• Chômage monstre

    "Chômage monstre" de Antoine Mouton - éditions la contre allée

    Présentation de l'éditeur :

    Pendant que les corps travaillent, les esprits et les idées chôment. Chômage monstre questionne la difficulté de quitter un travail, de s’ arracher à ce qui nous retient. Puis de celle, ensuite, d’ habiter un corps qu’ on a longtemps prêté à un emploi. Que retrouve-t-on dans un corps et une langue qu’ on a trop longtemps désertés ?
    Dans une forme nécessairement libre, Antoine Mouton pointe la place normative que prend le travail dans nos vies.

    Première page :

    "Poème à laisser sur la note au moment de régler l'addition

    Monsieur» respectable monsieur.

    qui sévissez de table en table

    portant vos bouts de papier plaintifs

    où les comptes sont faits, où les sommes sont dues

    - tout est noté rien n'est omis ce n est pas donné -

    monsieur, vous faites bien votre métier

    Et si j'osais je vous dirais :

    vous ne faites que cela.

    Monsieur que nous nommons garçon, serveur, s'il vous plait ou Joseph

    - Joseph si nous avons sympathisé,

    ce qui est fort probable

    car je vous trouve très aimable

    et vous ai fait quelques blagues qui,

     allégeant votre démarche raide,

    ont dû vous donner une opinion favorable du client que je suis, hélas -

    oui, Joseph. je vous trouve vraiment sympathique…"

    Ce que j'en pense :

    Beaucoup de jeu sur le langage, à la manière d'un "Devos social", de l'humour, de la révolte et aussi de la poésie. Ce livre mérite d'être "balancé" à voix haute. Evidemment il y a des passages beaucoup moins forts (et accessibles) que d'autres mais c'est dans l'ensemble un livre original qui mérite le détour.

    Chômage monstre

    Chômage monstreChômage monstre

     

     

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  • Depuis qu'elle est morte elle va beaucoup mieux

    "Depuis qu'elle est morte elle va beaucoup mieux" de Franz Bartelt - éditions du sonneur

    Présentation de l'éditeur :

    C’est long de mourir. C’est long de voir mourir. Surtout celle qui vous a donné le jour et l’amour du livre, des histoires qui racontent la vie. À 92 ans, le temps a perdu le Nord. La boussole est déréglée, on dit que c’est le grand âge, celui où l’on se souvient de choses dans le désordre, celui où on se souvient de rien parfois, celui où on réinvente souvent. Franz Bartelt, comme toujours entre dérision et tendresse, doutes et drôleries, écrit ce temps qui s’effiloche, cette mère qui fait semblant de continuer de lire encore, cette mère qui s’accroche et finit par s’en aller.
    Savoir que l’on va mourir, savoir accompagner ceux qui vont mourir, savoir mourir en somme, avec humour et élégance, avec obstination et détermination : voilà ce que la vie signifie pour Franz Bartelt.

    Première page :

    "De toute façon, ce matin rien n'est plus neuf que ce qui n'était déjà pas très neuf hier matin. On continue à n'être pas mort, ce qui, sans être une sinécure, n'apparaît pas comme une nouvelle désastreuse. En ce moment, je cours les hôpitaux, les hospices. J'entends crier les vieillards qui agonisent. Certains appellent la mort comme une délivrance. D'autres la supplient de les laisser durer encore un peu. Je vois des corps trop maigres, trop gras, trop anguleux, trop arrondis, qui pissent dans la ouate, chient de même, mouillent de bave leur vieux pyjama à rayures, font puer leurs pantoufles, se cassent contre le coin du lit, suspendus à des tuyaux, respirant mal, geignant, blafards, effrayés comme des condamnés, punis d'on ne sait quel égarement, l'horreur banale de l'existence, en fin de compte."

    Ce que j'en pense :

    Le sujet est bien différent des autres livres de l'auteur, c'est beaucoup plus intime. mais on retrouve l'humour, la tendresse retenue, l'autodérision, le cynisme parfois. C'est un très bon Bartelt pour rire et pour pleurer, comme dans la vraie vie.

    Depuis qu'elle est morte elle va beaucoup mieux

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  • Au revoir Monsieur Friant

    "Au revoir Monsieur Friant" de Philippe Claudel - Stock

    Présentation de l'éditeur :

    Pont de Fer, pont des Voleurs, pont de Neufcourt, pont de Rosières... 
    Être au-dessus de l'eau tout en conservant les pieds secs. Le beau privilège. Passe l'eau, et repasse, et nous autres comme couchés sur elle dans son lit de bronze miroitant parsemé de chevelures d'algues. 
    Est-ce la vie alors que contemplent en dessous de leur bras noués les amoureux innombrables qu'attirent les ponts sur les rivières ?

    Première page :

    "J'ai passé une partie de mon enfance au bord du Grand Canal. Pas celui de Venise mais celui de Dombasle. On ne le trouve sur aucune peinture. Il n'a rien de pittoresque ni de somptueux. C'est un canal ordinaire, comme il y en a tant, bordé çà et là par de grands arbres dont les racines fouillent les berges et les crèvent parfois. C'est un chemin liquide qui sort de la petite ville pour aller dans la campagne, sous des nuages blancs, et finit par se perdre dans le ciel sans drame ni grand éclat.
    Ma grand-mère vivait dans une petite maison au bord de cette eau faussement dormeuse. Elle était éclusière. Ce métier d'homme lui allait comme un gant. Le canal alors était parcouru par de lourdes péniches…"

    Ce que j'en pense :

    Philippe Claudel, dans son style habituel, rend un très bel hommage à sa grand-mère et fait par la même occasion un éloge de la peinture d'Émile Friant (on aurait aimé avoir quelques reproductions de ses œuvres dans ce court récit).. C'est un livre délicat, intelligent, avec un doux parfum d'enfance, à déguster.

    Au revoir Monsieur Friant

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  • Lire aux cabinets

    "Lire aux cabinets" de Henry Miller - Allia

    Présentation de l'éditeur :

    A tous ceux qui se plaignent de ne pas avoir le temps de lire, Henry Miller fait quelques suggestions pleines de bon sens : lisez dans les transports en commun ou, mieux encore, aux cabinets ! N'est-ce pas là un endroit calme où personne en vous dérangera ? Après tout, puisque nous sommes obligés d'y aller, pourquoi ne pas profiter au mieux du temps que nous y passons ? Pourtant, à bien y réfléchir, ce n'est peut-être pas une si bonne idée... Miller s'invite dans notre intimité et se livre à quelques réflexions désopilantes en mêlant souvenirs et anecdotes sur les cabinets... de lecture.

    Première page :

    "Il existe un aspect de la lecture qui vaut, je crois, qu’on s’y étende un peu, car il s’agit d’une habitude très répandue et dont, à ma connaissance, on a dit bien peu de choses… je veux parler du fait de lire aux cabinets. Quand j’étais jeune garçon, et que je cherchais un endroit où dévorer en paix les classiques interdits, je me réfugiais parfois aux cabinets. Depuis ce temps de ma jeunesse, je n’ai plus jamais lu aux cabinets. Quand je cherche la paix et la tranquillité pour lire, je m’en vais dans les bois. Je ne connais pas de meilleur endroit pour lire un bon livre que dans les profondeurs d’une forêt. De préférence auprès d’un torrent.

    J’entends déjà les objections. “Mais nous n’avons pas tous votre chance ! Nous avons des emplois, nous nous y rendons et nous en revenons dans des tramways, des bus, des métros bondés; nous n’avons presque jamais une minute à nous.”

    J’ai eu moi aussi un “emploi” jusqu’à ma trente-troisième année. C’est à cette époque-là de ma vie que j’ai lu le plus…."

    Ce que j'en pense :

    Il y a un peu de tout dans ce texte : de l'ironie, du sarcasme, de la réflexion, des souvenirs, des digressions. Tout cela en fait un (petit) livre un peu décousu mais pas incohérent. Évidemment on abordera ce livre différemment si on lit soi-même dans les cabinets et si on le prend trop au sérieux.

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  • La peau et les os

    "La peau et les os" de Georges Hyvernaud - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    En juin 1940, des centaines de milliers de vaincus s'acheminent vers les stalags sous les coups et les cris du vainqueur. Georges Hyvernaud, instituteur charentais, marche dans ce troupeau en guenilles, hébété de faim, de fatigue et de honte. Au bout du voyage, cinq ans de nuit et de boue. Dix-huit cents jours d'humiliation, de promiscuité répugnante, de pestilence et d'abjection. Le prisonnier de guerre est cet homme nu, privé d'identité, d'espoir et de rêves. La peau et les os est un témoignage implacable sur le cauchemar, le vide, la mort. Ce livre terrible, chef-d'œuvre longtemps oublié, est aussi un acte magnifique d'exorcisme et de libération.

    Première page :

    "Picolo te reconnaît bien, tu sais, m'a dit Tante Julia. Picolo, c'est le chien. Baveux, chassieux, ignoble, il tremblote sur un coussin. C'est un amour, dit la Tante qui se déplace autour de la table dans son épaisse odeur de vaseline. L'Oncle me demande si j'ai maigri. On ne manque jamais de me demander si j'ai maigri, c'est réglé. Je réponds : Oui, j'ai perdu quinze kilos. Tant que ça, fait l'Oncle. Ce n'est pas comme le fils du boucher, il ne s'est jamais si bien porté que là-bas ; mais Bour-dier, tu te rappelles le gros Bourdier, celui qui est aux Assurances sociales, lui alors c'est incroyable ce qu'il a décollé, il fait pitié.

    Ils me regardent tous comme pour chercher où je peux bien cacher ces quinze kilos qui me manquent. Il y a Merlandon. Il y a Ginette et son fiancé, le Vétéri­naire. Et Pierre. Pierre explique au Vétérinaire qu'il prend des petites pilules roses pour son foie. Deux chaque matin. Il ne sait pas ce qu'ils y mettent, dans ces pilules, mais elles lui font du bien, on ne peut pas dire.

    Merlandon me verse du bourgogne. « Tu n'en buvais pas comme celui-là au camp. » Il rigole, je rigole, elle est bien bonne. « J'en réservais une bouteille pour ton retour…»"

    Ce que j'en pense :

    Un regard amer, lucide, sans complaisance mais d'une très grande justesse, tant sur le fond que sur la forme. Ce sont des "souvenirs qui manquent de noblesse" mais dans ces pages Hyvernaud nous montre comment on peut perdre ses rêves et son humanité. Pour moi ce livre a été un véritable coup au cœur. Je le considère comme un chef d'œuvre.

    La peau et les os

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  • 76 clochards célestes ou presque

    "76 clochards célestes ou presque" de Thomas Vinau - Le castor Astral

    Présentation de l'éditeur :

    Une galerie de portraits d’artistes décalés, à la vie et au destin hors du commun. Ces textes d’hommage mêlent poésie du quotidien, souffle lyrique et humour. Un livre qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artistes au destin souvent tragique.

    « Le clochard céleste ne dort pas sous la cloche du ciel, il dort dans le ciel directement. Il dort, ange, boit, chie du ciel mais il sent toujours la bête, ce mélange d’étoiles et de boue. Ces textes constituent une galerie de sales types, de déglingués et d’allumés, de borderline et de bords de routes. (…) Ils étaient peut-être malades, mais ce  sont eux qui nous ont soigné de beauté, la vraie, la pure, celle qui ne renonce à aucune réalité. »

    Extrait (Eden Ahbez) :

    "Eden Ahbez ne portait pas ce nom lorsqu'il est né mais le garda à sa mort. Eden Ahbez était un musicien pour qui le vent et la pluie sont des collègues de travail. Exlen Ahbez marchait beaucoup. En sandales. Eden Ahbez était écologiste et végétarien avant que ces deux mots n'existent. Il a longtemps campé sous une des lettres « L » de Hollywood. Eden Ahbez a écrit quelques tubes pour Nat King Cole, repris par Sarah Vaughan, Franck Sinatra ou Miles Davis. Eden Ahbez, lorsqu'il devint célèbre et fit la couverture du magazine Life, ne changea pas grand-chose à son mode de vie. Il dormait toujours à la belle étoile. Il portait toujours la barbe et les cheveux longs avec une robe en lin blanc. Il mangeait toujours ce qu'il cueillait ou cultivait. Il composait toujours de la musique. En 1960, son album Eden hland, qui mélangeait poésie beat, exotica et sons naturels, eut un certain succès. Brian Wilson et Donovan lui mangeaient télépathiquement dans la paume. Il est mort en 1995 en insultant la voiture qui l'écrasa."

    Ce que j'en pense :

    Thomas Vinau, de façon originale et poétique, dresse de très courts portraits de ces "clochards", de ces personnes qui nous apprennent à voir le monde d'une autre manière. Il nous donne envie de marcher dans leur trace, de les découvrir ou redécouvrir.

    76 clochards célestes ou presque

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  • Pourquoi lire

    "Pourquoi lire" de Charles Dantzig - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    La lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. […] Lire ne sert à rien. C'est pour cela que c'est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien. C. D. Des conseils, des douceurs, des rosseries, et une conception de la lecture comme « sœur de la littérature », toutes deux marchant ensemble dans un combat contre le temps. Une philosophie de la lecture qui fait s'exclamer, s'enthousiasmer, applaudir, et qui ne donne qu'une envie : (la) relire.

    Première page :

    "Apprendre à lire
    Pourquoi je lis ? Je lis comme je marche, sans cloute. D'ailleurs, je lis en marchant. Si je vous racontais le nombre de rencontres que j'ai faites grâce à ça ! Plus d'un horodateur de Paris a été ému de m'entendre lui dire «pardon monsieur !» après que je m'étais cogné à lui en lisant un livre ou un autre. Au reste, ce n'est pas parce qu'on fait une chose aussi spontanément que marcher ou lire qu'il est inutile d'y réfléchir. La spontanéité ne légitime pas tout. Il y a des meurtres spontanés.
    «Spontanément.» Dans un premier temps, j'avais écrit «naturellement». Or, la lecture n'est pas plus naturelle que la marche. C'est même un des actes les plus acquis qui soient. Difficile, parfois. Tout le monde n'apprend pas à lire avec facilité. Il serait intéressant d'enquêter là-dessus. Les grands lecteurs seraient-ils des gens qui ont appris à lire facilement ? Pour ma part, cela a été facile, et presque immédiat. On m'a fait répéter un B, A, BA pendant quelques jours et, soudain, tout s'est libéré. J'ai lu. Cela vient peut-être de ce que c'était tardif ; au cours préparatoire ; j'avais 5 ans. Je vivais dans l'indignation depuis un an."

    Ce que j'en pense :

    Ce livre ne correspond pas à ce que j'attendais : une description de tous les bonheurs liés à la lecture. Le plaisir de lecture est absent de ce livre (sauf à de trop rares exceptions). Il y a beaucoup de complaisance, d'exagération. On a souvent l'impression que l'auteur étale son érudition pour nous en mettre plein la vue. Donc, pas envie de lire autre chose de cet auteur.

    Pourquoi lire

     

     

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  • Matière à rire

    "Matière à rire, l'intégrale" de Raymond Devos - Plon

    Présentation de l'éditeur :

    L'intégralité des sketches de Raymond Devos, maître inoubliable du rire et du " flagrant délire ", en un seul volume. Cent soixante-cinq chefs-d'œuvre d'absurde, de poésie et de rire. Une explosion de joie et de souvenirs servie par un incomparable joueur de mots !

    Extrait :

    " Vous savez que j'ai un esprit scientifique. Or récemment, j'ai fait une découverte bouleversante ! En observant la matière de plus près... j'ai vu des atomes... qui jouaient entre eux... et qui se tordaient de rire ! Ils s'esclaffaient ! Vous vous rendez compte des conséquences incalculables que cela peut avoir ? Je n'ose pas trop en parler, parce que j'entends d'ici les savants : "Monsieur, le rire est le propre de l'homme !" Eh oui !... Et pourtant ! Moi, j'ai vu, de mes yeux vu, des atomes qui : "Ha, ha, ha !" Maintenant, de qui riaient-ils ? Peut-être de moi ? Mais je n'en suis pas sûr ! Il serait intéressant de le savoir. Parce que si l'on savait ce qui amuse les atomes, on leur fournirait matière à rire... Si bien qu'on ne les ferait plus éclater que de rire. Alors, me direz-vous, que deviendrait la fission nucléaire ? Une explosion de joie ! " 

    Ce que j'en pense :

    Evidemment, ces textes sont faits pour être entendus, lus à voix haute et les sketches ne vieillissent pas tous aussi bien mais bons nombres valent leur pesant de rire (et sans doute pour quelques décennies encore) 

    Matière à rire

    Matière à rire

     

     

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  • Le bord intime des rivières

    "Le bord intime des rivières" de Richard Bohringer - folio

    Présentation de l'éditeur :

    «Le temps a passé, Paulo, et me voilà avec cette putain d'envie de t'écrire un peu de ce gros requin chagrin amoureux fou d'un dauphin.
    L'écriture est ma seule vérité. Courir après la grâce pour écrire la première phrase. Trouver le son qui fera rebondir. Chercher le mot qui me rendra ma jeunesse.
    Je ne suis pas un gars de la syntaxe. Je suis de la syncope, du bouleversement ultime.
    J'écris pour être avec les autres. Ceux que j'ai connus. Ceux que je vais connaître. Ceux que je ne connaîtrai jamais.
    J'écris pour être meilleur humain. Pour éviter la disgrâce.»

    Première page :

    "Je me serais assis au bord de l'eau. J'aurais préparé ma canne à pêche en prenant mon temps. J'aurais balancé mon plomb dans l'eau avec un petit geste mille fois répété par mille pêcheurs sur le bord intime de mille rivières. J'aurais regardé le bouchon s'installer et puis j'aurais écrit mille pages au hasard du vent.

    Je veux écrire de la musique avec les mots. Je veux être guitare héros.

    Le temps a passé Paulo. Envie de t'écrire un peu de ce gros requin chagrin, amoureux fou d'un dauphin. Un matin ils partirent très loin. Et me voilà, peut-être, avec une histoire qui finit bien.

    Alors, vraiment, à qui écrire, si ce n'est à toi Paulo. Tu le sais, toi, que je suis un putain d'emmerdeur avec ma philosophie de bazar.

    Tous ces Paulo qui sont plus là. La came…."

    Ce que j'en pense :

     C'est un journal intime "à la Bohringer". C'est une écriture très orale avec de courtes phrases. C'est souvent haché, parfois confus et lassant. Mais on retrouve de vraies envolées poétiques dans certaines pages, en particulier lorsqu'il parle d'Afrique, de désert … et cela sauve le livre.

    Le bord intime des rivières

    Le bord intime des rivières

     

     

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  • Frères numains

    "Frères numains" de Florence Pazzottu -al dante

    Présentation de l'éditeur :

     Cette harangue poétique, écrite d'un souffle le 8 mars 2016, préfigure les mouvements de colère pré-insurrectionnels (manifestations des jeunes, «Nuit debout» – La nuit n'a pas de bout, nous sommes l'aurore, lit-on sur une pancarte brandie lors d'une manifestation –, convergence des luttes ici et ailleurs…) nés de l'après 31 mars. 

    Une longue postface de Bernard Noël prend élan de ce texte pour continuer et développer les raisons de la colère, et porter son soutien à toutes les formes de paroles libérées et de révoltes qui s'insurgent contre cette civilisation mortifère et répressive.

    Extrait :

    "...ça vomit les freins de l’orthographe et de la protection des faibles, de l’exception du traitement des enfants, des droits durement acquis des ouvriers, du droit des étrangers à demander l’asile, ça dit bientôt dépassée la convention de Genève, inapplicable la Déclaration des droits de l’homme, ça suggère que la raison doit se libérer des Lumières, car c’est ça le progrès ça dit, ça nomme résistance et combat pour la liberté le rétrécissement du numain dans sa grotte, le clivage et la mise en abîme du numain indéfiniment réfléchis par les écrans dictant dans la caverne…"

    Ce que j'en pense :

    C'est un discours, un appel (ou plutôt une interpellation), ça vient vers nous, ça nous prend, ça nous emporte, ça nous agite… voilà en une vingtaine de pages un texte assez efficace. J'ai quand même un peu de mal à le classer en "poésie".

    Frères numains

    Frères numains

     

     

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