• Un sacré gueuleton

    "Un sacré gueuleton" de Jim Harrison - J'ai lu

    Présentation de l'éditeur :

    Tous les lecteurs de Jim Harrison connaissent son appétit vorace pour la bonne chère, les meilleurs vins et autres plaisirs bien terrestres qui irriguent son oeuvre. Rassemblés pour la première fois en un seul volume, ces articles publiés au fil de sa carrière ne se contentent pas de célébrer les plaisirs de la table. Savoureux et féroce, Big Jim parle de gastronomie avec la même verve que lorsqu'il évoque la littérature, la politique ou l'amour. En chemin, il déroule des recettes toujours réjouissantes, parfois inattendues, et fait preuve d'un humour dévastateur à l'égard des pisse-vinaigres de tout poil. Autoportrait en creux du célèbre gourmand vagabond, ce livre est un véritable festin littéraire qui comblera tous les appétits.

    Première page :

    Tambouille mentale

    Cher Mike

    Mon désespoir et ma confusion actuels font que ma chronique gastronomique pour le prochain numéro se résumera à ce qui suit. Ne nous voilons pas la face, voilà un moment que les spectres jumeaux de la bouffe et de la politique monopolisent notre attention. Lors d'un récent voyage en Amérique centrale destiné à satisfaire ma curiosité pour les mille et une facettes des révolutions dans ces pays, j'ai franchement mangé comme un dieu. En un seul déjeuner, par exemple, j'ai savouré du calmar mijoté dans son encre, des toasts de caille braisée, une soupe entièrement constituée de minuscules crustacés, plus une brochette de plusieurs langoustes, le tout accompagné de deux bouteilles de vin.

    Ce que j'en pense :

    C’est un livre un peu brouillon qui est constitué à la fois de récits de voyages, de chroniques culinaires, d’hymnes aux vins (français en particulier), de poésies, de politiques, de littérature… Il y a de merveilleux passages qu’on a continuellement envie de surligner. Il y a aussi beaucoup de plats et de vins qu’on a envie de découvrir…Mais il y a aussi quelques répétitions qui peuvent lasser dans la dernière partie du livre.

    Un sacré gueuleton

     

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  • Le récit des gouffres

    "Le récit des gouffres" de Thomas Vinau - Le Castor Astral

    Présentation de l'éditeur :

    Thomas Vinau explore ici les abîmes de l’enfance et de la solitude.
    Dans ce récit hanté par les fantômes et les ombres mystérieuses, l’imagination et la littérature sont les seules échappatoires.

    L’enfant grandit dans l’ombre de son père, le gouffre devient alors un refuge à la fois effrayant et rassurant. Il s’évade dans son jardin secret où la nature reprend ses droits. Il navigue à travers les contes et la poésie d’Emily Dickinson.   

    Cependant, l’enfant va devoir abandonner l’ombre d’Emily et laisser derrière lui ce monde imaginaire qu’il a construit depuis l’enfance pour accomplir une quête initiatique.

    Thomas Vinau signe une ode à la nature lumineuse et intime ! Un hommage à l’oeuvre d’Emily Dickinson et aux contes traditionnels.

    Première page :

    Un jour, la cendre et le brouillard ont fait l'amour. Et tu es né. Bien sûr, la cendre n'était que de la cendre. Et le brouillard n'était que du brouillard. Mais crois-moi, ils ont fait l'amour, ils ont vraiment fait l'amour, et tu es vraiment né. Ne laisse personne te laisser croire autre chose. Et que le monde aujourd'hui ne soit plus le monde ne change rien. Ils ont fabriqué de la lumière avec ce qu'ils avaient. L'obscurité. Et tu es né.

    On sait à présent que la vie a commencé par des dents. Parce qu'elle doit mâcher, défendre, arracher. Parce qu'elle doit déchirer le néant. Percer la poche, la coquille, la terre, la pierre. Térébrer. Toujours. Même les oiseaux, avant d'être des oiseaux, avaient des dents. Même le jour a dû creuser la nuit. Et puis nous avons gagné. Nous avons mâché le monde. Et puis nous avons perdu. Nous nous sommes fait mâcher à notre tour. Par quelque chose d'autre.

    Mais la vie survit toujours. Elle survit aux éruptions, aux cataclysmes, aux épidémies, aux météores. À l'atroce appétit des hommes. Elle survit aux dieux. Et les bactéries recommencent à s'agiter. Et les lézards ressortent. Et les larves fendent à nouveau l'humus. Et les rayons recommencent à percer. La vie survit même à la vie. C'est idiot la vie mais c'est comme ça. Elle persiste. Pour la bonne raison qu'il faut quelqu'un pour raconter l'histoire.

    Avant il y avait le printemps. C'était merveilleux. La spirale effrontée des astres. Une danse de sang et de sève. Une irruption, un jaillissement. C'était une force de lumière. La grande dévoration. Toute la terre avait faim. Tous les sexes s'ouvraient. Et la vie reprenait. Plus puissante. Plus colorée. Plus impitoyable que jamais. Avant il y avait le printemps. Maintenant il n'y a plus rien. C'est à toi d'être le printemps.

    Ce que j'en pense :

     L'auteur a le don de nous emmener dans des pays improbables qui ne sont sans doute pas si éloigné de notre réel. Qu'est devenu le monde? Comment sortir du gouffre? Que nous reste-t-il de notre histoire (de l'histoire)?... Autant de questions (et bien d'autres) que nous nous posons à la lecture. Ce livre échappe à toute classification puisqu'il mêle récit, poésie, conte, mythe...

    Le récit des gouffres

     

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  • Le loup, l'épée et les étoiles

    "Le loup, l'épée et les étoiles" de Lola Lafon - L'Aube

    Présentation de l'éditeur :

    "C'est chaque fois un bonheur de lire Lola Lafon. Ses bonheurs d'écriture deviennent des bonheurs de lecture, mais prenons garde à la douceur de la langue qui parfois se coupe jusqu'au sang. [... ] Qu'elle traite du mépris masculin tournant à la goujaterie ou qu'elle fasse un sort à la "gauche" qu'elle n'évoque qu'avec des guillemets pour s'en protéger, tant elle a trahi ses idéaux et ceux qui la soutenaient, Lola Lafon n'y va pas avec le dos du clavier pour faire ses gammes côté grave ou côté aigu. [... ] [Elle] écrit juste, d'une écriture accordée à tous les temps de la joie ou de la colère, de l'émotion ou de la lutte. C'est pourquoi, une fois le livre ouvert, on peine à le refermer avant la toute fin." Eric Fottorino Directeur de l'hebdomadaire Le 1

    Première page :

    Vaincre : la cellulite, la timidité, le stress et le hoquet.

    Gagner : en masse musculaire, en influence, en endurance, en Bourse.

    Coups de gueule : d'un ministre, d'un acteur, textes coups de poing d'un auteur, séduction terrassante des certitudes uppercut.

    Petite musique martiale qui rythme nos quotidiens : ici, un virus « gagne du terrain », là, un élu « fait la course en tête », un roman de rentrée littéraire « écrase la concurrence ».

    Vénération de la fermeté : des seins, des cuisses, des discours politiques « musclés », couillus. Tout sauf être un Flanby : horreur du friable, du mou, du tremblement.

    Icônes médiatiques puissantes, éblouissantes, aveuglantes.

    Ce que j'en pense :

    C’est un recueil de courts textes, qui peuvent ressembler à des billets d’humeur. C’est un plaisir de partager les humeurs de l’autrice. C’est très bien écrit et certains textes sont de véritables pépites, comme « La traversée » ou « Lettre à Sylvie ».

    Le loup, l'épée et les étoiles

     

     

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  • Je ne renie rien

    "Françoise Sagan Je ne renie rien, entretiens 1954-1992" - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    « Si tout était à recommencer, je recommencerais bien sûr, en évitant quelques broutilles : les accidents de voiture, les séjours à l’hôpital, les chagrins d’amour. Mais je ne renie rien. » Sous forme d’une conversation à bâtons rompus, cet ouvrage rassemble des extraits des très nombreux entretiens que Françoise Sagan a donnés entre 1954 (date de la parution de Bonjour Tristesse) et 1992 dans une trentaine de journaux, avec des journalistes aussi différents que Philippe Bouvard, Serge July ou Josyane Savigneau. Le lecteur, sous le charme de cette conversation entre confidences et mots d’esprit y trouvera toujours un plaisir délicieux.

    Première page :

    - Au début de 1954, une jeune fille de dix- huit ans, Mademoiselle Quoirez, qui a choisi le pseudonyme de Françoise Sagan, dépose aux éditions Julliard le manuscrit d’un court roman : Bonjour tristesse. Le livre paraît en mai en même temps que beaucoup d’autres et sans aucune publicité. Un an après, le tirage dépasse un million d’exemplaires en France, et Françoise Sagan est célèbre dans le monde entier où son livre est traduit dans vingt- cinq langues. Célèbre, mais pas très bien connue peut- être. Quelques années plus tard, à une enquête sur les personnages contemporains célèbres, la plupart des personnes interrogées répondront : « Françoise Sagan ? Ah, oui, la vedette de cinéma. »
    - ah ? J’avais oublié.
    - Oui. C’est que, tout de suite, il y a eu autour de vous une légende : l’argent, le whisky, les boîtes de nuit, les voitures de sport... Tout ce qu’on prête plutôt, en effet, à une vedette qu’à un écrivain. Vous aviez écrit un livre, et puis vous vous êtes retrouvée star. Comment porte- t-on tout cela à vingt ans ?
    - J’ai porté ma légende comme une voilette... ce masque délicieux, un peu primaire, correspondait chez moi à des goûts évidents : la vitesse, la mer, minuit, tout ce qui est éclatant, tout ce qui est noir, tout ce qui perd, et donc permet de se trouver.

    Ce que j'en pense :

    Jusqu’à la moitié du livre on est intéressé par ce que dit Françoise Sagan. On découvre que ce qu’elle nous montre est bien  loin de l’image que les médias ont laissé. On découvre sa proximité avec Sartre et sa connaissance de la littérature classique et contemporaine. Et puis, au fil des pages on se lasse de voir aborder toujours les mêmes thèmes : l’argent, la célébrité, l’amour.

    Je ne renie rien

     

     

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  • "École publique et émancipation sociale" de Laurence De Cock - Agone

    Présentation de l'éditeur :

    Jamais le démantèlement de l’école publique n’aura été aussi brutal que sous le mandat présidentiel d’Emmanuel Macron. De la maternelle à l’université, ce sont les enfants des catégories populaires qui en paient le prix fort. En face, la résistance est faible. Doit-on y voir la perte du sens de l’école publique ? Même si la démocratisation scolaire n’a jamais tenu toutes ses promesses, il ne faut pas pour autant en abandonner les ambitions, sans lesquelles aucune émancipation sociale n’est possible.

    Après avoir dressé le tableau noir des conséquences des réformes éducatives récentes que la crise sanitaire n’a fait que révéler, ce livre revient sur les fondements historiques des principes d’une éducation nationale théorisée par les révolutionnaires français en 1793, principes généreux enrichis par certains pédagogues de l’éducation nouvelle et qui ont guidé chaque grand moment de démocratisation scolaire, de Jean Zay sous le Front populaire au plan Langevin-Wallon après la Libération.

    Qu’en reste-t-il aujourd’hui et sur quelles bases refonder une école au service des masses ? Aux anciens défis, d’autres se sont ajoutés : les nuisances de l’idéologie néolibérale, la défiance grandissante à l’égard de la pensée rationnelle et critique autant que des pédagogies de transformation sociale.

    Extrait :

    Puisque celles et ceux qui œuvrent pour un projet égalitaire de transformation sociale semblent aujourd'hui cantonnés à une position défensive, peut-être est-ce le bon moment de se compter, de reprendre la main et de revitaliser le principe d'une école publique, de masse, au service de l'émancipation sociale. Comme nombre de mots galvaudés, celui d'émancipation est aujourd'hui récupéré jusque chez les néolibéraux. L'émancipation devient alors la libre entreprise de soi, à la manière d'un entrepreneuriat permettant de sortir de sa condition sociale par l'effort et le mérite […].  Rien d'étonnant à ce que le ministre de l'Éducation du gouvernement d'Emmanuel Macron soit le premier promoteur de cette redéfinition.[...]. Une véritable émancipation ne s'en tient pas à cette définition réductrice[...] . L'émancipation sociale, comme individuelle, fait le pari de l'utilité du collectif, non comme cadre d'émulation par la concurrence, mais pour construire une coopération guidée par l'impératif de justice sociale et donc au service de celles et ceux qui en ont le plus besoin.

    Ce que j'en pense :

    Laurence De Cock dresse un magnifique panorama de l’école publique en France au cours des siècles précédents. Elle met en perspective les querelles pédagogiques et sociologiques et tout ce qui est en jeu derrière tout cela, en termes de démocratisation et d’émancipation sociale. Elle redéfinit ce que doit être un véritable service public de l’éducation. Pour elle, tout le monde devrait comprendre qu’on a tout à gagner à ce que l’école fonctionne bien pour autrui si on veut qu’elle fonctionne bien pour nous-mêmes. Puisse-t-elle être entendue !

     

     

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  • Les six fonctions du langage

    "les six fonctions du langage" de Clémentine Mélois - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Voici un roman-photo comme vous n’en avez jamais vu. Jalousies, trahisons, bagarres, cafés gourmands, photocopieuses en panne et tendres baisers: Clémentine Mélois, plasticienne, écrivaine et membre de l’Oulipo, connue pour ses détournements de classiques de la littérature revus et passés à la moulinette de la culture pop (Cent titres, Grasset 2014) s’empare du très populaire roman-photo pour étudier le langage dans toutes ses fonctions. Au fil de dix-huit histoires hilarantes, on découvrira des hommes et des femmes en proie à toutes les dépravations lexicales, des employés de bureau désorientés, un agent immobilier malmené, un catcheur mexicain, des pantalons pattes d’éléphants et même un certain Roland Barthes.

    Extrait :

    Les six fonctions du langage

    Ce que j'en pense :

     C'est un très amusant télescopage entre des extraits de BD des années 70/80 et un texte très étonnant, mélangeant les jargons spécifiques à des catégories professionnelles, des tics de langage contemporains et des curiosités langagières. L'autrice y est allé avec le dos de la cuillère pour faire "baver" les couleurs de ces romans photos (sans doute sud américains). Cela peut étonner mais il faut vraiment se laisser aller dans la lecture de cet objet littéraire.

    Les six fonctions du langage

     

     

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  • Le tout dernier été

    "Le tout dernier été" de Anne Bert - Fayard

    Présentation de l'éditeur :

    «  Je viens de rencontrer mes passeurs. Ces hommes qui font désormais partie de ma vie puisqu’ils vont m’aider à la quitter.
    Je les ai sentis rigoureux, exigeants, prudents. Et engagés à me tendre doucement la main. Une autre médecine qui, quand elle ne peut plus soigner le corps, se décide à soigner l’âme.  »
    Parce qu’elle aime furieusement la vie et qu’elle est condamnée, Anne Bert a décidé de choisir et de ne pas subir jusqu’au bout les tortures que lui inflige la maladie de Charcot. C’est ce cheminement qu’elle nous raconte ici. Celui de devoir mourir hors-la-loi, et hors-les-murs, puisque la loi française ne l’autorise pas à abréger ses souffrances. Celui aussi de son dernier été.
    Il faut découvrir le goût des dernières fois et des renoncements, apprendre à penser la mort, dire au revoir à ceux qu’elle aime, en faisant le pari de la joie malgré le chagrin.
    Un récit poignant, une ode à la liberté et à la vie, permise seulement par sa détermination à dire non. 

    Première page :

    Je me suis encore laissé surprendre. Les lilas, ce matin, ont fleuri derrière mon dos.

    Hier, je suis pourtant allée les visiter de très bonne heure. Sous l’écorce des bourgeons, affleurait un délicat grenat, rose, mauve.

    Ils ont dû s’épanouir dans l’après-midi, quand je ne les regardais pas.

    Cette année, je n’ai pas pu en cueillir. Ils n’ont pas embaumé la maison. Alors je les ai contemplés et respirés longtemps, le nez dans les grappes.

    Je voulais emporter leur parfum en moi. Celui un peu lourd qui me rappelle le jardin de mon arrière-grand-mère. Et leur couleur, celle des vieilles dames, des disparus et des adieux.

     

    Ce que j'en pense :

    L’écriture de ce « dernier été » est pleine de pudeur, de sensibilité et de poésie.  C’est rempli d’émotion avec des multitudes de « petites touches » glanées autour d’elle, avec sa famille, ses amis, dans la nature, comme une façon de dire au revoir (ou adieu). J’ai cependant une petite déception car j’attendais que l’auteure nous parle plus de son cheminement par rapport à l’euthanasie.

    Le tout dernier été

     

     

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  • De la démocratie en pandémie

    "De la démocratie en pandémie" de Barbara Stiegler - Tracts Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

    Première page :

    Ceci n’est pas une pandémie, et ce n’est pas un «rassuriste» qui le dit. C’est Richard Horton, le rédacteur en chef de l’une des plus prestigieuses revues internationales de médecine: «Covid-19 is not a pandemic .» Il s’agit plutôt d’une «syndémie», d’une maladie causée par les inégalités sociales et par la crise écologique entendue au sens large. Car cette dernière ne dérègle pas seulement le climat. Elle provoque aussi une augmentation continue des maladies chroniques («hypertension, obésité, diabète, maladies cardiovasculaires et respiratoires, cancer», rappelle Horton), fragilisant l’état de santé de la population face aux nouveaux risques sanitaires. Présentée ainsi, le Covid-19 apparaît comme l’énième épisode d’une longue série, amplifié par le démantèlement des systèmes de santé. La leçon qu’en tire The Lancet est sans appel. Si nous ne changeons pas de modèle économique, social et politique, si nous continuons à traiter le virus comme un événement biologique dont il faudrait se borner à «bloquer la circulation», les accidents sanitaires ne vont pas cesser de se multiplier.

    Ce que j'en pense :

    C’est à mon avis un petit livre très important qui nous fait découvrir qu’avec la crise du Covid on est devant un vrai choix de société. Ou bien nous basculons complètement dans « un monde d’après » autoritaire et liberticide avec cette « manufacture du consentement » qui a été mise en place à l’occasion de cette crise. Ou nous résistons au tout numérique pour garder de l’humain dans nos relations sociales en nous mobilisant de façon très ample (mais ce ne sera pas facile !).

    De la démocratie en pandémieDe la démocratie en pandémieDe la démocratie en pandémie

     

     

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  • Et pourquoi moi je dois parler comme toi! 

    "Et pourquoi moi je dois parler comme toi? écrits bruts (et non bruts) réunis par Anouk Grinberg

    Le Passeur

    Présentation du livre :

    Chez eux, l’imagination est en tête, les visions débordent, les identités sont multiples, et les sens sont à nu. L’enfance est partout, le réel est augmenté de dialogues avec des esprits et ils parlent couramment la langue du chaos ; le dedans est dehors. On dit d’eux qu’ils sont fous ou idiots. 

    À leur façon, ils portent aussi le monde. Ils disent, à corps et à cri : « Je ne suis pas ce que vous
    croyez », ils font des danses de vie pour éclairer leurs chambres noires, ils écrivent au monde et le monde
    n’entend pas ; ils créent sans le savoir, et nous nous inclinons devant la vie qu’ils portent en eux. Ils ont eu la pulsion d’écrire, comme on a la pulsion de la vie. Ils se fichaient d’écrire « comme il faut » ; ils
    obéissaient à d’autres lois, inventaient des langues pour se tenir au plus près d’eux-mêmes. Ça jette des étincelles. 

    Nos coeurs sont à la fête, même quand c’est triste. On retrouve des frères, des soeurs, ou bien nous-mêmes, épluchés de nos falbalas. Avec les écrits bruts, on est à la source de pourquoi l’écriture vient, pour faire monter la vie, pour s’ébrouer du malheur et en faire des feux de camps, pour faire vivre l’esprit. 

    On ne comprend pas comment le manque de tout l’élémentaire produit cet oxygène. C’est un mystère. Et
    en attendant de comprendre, je tourne autour et avec eux, je me sens vivante.

    Anouk Grinberg

    Extrait :

    Ernst Herbeck (1920-1991) a du mal à parler à cause d'un bec de lièvre, qui rend si scolarité difficile. Il devient ouvrier. Puis il part à la guerre, revient vivant, mais montre des signes de schizophrénie. On l'interne c’est là qu'il commence à écrire des poèmes.

    La vie 

    La vie est belle

    déjà aussi belle que la vie.

    La vie est tris belle

    nous l'apprenons ; la vie ;

    La vie est très belle.

    Comme la vie est belle

    Elle commence belle la vie.

    Si (belle) du l'est aussi.

    Ce que j'en pense :

    La plupart de ces textes ont été écrits par des personnes considérées comme "folles" et enfermées pour cette raison. C'est vrai qu'il y a quelques textes difficiles à déchiffrer mais souvent ces écrits sont d'une grande transparence et nous émeuvent et nous troublent parfois. Le fait d'avoir associer des écrits d'auteurs reconnus nous questionne également sur le "bon français", la "bonne littérature" qui est promue par nos élites et notre enseignement.

    Et pourquoi moi je dois parler comme toi ?Et pourquoi moi je dois parler comme toi ?Et pourquoi moi je dois parler comme toi ?Et pourquoi moi je dois parler comme toi ?

     

     

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  • Midi pile

     "Midi pile" de Rebecca Dautremer - Sarbacane

    Présentation de l'éditeur :

    Nous voici retournés au beau pays de Jacominus Gainsborough.
    Il a donné rendez-vous à Douce à midi pile, car il va s’embarquer et il a quelque chose de très important à lui dire…

    Viendra-t-elle ? Et arrivera-t-elle à temps ?
    En attendant, il l’imagine : il voit avec ses yeux, entend avec ses oreilles…

    Le lecteur « traverse » presque physiquement ce livre d’artiste aux pages finement découpées : il est à la fois dans la tête de Jacominus, ce petit lapin à l’âme sensible si humain, dont il partage les doutes et les élans – et dans la peau de Douce, qui s’avance vers lui. Les tableaux se succèdent, tandis que l’impatience de Jacominus grandit : on suit le chemin de l’aimée qui se met en route, on « traverse » le verger, les faubourgs, la place du marché… comme si l’on marchait avec elle.
    Et c’est toujours avec Douce qu’on parcourt les derniers mètres sur le port et qu’on aperçoit enfin, sur le pont d’un bateau en partance, la petite silhouette de Jacominus Gainsborough…

    Extrait :

     

    Ce que j'en pense :

    On ne peut pas dire que ce soit un livre pour la jeunesse mais plutôt un livre qui nous redonne jeunesse. On le manipule avec une grande délicatesse et cette délicatesse pénètre en nous. L'idéal est bien sûr de se mettre à plusieurs pour en tourner les pages, le plaisir en sera multiplié.

    Midi pileMidi pileMidi pileMidi pileMidi pile

     

     

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