• Amours solitaires

    "Amours solitaires" de Morgane Ortin - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Autrefois, les amoureux échangeaient des lettres.

    Aujourd'hui, ils s'envoient des textos.

    La poésie n'a pas disparue entre temps.

    Depuis qu'elle a créé le compte Instagram Amours Solitaires, Morgane Ortin a recueilli des milliers de conversations intimes d'amoureux anonymes. Des mots doux, des mots crus, exaltés, érotiques, simples, drôles, sensuels, habiles, piquants.

    Elle en a sélectionné 278 pour composer l'histoire d'amour que vous vous apprêtez à lire. Une histoire que l'on pourrait introduire comme suit : des amours, il en a connu avant. Elle en a vu passer aussi. Ce livre raconte le leur. Celui qui tombe comme un couperet, ici et maintenant.

    Premiers échanges :

    14 janvier

    00h45

    Tu veux mon numéros ?

    Que tu le veuilles ou non, le voici.

    A composer pour toute urgence/

    FAQ sur ma vie/ bain à toute

    heure. Merci pour le diner,

    et pour le reste. J’ai bien aimé.

    A bientôt j’espère.

     

    02h22

    Je ne suis pas dans un état

    normal et je ne veux pas dire

    des choses anormales mais

    je te souhaite la meilleure nuit

    depuis que la nuit est nuit

    et que le monde est monde.

    Ce que j'en pense :

    Très belle démarche de l’autrice, qui montre que l’écrit (l’écrit amoureux, romantique…) n’est pas mort, malgré ce qu’on appelle « les réseaux sociaux ». Cela renouvelle le genre épistolaire. Et finalement on y croit à cette histoire d’amour, même si certains passages paraissent vraiment trop naïf, voire même un peu « Harlequin ».

    Amours solitaires

    Amours solitairesAmours solitaires

     

     

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  • Désordre

    "Désordre" de Leslie Kaplan -POL

    Présentation de l'éditeur :

    Ce petit livre est issu d’un mouvement de colère et d’indignation. Et d’un constat : le monde marche sur la tête. Il y a un mensonge sur l’origine de la violence. La violence vient d’abord d’en haut, pas d’en bas. De ceux qui possèdent le pouvoir, l’argent, l’éducation, etc., et qui se comportent comme des privilégiés. Elle ne vient pas des opprimés, des exploités, qui cherchent à défendre ou à élargir de maigres acquis en usant de moyens parfaitement légaux et inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, comme le droit de manifester. C’est drôle, inquiétant et cruel. C’est une farce sanglante qui rappelle certains textes de Voltaire ou de Dostoïevski.

    Première page :

    "Il y eut ce printemps-là une série de crimes particuliers, rapidement nommés dans la presse « crimes du XIXe siècle ». Ceux qui les commettaient étaient des exploités de toutes sortes, employés, salariés, ouvriers agricoles, domestiques variés, misérables divers, et ceux qui étaient assassinés étaient des patrons, des patronnes, des gens pour qui « il n’y avait qu’à », qu’à faire quoi ?"

    Ce que j'en pense :

    Tout petit livre (une cinquantaine de pages) mais dans tous les sens du terme. Le bandeau "ça suffit la connerie" est sans doute ce qu'il y a de meilleur. L'éditeur en met des tartines pour présenter ce livre, mais de là à le comparer à des textes de Voltaire ou Dostoïevski, il ne faut pas exagérer. La lecture peut parfois faire sourire ou rire jaune en pensant à l'actualité mais Leslie Kaplan nous avait habitué à bien mieux.

    Désordre

     

     

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  • Une femme en contre-jour

    "Une femme en contre-jour" de Gaëlle Josse - Notabilia

    Présentation de l'éditeur :

    « Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants.

    Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos.

    Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille.

    Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago.

    Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste.

    Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique.

    L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts.

    Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d’écrivain. »

    G.J.

    Dix ans après la mort de Vivian Maier, Gaëlle Josse nous livre le roman d’une vie, un portrait d’une rare empathie, d’une rare acuité sur ce destin troublant, hors norme, dont la gloire est désormais aussi éclatante que sa vie fut obscure.

    Première page :

    Chicago, Rogers Park, décembre  2008 Sous le ciel blanc de ces derniers jours de décembre, les goélands argentés et les canards cisaillent l’air en piaillant au-dessus du lac Michigan gelé. Une femme âgée, très âgée, les suit du regard. Elle est sortie malgré le froid, malgré la neige qui enserre la ville dans son emprise depuis de longues semaines. Elle est venue s’asseoir, comme chaque jour, sur ce banc, son banc, face au lac. Pas trop longtemps, impossible de rester immobile par un tel froid. Ses pensées sont emmêlées, agitées comme le vol des oiseaux au-dessus du lac gelé qui cherchent des eaux encore libres de glace. Ce lac, comme une mer. On ne voit pas l’autre rive. Et si c’était la mer? Peut-être le souvenir de quelques bateaux lui revient-il fugitivement en mémoire. Mais comment savoir, car tout vacille. La scène ressemble à une photo qu’elle aurait pu prendre. Composition parfaite. Le banc, avec ces deux arbres nus, de chaque côté, au garde-à-vous, figés dans l’engourdissement de l’hiver.

    Ce que j'en pense :

    C’est sans doute lié à la personnalité de Vivian Maier, secrète, ambiguë, presque invisible mais le livre de Gaëlle Josse ne m’a pas vraiment touché comme ses autres livres. Le début, en particulier parait confus, on peut se perdre dans ces histoires de famille. On sait qu’on n’en saura pas plus sur cette femme et cela est un peu frustrant. Voilà un nouveau genre de livre : une biographie sur une presque inconnue qui a laissé un nombre incalculable de photos. Je conseille, après lecture de ce livre, d’aller voir les photos et de lire la courte pièce de Guillaume Poix « Tout entière » (éditions théâtrales).

    Une femme en contre-jour

    Une femme en contre-jour

     

     

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  • Histoire de ta bêtise

    "Histoire de ta bêtise" de François Begaudeau - Pauvert

    Présentation de l'éditeur :

    Tu es un bourgeois.
    Mais le propre du bourgeois, c’est de ne jamais se reconnaître comme tel.
    Petit test  :
    Tu votes toujours au second tour des élections quand l’extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage.
    Par conséquent, l’abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible.
    Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel.
    Tu es bien convaincu qu’au fond les extrêmes se touchent.
    L’élection de Donald Trump et le Brexit t’ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d’assez loin ce qui se passe aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
    Naturellement tu dénonces les conflits d’intérêts, mais tu penses qu’en voir partout relève du complotisme.
    Tu utilises parfois (souvent  ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi.
    Tu leur préfères définitivement le mot ouverture.
    Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi.
    Prends le risque de l’ouvrir.

    Première page :

    "Souvent pendant la campagne je t’ai trouvé bête. Je t’écoutais, et je pensais : comme c’est bête. Le penser n’était pas très correct de ma part. Pas très courtois et passablement hautain. Mais peut-on jamais réfréner une pensée ? Dépréciative ou non, une pensée me traverse comme un courant d’air. D’elle je suis aussi innocent que toi de tes mots, qui par ta bouche ne font que passer. Tu n’en es pas l’auteur. Tu es parlé, tu es pensé. À travers toi parle et pense une condition, une position sociale, une situation, dont il faudrait raconter l’histoire.

    Il faudra travailler à une généalogie de ta bêtise.

    Ce travail t’exonérera. Si tu es parlé par ta condition, par ta position, tu n’y es pour rien. Je ne viens pas te juger mais te nommer. Te prendre dans mes phrases et peut-être, à la fin, dans mes bras.

    Les bavardages passés par toi au cours du printemps 2017, j’aurais pu faire en sorte qu’ils ne me parviennent pas. "

    Ce que j'en pense :

    Voilà un livre qui a du faire du bien à l’auteur. Ça balance pas mal sur le bourgeois (le minuscule, le petit, le moyen et le grand !). L’auteur ne s’épargne pas et il n’épargne pas non plus son lecteur. Cela peut également faire du bien au lecteur s’il partage (un peu, beaucoup) les idées de l’auteur. Sinon, ce livre va provoquer quelques réactions épidermiques et « révéler » de vrais bourgeois qui se sentiront pris au piège.

    Histoire de ta bêtise

    Histoire de ta bêtise

     

     

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  • Les yeux ouverts Propos sur le temps présent

    "Les yeux ouverts Propos sur le temps présent" de Jean Pierre Siméon - Le Passeur

    Présentation de l'éditeur :

    Il y a certes bien des façons d'agir quand, citoyen alerté, on juge mauvais le cours des choses et en péril les valeurs essentielles d'humanité : manifester dans la rue, militer dans des associations ou des partis politiques, lancer des pétitions... Je ne suis jamais dérobé pour ma part à ce genre de nécessités. Mais je suis poète et contrairement à de vieux préjugés à la peau dure qui veulent que la poésie soit hors du monde, je considère que le poète qui tient parole a son mot à dire sur la marche du monde, ni plus ni moins que les sociologues, psychologues, politologues et autres machinologues en tout genre... La parole du poète n'est sûrement pas meilleure ni plus avisée que les leurs mais, nourrie de l'effort de conscience et de l'exigence d'une langue libre et indocile qui sont ses caractères fonciers, elle est peut-être autre. Parole intempestive, intransigeante autant que fraternelle, elle peut, révolte d'âme, rappeler, au-delà des débats de circonstance, qu'en toutes choses doit prévaloir sans compromis le vœu d'une humanité ouverte et affranchie de ses peurs. 

    Extrait :

    "Éloge du bistrot

    Je le dis tout net, je ne crains ni les sarcasmes ni les froncements de sourcils, je suis un amateur, un collectionneur, un spécialiste, un entiché du bistrot. Oui-da, vous m'avez bien lu, du bistrot, du bistrot dans tous ses états, troquet minable ou café rupin, caboulot louche ou bar à snobs, sombre taverne ou pub branché, boui-boui de quartier ou brasserie chic, tout m'est égal plaisir, tout m'est confort.

    Qu'on ne se méprenne pas pourtant, je suis plus sobre qu'un grain de sable du Sahel : au bistrot, je ne vais pas pour boire. C'est autre chose. Je tiens le bistrot pour une des plus heureuses inventions de l'homme et j'en veux faire ici l'éloge convaincu, ému, reconnaissant.

    D'ailleurs, j'écris ces lignes sur une table du Richelieu entre deux portes ouvertes sur une charmante nuit d'octobre, face à un peuple de chaises vides dont je devine les confidences goguenardes. C'est qu'elles savent ces chaises-là ce que pèse un homme. Oh, je ne parle pas du poids des corps dont le souci n'intéresse que notre vanité, je parle de ce poids de joies, de colères, d'inquiétudes, d'espoir, de détresse et d'ennui…"

    Ce que j'en pense :

    Une succession de chroniques (qui malheureusement ne sont pas datées) avec la verve, l’humour, l’intelligence, la malice et le talent que l’on connaît à Jean Pierre Siméon. Tous les textes ne se valent pas, bien sûr, mais c’est un livre qui fait du bien. On y apprécie la grande culture de l’auteur, son humanité et son amour de la poésie.

    Les yeux ouverts Propos sur le temps présent

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  • Une croix sur l'enfance

    "Une croix sur l'enfance en Vendée"  de Jean Pierre Sautreau - Geste

    Présentation de l'éditeur :

    Je viens d’avoir 11 ans cet avril 1960, et j’apprends que je vais partir au Séminaire de Chavagnes-En-Paillers rejoindre des dizaines d’autres enfants. Comme eux, on m’a découvert la vocation sacerdotale. J’ai soi-disant reçu un mystérieux appel à être prêtre. En réalité, cette élection ne résulte ni d’un événement extraordinaire, ni d’un choix personnel, mais de la conjuration d’adultes : enseignant, abbés de la paroisse, recruteur spécial autour du bon élève d’une famille catholique modèle plus ou moins subjuguée.

    Je deviens ainsi l’agneau sacrifié d’une Église en mal de troupes pour assurer son développement. Mon enfance va m’être arrachée, ma singularité piétinée. Je vais connaître l’humiliation et la souillure, la solitude et la mélancolie avant d’être chassé six ans plus tard du troupeau et revenir vers des parents déçus et incompréhensifs. Bousculé dans ma construction d’être, privé notamment d’adolescence, je resterai marqué à vie par ces années, blessé en particulier par la distension du lien avec une mère qui m’a alors laissé partir.

    Extrait :

    "Séminaire, le mot funeste est dans l'en-tête du feuillet que ma mère me déplie début août. Le mot du printemps totalement gommé par l'enivrante parenthèse de juillet. Le courrier du Petit séminaire De Chavagnes-en-Paillers détaille les modalités de ma rentrée mi-septembre, les conditions pécuniaires de ma pension, liste le trousseau et les fournitures nécessaires. Cette fois je dégringole de ma marelle. Je reste planté bêtement. Les anneaux se resserrent. Je découvre qu'on m'a inscrit dans cet établissement dans la foulée de ma retraite pascale. La décision a été forcément prise conjointement entre la paroisse et mes parents. Pourquoi ne m'ont-ils rien dit? Ont-ils été manœuvrés? Ont-ils simplement donné leur bénédiction ou épousent-ils la flatteuse vaticination de ce Monseigneur à la pince alerte? Aucun mot, aucune larme, je suis totalement pris de court, décontenancé. Je ne sais pas même rebondir au t'as l'air surpris que ma figure, sans doute défaite, inspire à ma mère. Je file dans le jardin auprès du vieux cerisier boursouflé et gommeux. Je n'ai pas de chambre où laisser aller ma douleur, mon lit est toujours parmi eux. Je n'ai pour refuge que cet arbre cabane.

    J'ai onze ans et je ne veux pas être différent des autres. J'ai onze ans et je me vois comme les autres."

    Ce que j'en pense :

    Un livre qui démonte de manière implacable cette « chasse aux vocations » organisée par l’église catholique de Vendée dans les années 1960. L’auteur démontre comment des parents aimants peuvent ainsi confier un enfant à une « machine à broyer l’esprit » et surtout comment on peut réussir à imposer le silence pendant autant d’années. On retrouve bien sûr dans ce livre la plume ciselée et riche de Jean Pierre Sautreau.

    Un livre puissant, indispensable pour comprendre le poids de l'église dans ces années, en particulier en milieu rural.

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  • Qui a tué mon père

    "Qui a tué mon père" de Edouard Louis - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    « L’histoire de ton corps

    accuse l’histoire politique. »

    Édouard Louis a publié deux romans, En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence, qui ont été traduits dans une trentaine de langues.

    Première page :

    "Si ce texte était un texte de théâtre, c’est avec ces mots-là qu’il faudrait commencer : Un père et un fils sont à quelques mètres l’un de l’autre dans un grand espace, vaste et vide. Cet espace pourrait être un champ de blé, une usine désaffectée et déserte, le gymnase plastifié d’une école. Peut-être qu’il neige. Peut-être que la neige les recouvre petit à petit jusqu’à les faire disparaître. Le père et le fils ne se regardent presque jamais. Seul le fils parle, les premières phrases qu’il dit sont lues sur une feuille de papier ou un écran, il essaye de s’adresser à son père mais on ne sait pas pourquoi c’est comme si le père ne pouvait pas l’entendre."

    Ce que j'en pense :

    Livre trop court, qui se veut percutant (et qui l’est parfois). Il y a des émotions dans ces relations père/fils mais cela passe vite et n’atteint jamais la profondeur du livre de Didier Eribon. L’analyse politique qui vient se plaquer sur les dernières pages parait plutôt sommaire.

    Qui a tué mon père

    Qui a tué mon père

     

     

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  • Mes soirs sans tweet

    "Mes soirs sans tweet" de Jean Bernard Pouy - Folies d'encre

    Présentation de l'éditeur :

    En 2008, dans Mes soixante huîtres, le repas dominical se terminait par un parricide symbolique de "l'ex-soixante-huitard-attardé". En 2018, autour de la blanquette, "ça ne crie plus, ça oublie les noms d'oiseaux, et ça parle encore moins, et ça sent l'huile essentielle". Non, la descendance pianote sur le Smart-phone. Mais le soixante-huitard est de moins en moins attardé, il s'est offert un Iphone, a musclé ses pouces, est devenu l'Art Tatum du smartfaune. Alors, par portables interposés, s'engage une conversation qui commence par : #JeSuisPapa : Je trouve que la blanquette, maman l'a vraiment réussie. Non ? Macron, lui, adorerait. Et vous ? Mais ceci n'est que le début, continuons le repas, les tweets, le combat !

    Première page :

    "Ça y est ! Cinquante balais ! Les nuits bleues parisiennes, la France en grève quasi générale, les rues pleines de gens rieurs, aimez-vous les uns sur les autres, ça fait cinquante ans, un demi-siècle. Et c'est quoi, cinquante ans ? L'espérance de vie en 1900 ? La ménopause, l'andropause ? La France en Marche ?

    2001 l'Odyssée de l'Espace, ça fait cinquante ans, bordel...

    Il n'y avait pas encore de TGV... Et surtout, il y a cinquante ans, pas encore de Smartphones. La troisième révolution (sic) industrielle n'avait pas commencé.

    A table, le dimanche, ça s'engueulait…"

    Ce que j'en pense :

    C’est un jeu, une pochade de la part d’un anar libertaire qui ne se prend pas au sérieux. Et ça marche ! La critique sociale est bien présente et on se marre. Pour moi c’est typiquement un livre qui fait du bien (rien à voir avec un livre « feel good »). C'est court mais c'est bon.

    Mes soirs sans tweet

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  • En nous beaucoup d'hommes respirent

    "En nous beaucoup d'hommes respirent" de Marie-Aude Murail - L'Iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    Des albums photo, des menus de mariage, des images de communion, des dents de lait, des documents administratifs, des centaines de lettres, des journaux intimes… Voilà le trésor que Marie-Aude découvre en vidant la maison de ses parents. En ouvrant les boites à archives, les morts se réaniment. Devant elle se déroule ce grand roman familial. C’est l’histoire des Murail qui se dessine. Mais plus encore, celle de toute famille française. En nous beaucoup d’hommes respirent est une enquête intime. Une plongée dans un récit familial, à la fois commun et singulier.

    Première page :

    "J'oublie mes romans, à peine les ai-je écrits. J'ai même tendance ces derniers temps à oublier que je suis écrivain. Si l'inspiration est ce qu'en dit Jules Renard, « rien d'autre que la joie d'écrire », j'ai perdu l'inspiration. À défaut, j'ai un carnet de citations que je rouvre chaque fois que je veux en faire une, parce que j'ai oublié de qui elle est. À tout hasard, je dis qu'elle est de Jules Renard.

    La cousine Colette était un inépuisable répertoire de blagues. La dernière fois que je l'ai vue, elle en était réduite à chercher ses mots et, quand nous nous sommes séparées, je l'ai regardée s'éloigner, toute grêle, à demi chancelante au milieu des projectiles humains que sont les voyageurs dans le hall de la gare de l'Est. Non, du Nord. Ou Saint-Lazare ? Bon, une gare. Je n'éprouve pas pour ma part les symptômes précurseurs de la maladie d'Alzheimer, mais j'ai l'impression que le matériau psychique qui me constitue, au lieu de s’épaissir au fil des années, s’est aminci au point que je ne suis plus qu’un trait dans l’azur."

    Ce que j'en pense :

    Ce n’est pas un roman, c’est à la fois des histoires d’amour, des réflexions sur la filiation et aussi sur l’écriture. Ce récit fait la part belle aux écrits de plusieurs membres de la famille de Marie-Aude Murail. Cela pourrait paraître parfois décousu ou un peu difficile à suivre mais il y a régulièrement des passages très forts qui nous font continuer la lecture avec plaisir.

    En nous beaucoup d'hommes respirent

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  •  "Ces morts heureux et héroïques" de Luke Mogelson - Gallmeister

    Présentation de l'éditeur :

    Un vétéran cherche à reconquérir sa femme et part la retrouver chez ses parents, là où elle s’est réfugiée après qu’il l’a frappée. Une mère célibataire fait de longs trajets pour aller voir son fils en prison – il a tué un homme d’un coup de poing lors d’une permission. Un infirmier de retour de mission élit domicile dans un réduit de l’arsenal de la garde nationale de New York, incapable de rentrer chez lui. Un journaliste raconte sa vie en Afghanistan, entre ironie et désespoir, avant qu’une bombe ne fasse sauter le café dans lequel il se trouve.

    En dix histoires subtilement liées les unes aux autres, Luke Mogelson dépeint les conséquences de la guerre sur les combattants et les civils, et la manière dont la violence subie ou infligée à l’autre bout du monde se répercute jusqu’aux États-Unis.

    Première page :

    "Bill avait été colonel dans l’armée américaine, mais il n’y avait qu’un seul chef dans la famille. Chaque fois que je téléphonais, j’entendais ses murmures maléfiques empoisonner l’oreille de Bill. “Encore ?” disait cette femme, Caroline. Puis la baie vitrée s’ouvrait dans un souffle, se refermait dans un claquement – un repli sur la terrasse – et Bill disait : “Calmez vous” ou “Vous avez été à une réunion aujourd’hui ?” Bill dehors dans la neige, observant les femelles au-dedans, main levée en un geste du type “Je maîtrise la situation”.

    Ça faisait près d’un mois que Lilly habitait chez ses parents, une maison en bord de lac dans le Vermont. Elle était partie après qu’on eut cassé la fenêtre – après que j’eus cassé la fenêtre d’un coup de poing. Ça n’avait pas été beau à voir : les ambulances et la police, les voisins inquiets qui affluaient en robe de chambre. Je l’avais laissée partir. Je savais que Caroline – qui, aujourd’hui encore, j’en suis sûr, reste persuadée que j’ai frappé Lilly – ferait tout ce qu’elle pourrait pour la détourner de moi. Mais je faisais confiance au colonel. Bill avait été soldat en temps de paix – ses vingt ans à lui étaient tombés en plein dans la période idyllique entre Vietnam et Tempête du désert – et dans son esprit, pour une raison ou une autre, il avait contracté une dette dont il ne s’était jamais tout à fait acquitté.

    Il n’y avait pas de réseau à la maison du lac ; chaque fois que j’appelais le fixe, Bill décrochait, disait que Lilly n’était pas prête à me parler."

    Ce que j'en pense :

    10 nouvelles que j’ai trouvées inégales, bien qu’elles tournent toutes autour du même sujet : la guerre et ses séquelles sur l’homme. L’écriture très « particulière » de l’auteur y est sans doute pour quelque chose. Une nouvelle est nettement au dessus du lot, il s’agit de « Visites ». Quelques autres sont intéressantes :"Du bar", "Proche est le port"

     

     

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