peuple des écoliers, aromatise mon devoir quotidien. Former un « o » sur papier grossier au bout de ma plume estafilée du sang violet puisé dans le réservoir de porcelaine. Relier la première lettre à une seconde, un «u». Cette union anodine, je la fixe un instant, juste avant que ne fleurisse dans ma tête un bruit d'explosion : « o » et «u» font «ou». Je me redresse. M'extasie. Pour la première fois ce qui m'est donné à lire bruit, fracasse, vacarme et je pousse à haute voix ce «ou» devenu « OUOUOUOUOUH ! », le hurlement du loup. La lecture est un je d'enfant.

    Il est là, le plaisir primal de la lecture, donner à voir l'invisible, entendre l'inaudible au-delà du tracé dérisoire de l'écriture. Ce n'est rien et tout à la fois, des bouts d'une ficelle venue faire lasso au cou d'une horde hurlante. Le blanc du papier est un tapis de neige, une neige profonde et mythique. Je n'ai encore jamais vu de ces loups que je retrouverai bien plus tard dans un texte de James Oliver Curwood, taillé à la serpette pour les besoins de la Bibliothèque verte."

    Ce que j'en pense :

    Il ne faut pas tout lire à la suite mais déguster chacune de ces chroniques. Même si on peut être déçu par certains chapitres il ne faut pas se décourager et laisser le livre sur un coin de table, l'oublier quelque temps, puis le reprendre quand ce sera le moment. Pef est vraiment un amoureux des mots et ses références de lectures sont nombreuses.

    Petit éloge de la lecturePetit éloge de la lecturePetit éloge de la lecture

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Bleu de travail

    "Bleu de travail" de Thomas Vinau - La fosse aux ours

    Présentation de l'éditeur :

    Chronique des manches retroussées du ciel et des matins qui passent. Textes de rien, de faim et de soif. Il y a chaque jour des gris à habiter et des couleurs à faire pousser. Il faut chaque jour plonger ses mains dans le cambouis, se coltiner au peu, au rien, aux petites beautées ratées. Ce sont des choses insignifiantes qui nous sauvent ou qui nous achèvent, qui nous écrasent ou nous tiennent debout. 
    Le bruit qu'on fait quand on trébuche sort de nos bouches, c'est comme ça qu'on apprend à marcher, avec des mots. Avec nos mains. Comme le manoeuvre ou l'ouvrier. Tous les soirs le jour tombe, tous les matins il se relève, enfile son bleu de travail, part au trimard. A chaque jour suffit sa peine mais la peine ne suffit pas au jour. Il faut prendre ce qu'il nous donne. Et, ce qu'il ne nous donne pas, le prendre tout de même.

    Extrait :

    "Comme tout le monde

    Je fais ce que je peux. Avec mes silences et le reste. Avec mes peurs de bête. Avec mes cris d'enfant qui ne débordent plus. Je fais ce que je peux. Dans ce petit bain de cruauté et de lumière. Dans les éclats de sucre et de mensonge. Dans la délicatesse. Dans la violence du temps qui piétine nos rêves. Dans nos petits pataugements précieux. Un matin après l'autre. Un oubli après l'autre. Un mot sur le suivant. Je fais comme tout le monde. Avec le ciel et sans les dieux."

    Ce que j'en pense :

    Thomas Vinau sait dire les choses insignifiantes qui font nos vies. Ces chroniques parlent du quotidien avec beaucoup de douceur et de poésie et parfois avec mélancolie.

    Bleu de travail

    Bleu de travailBleu de travail

     

     __________


    votre commentaire
  • Le phare, voyage immobile

    "Le phare, voyage immobile" de Paolo Rumiz - Hoëbeke

    traduit de l'italien par Béatrice Vierne

    Présentation del'éditeur :

    Paolo Rumiz n'en est pas à son premier voyage, lui qui a longé les sept mille kilomètres des frontières de l'Europe, de l'Arctique à la mer Noire, traversé les Balkans, franchi les montagnes à la recherche d'Hannibal, descendu le cours du Pô... Et pourtant il s'apprête en ce printemps 2014 à vivre le plus étonnant d'entre eux. Son premier voyage immobile. Isolé dans un phare perché sur un rocher au milieu de la Méditerranée, avec pour seuls compagnons les gardiens. Et soudain le sentiment d'être Libéré, sans agenda, sans horaires, sans aucune connexion avec le monde, enfin loin de tout mais curieusement peut-être aussi au centre de tout. Un nouvel univers où plus rien ne ressemble à rien, où même les étoiles ne semblent pas être à leur place. Se consacrant à l'exploration de son minuscule environnement, un kilomètre de long sur deux cents mètres de large, il nous raconte la nature, le cri des oiseaux, le silence des poissons, nous décrit le bâtiment où il loge, la lanterne du phare. Il nous parle tempêtes, orages, vents et nous fait partager le quotidien des gardiens, ceux d'aujourd'hui mais aussi ceux de jadis.

    C'est avec une indéniable volupté que ceux qui rêvent d'île déserte et de vie d'ermite se laisseront entraîner dans ce voyage immobile tout en délicatesse, empathie et érudition. Un récit prenant, inoubliable et aussi un fabuleux livre de mer.

    Première page :

    "C'était ce qu'on appelle une nuit pourrie. Je gravissais le sentier à pic au-dessus de la mer, luttant contre les rafales, et dans l'obscurité il fallait poser les pieds avec circonspection. L'orage arrivait de l'ouest, la foudre mitraillait un promontoire éloigne aux faux airs de tortue. J'avais débarqué in extremis: avec ce temps de chien, allez donc savoir quand l'endroit serait de nouveau accessible. J'étais seul, je ne connaîtrais pas la route du phare et l'île était déserte, A des milles à la ronde, le teste de l'archipel était englouti dans le noir et la bruine. Pas une lumière en vue, rien.

    Je ne me rappelle pas en quelle langue je criai - «Je suis là, je monte, quelqu'un pourrait-il venir à ma rencontre?» - mais seul le tonnerre des brisants me répondit. Des gardiens du phare, je ne vis pas l'ombre. Il se mit à pleuvoir …"

    Ce que j'en pense :

    L'auteur sait nous faire partager ce "voyage immobile", cette intimité avec les éléments. C'est une belle méditation sur notre monde moderne. Évidemment, on pense à "Ar men" de Jean Pierre Abraham mais ce "voyage immobile" de Paolo Rumiz a moins de force, sans doute parce que l'auteur n'y a passé que trois semaines. On pense également à Lampedusa qui est très proche de l'ile de Lampione où se situe le phare de ce livre.

    Le phare, voyage immobile

    Le phare, voyage immobileLe phare, voyage immobile

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Entre courir et voler il n'y a qu'un pas papa

    "Entre courir et voler il n'y a qu'un pas papa" de Jacques Gamblin - Le dilettante

    Présentation de l'éditeur :

    Jacques Gamblin n'est pas seulement comédien, Entre courir et voler il n'y a qu'un pas papa est son troisième roman. "J'ai tout arrêté et j'ai couru, couru sur le sable pour soigner mes égratignures. Je n'en voyais pas le bout mais j'étais bien. Oui j'étais bien à courir sur le sable, le mouillé, le sec, le mouvant. A toutes les marées, à toutes les saisons. Dans les labours aussi. Dans la boue, la merde et les éclaboussures. Sur l'herbe aussi, grasse, sur le gazon des golfs, sur les greens, comme ils disaient en France et en Angleterre. J'étais bon sur les greens, c'était doux. Et sur les dunes aussi. Ne pas peser, pas s'enliser, le pied léger. A toutes les heures, le jour, la nuit, sans ombre. Aveuglément je courais. Éperdument je courais. Infiniment, avec le chien, avec le loup, entre les deux je courais. À toute vitesse et longtemps. Entre les arbres, sur les chemins creux, sans essouffler. Dans les vallons je dévalais, short en coton, à toute allure pour trois marrons. Et dans la neige aussi, dans la poudreuse, la terre glacée, à toute vibure, dans la rocaille, sur les rochers, dans la pierraille. Échappée belle...

    Première page :

    "Avant-hier, je suis parti avec ma femme et la voiture. Le ciel était bleu. On avait décidé de faire le pont. J'étais en rtt. Ma femme était enceinte. C'était ma première RTT. Quand le temps est au beau dans ces coins-là, c'est vraiment très beau.

    À mi-route la voiture s'est déportée sur le côté. Il se passait quelque chose de bizarre dans le volant. On aurait dit un pneu qui se dégonfle, je ne sais pas. À part reconnaître ma droite de ma gauche, je n'y connais rien en mécanique mais j'ai quand même arrêté la voiture. Je suis descendu. J'ai ouvert le capot, quand on n'y connaît rien en mécanique on se dit toujours que ça va suffire. Il n'y avait rien, rien d'anormal je veux dire. J'ai regardé les pneus, tout allait bien."

    Ce que j'en pense :

    C'est décalé, un peu surréaliste, c'est sans doute à voir au théâtre, interprété par Gamblin lui-même. On suit le cheminement de l'auteur, au hasard de ses pensées, comme si l'on courait avec lui.

    Entre courir et voler il n'y a qu'un pas papa

    Entre courir et voler il n'y a qu'un pas papa

     

     

    __________


    votre commentaire
  • "La poésie sauvera le monde" de Jean Pierre Siméon - Le Passage

    Présentation del'éditeur :

    Depuis des temps immémoriaux, dans toutes les civilisations, dans toutes les cultures, orales ou écrites, il y eut des poètes au sein de la cité. Ils ont toujours fait entendre le diapason de la conscience humaine rendue à sa liberté insolvable, à son audace, à son exigence la plus haute. Quand on n'entend plus ce diapason, c'est bien la cacophonie qui règne, intellectuelle, spirituelle et morale : le symptôme d'un abandon, d'une lâcheté et bientôt d'une défaite. Pour Jean-Pierre Siméon, il est urgent de restituer à notre monde sans boussole la parole des poètes, rebelle à tous les ordres établis. Pas de malentendu : si la poésie n'est pas la panacée, si elle n'offre pas de solutions immédiates, elle n'en est pas moins indispensable, d'urgente nécessité même, parce que chaque poème est l'occasion, pour tous sans exception, de sortir du carcan des conformismes et consensus en tous genres, d'avoir accès à une langue insoumise qui libère les représentations du réel, bref de trouver les voies d'une insurrection de la conscience.

    Extrait :

    "Voilà précisément où je veux en venir : la poésie dont depuis toujours l'unique raison d'être est de donner à voir, puisque par le mythe, le symbole, l'allégorie, la métaphore, la suggestion, elle n'en veut qu'à ce qui déborde le visible immédiat, la poésie est l'irréductible adversaire de la clôture du regard qu'organisé la civilisation du divertissement. Là où le tape-à-l'œil généralisé génère, par saturation, un aveuglement généralisé, elle se fait résolument aveugle à l'effet persuasif et aux séductions du réel objectif pour atteindre du réel la substance sous l'apparence.

    Elle proclame en quelque sorte : bienheureux les aveugles qui voient ce que les bien-voyants, tout à leur contentement repu d'évidences, manquent. René Char le disait ainsi : « Si l'homme ne fermait pas parfois souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé. » C'est Homère aveugle qui voit et donne à voir au-delà de l'anecdote (cet éphémère effet du réel) « le sens mystérieux de l'existence », qui hanta à son tour tel de ses lointains successeurs."

    Ce que j'en pense :

    C'est un texte très intéressant, profond, parfois un peu complexe (certaines phrases méritent d'être relues). Mais ça fait du bien de lire ce genre de choses tellement évidentes autour de la poésie alors que le monde est envahi par le narratif, l'informatif et la tyrannie de l'image. Et si c'était vrai ? Si le poème pouvait libérer les consciences, s'il était le remède à la barbarie ? Si l'avenir était poétique ?

    La poésie sauvera le monde

    La poésie sauvera le mondeLa poésie sauvera le monde

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Voyage au coeur d'une France fasciste et catholique intégriste

    "Voyage au coeur d'une France fasciste et catholique intégriste"

    par Mathieu Maye et Rémy Langeux - Cherche midi

    Présentation de l'éditeur :

    Aujourd'hui, en France, il y a des écoles où des enseignants, ouvertement racistes, apprennent à nos têtes blondes que Pétain est un sauveur, que Dreyfus est coupable, que les SS sont de simples CRS et que l'Holocauste est une pure invention...

    À l'heure où l'Hexagone s'interroge sur son extrême droite, où les discours de plus en plus policés de ses dirigeants permettent de penser que « l'extrême droite, à tout prendre, ce n'est peut-être pas si mal », voici le récit d'une immersion implacable, palpitante, résultat de six mois d'infiltration par deux journalistes d'investigation. Ils ont vécu au cœur d'un groupe fasciste basé à Bordeaux – proche de l'Institut du Bon Pasteur où oeuvre l'abbé Laguérie, ancien curé de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris –, qui mélange foi chrétienne et entraînements paramilitaires. 

    L'extrême droite comme vous ne l'avez encore jamais lue. 

    Un document choc, effrayant.

    Extrait :

    "Au début de notre infiltration, nous souhaitions uniquement faire un travail sur l'extrême droite. Vivre au plus près de cette jeunesse néofasciste afin de l'entendre parler et de la voir agir, comme personne ne peut le faire. Puis, très rapidement, nous avons été amenés à étendre notre infiltration à la mouvance catholique intégriste issue du courant lefebvriste car, dans ce cas précis, le lien entre les deux univers est des plus directs et il va nous mener très loin, à la source de l'éducation radicale. Un constat s'impose, tant par l'analyse historique que par l'étude empirique que nous avons réalisée : extrême droite et catholiques traditionalistes se rejoignent fréquemment tant sur le fond que sur les méthodes de reconquête des esprits.

    Au sortir du concile Vatican II, en 1965, la frange intégriste dite «traditionaliste» est essorée; non seulement elle n'a pas réussi à arrêter la « révolution » dans l'Église mais, en plus, elle se retrouve rejetée sur les marges, ne pouvant compter que sur une poignée de prélats de haut rang pour la soutenir. Dispersés, affaiblis, ils vont peu à peu se reconstruire. Ils refondent des prieurés, des séminaires, des écoles, jusqu'à devenir aujourd'hui une Église à côté de l'Église officielle. Alors, ce qui anime désormais la mouvance catholique traditionaliste, ce n'est plus sa survie mais bien la reconquête de l'Église et de la société. De ce point de vue, elle se retrouve en tout point avec l'extrême droite radicale. C'est pourquoi l'approche de l'une nous a conduits directement dans les bras de l'autre."

    Ce que j'en pense :

    On doute parfois de l'authenticité de ce document tellement les paroles transcrites sont effrayantes. Mais on sait que de tels groupes existent et on les a vus à l'œuvre lors des manifs anti mariage pour tous ou lors de rassemblements contre Mme Taubira. Après la lecture de ce livre la question se pose : que pouvons nous faire pour lutter contre cet obscurantisme ?

    Voyage au coeur d'une France fasciste et catholique intégriste

    Voyage au coeur d'une France fasciste et catholique intégriste

     

     

    __________

     


    votre commentaire
  • Les mots qu'on ne me dit pas

    "Les mots qu'on ne me dit pas" de Véronique Poulain - Stock

    Présentation de l'éditeur :

    « “ Salut, bande d’enculés ! ”
    C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
    Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
    Je vais leur prouver que je dis vrai.
    “ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. »

    Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte. Son père, sourd-muet. Sa mère, sourde-muette. L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot. Le quotidien. Les sorties. Les vacances. Le sexe. D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie. D’une famille différente, un livre pas comme les autres.

    Extrait :

    "Je tire sur sa jupe pour qu’elle me regarde. Elle se retourne, me sourit et esquisse un mouvement de tête qui signifie : « Oui ? » Tête levée, je frappe ma poitrine avec ma main droite : « Moi. » Je mets les doigts dans ma bouche, je les retire puis les remets : « Manger. » Mon geste est un peu maladroit. Elle rit. Elle déplace sa main de haut en bas sur sa poitrine comme si elle attrapait son cœur pour le placer dans son ventre : « Faim. » C’est comme ça qu’on dit au pays des sourds. Oui, maman. J’ai faim. J’ai soif, aussi. Je cherche ma mère. C’est le temps de mes premiers pas. J’avance en vacillant jusqu’à la cuisine et je perds l’équilibre. Ma mère se retourne instantanément et me rattrape de justesse. Elle n’a rien entendu pourtant."

    Ce que j'en pense :

    Un récit émouvant, raconté simplement, avec pudeur. L'auteure assume les sentiments souvent contradictoires qu'elle a éprouvés vis-à-vis de ses parents. Ce livre peut faire penser à du Jean Louis Fournier, la méchanceté en moins.

    Les mots qu'on ne me dit pas

    Les mots qu'on ne me dit pasLes mots qu'on ne me dit pas

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Ça m'énerve

    "Ça m'énerve" de Marie-Ange Guillaume - Le Passage

    Présentation de l'éditeur :

    Par pur esprit de vengeance, ce livre traite des nuisances. Pas les nuisances graves, comme la guerre, la mort et les avions qui se cassent la gueule. Non, juste les irritations, les furoncles, les gâchis d’humeur, les casse-couilles en tout genre, les hotlines, la feuille de laitue décorative piégée dans la sauce, les paperasses et les télécommandes, le principe de précaution, le garçon de café qui met trois plombes à noter votre présence, la housse de couette récalcitrante, la langue de bois, les chasseurs d’éléphants, la vieille dame à qui vous cédez votre place dans le bus et qui vous pompe l’air tout le reste du trajet. Bref, tout ce qui arrive à vous zigouiller une journée qui commençait si bien.

    Extrait :

    "J'entre dans un compartiment de métro assez plein, je me dirige (calmement) vers la seule place assise restante et, donc, je m'assieds. S'asseoir consiste à plier les genoux et poser ses fesses sur un siège. Là, je pose mes fesses sur quelque chose de mou -ou plutôt quelqu'un de mou, et plus précisément une bonne femme qui a réussi à se glisser , en passant par derrière, entre le siège et mes fesses. Je bondis - ça fait drôle- et tout le monde se marre, sauf la dame, qui reste vissée à SON siège, le visage parfaitement impassible. On sent qu'elle n'en décollera sous aucun prétexte, même si tout le compartiment se fout de sa gueule jusqu'au terminus. Et on suppute qu'elle s'est longuement entraînée pour atteindre cette virtuosité."

    Ce que j'en pense :

    Toujours cet humour percutant et malicieux chez Marie Ange Guillaume. Évidemment tout ne fait pas rire à gorge déployée mais c'est un livre plaisant et, finalement, très utile pour prendre avec recul toutes les petites péripéties de notre quotidien.

    Ça m'énerve

    Ça m'énerve

    Ça m'énerve

     

     

    __________


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique