• À ce stade de  la nuit

    "à ce stade de la nuit" de Maylis de Kerangal
    éditions Guérin

    Présentation de l'éditeur :

    "La nuit s'est creusée comme une vasque et l'espace de la cuisine se met à respirer derrière un voile fibreux. J'ai pensé à la matière silencieuse qui s'échappe des noms, à ce qu'ils écrivent à l'encre invisible. À voix haute, le dos bien droit, redressée sur ma chaise et les mains bien à plat sur la table – et sûrement ridicule en cet instant pour qui m'aurait surprise, solennelle, empruntée – je prononce doucement : Lampedusa."

    Première page :

    "Une cuisine, la nuit. L'unique lampe allumée crée au-dessus de la nappe un cône de lumière dorée que matérialisent les particules en suspension - une fois l'ampoule éteinte, je doute toujours de leur existence. Je suis rentrée tard et je traîne, assise de travers sur la chaise de paille, le journal étalé bien à plat sur la table et lentement feuilleté, le café du matin versé dans un mug, réchauffé aux micro-ondes et lentement bu. Tout le monde dort. Je fumerais bien une cigarette. La radio diffuse à faible volume un filet sonore qui murmure dans l'espace, circule et tournoie comme le ruban de la gymnaste. Je ne réagis pas aussitôt à la voix correctement timbrée…"

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre fait de digressions qui reviennent toujours au même point : la honte et la révolte après le drame de Lampedusa. Pas de grandiloquence ni de pathos, mais une écriture précise, directe, qui nous touche profondément.

    À ce stade de  la nuit À ce stade de  la nuit À ce stade de  la nuit

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  • Enfance

    "Enfance" de Nathalie Sarraute
    folioplus classique

    Présentation de l'éditeur :

    Ce livre est écrit sous la forme d'un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l'aide à faire surgir " quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs (...) ouatées qui se défont et disparaissent avec l'enfance ". Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Pétersbourg et de nouveau Paris. Un livre où l'on peut voir se dessiner déjà le futur grand écrivain qui donnera plus tard une œuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

    Première page :

    "— Alors, tu vas vraiment faire ça ? « Évoquer tes souvenirs d’enfance »… Comme ces mots te gênent, tu ne les aimes pas. Mais reconnais que ce sont les seuls mots qui conviennent. Tu veux « évoquer tes souvenirs »… il n’y a pas à tortiller, c’est bien ça.

    — Oui, je n’y peux rien, ça me tente, je ne sais pas pourquoi…

    — C’est peut-être… est-ce que ce ne serait pas… on ne s’en rend parfois pas compte… c’est peut-être que tes forces déclinent…

    — Non, je ne crois pas… du moins je ne le sens pas…

    — Et pourtant ce que tu veux faire… « évoquer tes souvenirs »… est-ce que ce ne serait pas…

    — Oh, je t’en prie…

    — Si, il faut se le demander : est-ce que ce ne serait pas prendre ta retraite ? te ranger ? quitter ton élément, où jusqu’ici, tant bien que mal…

    — Oui, comme tu dis, tant bien que mal.

    — Peut-être, mais c’est le seul où tu aies jamais pu vivre… celui…

    — Oh, à quoi bon ? je le connais.

    — Est-ce vrai ? Tu n’as vraiment pas oublié comment c’était là-bas ? comme là-bas tout fluctue, se transforme, s’échappe… tu avances à tâtons, toujours cherchant, te tendant… vers quoi ? qu’est-ce que c’est ? ça ne ressemble à rien… personne n’en parle… ça se dérobe, tu l’agrippes comme tu peux, tu le pousses… où ? n’importe où, pourvu que ça trouve un milieu propice où ça se développe, où ça parvienne peut-être à vivre… Tiens, rien que d’y penser…"

    Ce que j'en pense :

    Biographie originale où il n'y a pas de continuité dans la narration. L'auteure recherche les paroles, les mots qui vont lui révéler, lui faire ressentir les rapports qu'elle a eu enfant, avec ses proches, et en particulier avec sa mère.

    Enfance

    Enfance Enfance

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  • Mémé

    "Mémé" de Philippe Torreton
    L'iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    « Mémé, c'est ma mémé, même si ça ne se dit plus.
    Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples
    au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d'avant-guerre. Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n'est pas une enquête, ce n'est pas une biographie, c'est ce que j'ai vu, compris ou pas, ce que j'ai perdu et voulu retenir, une dernière fois. Mémé, c'est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose. »
    Voici le portrait qu'à plus de quarante ans Philippe Torreton fait de celle qui fut le personnage central de son enfance, un portrait tendre et nostalgique, construit par petites touches comme la mémoire, où chacun retrouvera sa grand-mère ou celle dont il a rêvé.

    Première page :

    "Je dormais près de mémé. J'étais petit, un bésot, et après des semaines d'hôpital, de peau grise et fatiguée, les docteurs ayant jugé que le danger était loin, le loup parti, je pouvais réapprendre à me tenir debout et profiter enfin des jouets qui s'accumulaient sur ma table de chevet. Mes parents m'ont confié à mémé, à charge pour elle de remettre des couleurs dans mes pupilles, du solide dans le ventre, de la confiance dans les bras et de l'impatience dans les jambes.

    Mémé dormait à côté de moi, tout près même, dans une chambre à côté de la mienne. Nous étions au bout de la maison, côté ouest, celui qui reçoit la Normandie pluvieuse en pleine face, une étrave de bateau. "

    Ce que j'en pense :

    Il y a des passages magnifiques, c'est émouvant, drôle, avec un peu de colère face aux nouveaux modes de vie. Mais l'écriture est parfois lourde avec des passages qui peuvent paraître confus. 

    Mémé 

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  • L'écriture et la vie

    "L'écriture et la vie" de Laurence Tardieu
    éditions des Busclats

    Présentation de l'éditeur :

    "Depuis vingt et un mois, les mots que j'écris sont comme des coquilles vides. Ils sonnent faux. Ils sont vains.
    Depuis vingt et un mois, j'ai perdu le chemin. Je voudrais, par l'écriture de ce journal, retrouver un chemin. Un chemin où les mots auraient du sens. Ce journal sera mon journal de quête. C'est ce que j'ai proposé à mes éditrices, un pari : que ce livre soit une plongée dans ma nuit pour, peut-être, clans l'écriture, par l'écriture, retrouver une lumière. Pouvoir écrite à nouveau. C'est le seul livre possible aujourd'hui. Le seul livre possible parce que précisément impossible. C'est sans cloute un projet périlleux, effrayant, mais je n'ai pas d'autre désir. Seulement celui-ci, immense."

    Ainsi Laurence Tardieu a-t-elle marché vers cette lumière perdue des mots après l'écriture de son dernier roman : La Confusion des peines. 
    Peu avant sa disparition, Jean-Marc Roberts qui lut son éditeur, a tenu à accompagner ce journal d'une courte préface.

    Première page :

    "Jeudi 16 août 2012

    Je commence ce journal alors que je suis dans un avion, entre Paris et New York. J'ai quitté la terre ferme. Je suis, pour ainsi dire, nulle part.
    Nulle part : c'est peut-être là qu'il me fallait être pour commencer ce journal d'entre-deux-rives.
    Michèle Gazier m'a proposé il y a dix jours d'écrire un texte pour la maison d'édition qu'elle et Marie-Claude Char ont fondée. Un texte qui serait un «pas de côté» dans mon parcours d'écrivain. J'ai rencontré Michèle une fois, en mars dernier. J'ai dit oui.
    Il y a dix jours, Michèle et Marie-Claude ne savaient pas que depuis vingt et un mois je ne peux plus écrire une ligne.
    J'ai dit oui comme on se raccroche à un corps afin de ne plus tomber.

    Depuis vingt et un mois, les mots que j'écris sont comme des coquilles vides. Ils sonnent faux. Ils sont vains.
    Depuis vingt et un mois, j'ai perdu le chemin.
    Je voudrais, par l'écriture de ce journal, retrouver un chemin. Un chemin où les mots auraient du sens. Ce journal sera mon journal de quête. C'est ce que j'ai proposé à Michèle et Marie-Claude : je n'arrive plus à écrire, je ne vois plus rien, et vous me demandez un livre. "

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre journal, une recherche, un questionnement… sur le rapport à l'écriture (surtout de l'autofiction).  Certaines interrogations font écho, d'autres moins. Certains ont parlé d'écriture en apnée pour ce livre, peut être manque-t-il de souffle.

    L'écriture et la vie

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  • Le goût des mots

    "Le goût des mots" de Françoise Héritier
    éditions Odile Jacob

    Présentation de l'éditeur :

    Après Le Sel de la vie, Françoise Héritier poursuit ici son exploration tout en intimité et en sensualité de ce qui fait le goût de l'existence. 
    Elle nous invite à retrouver nos étonnements d'enfance, quand la découverte des mots, à travers leur brillance, leur satiné, leur rugosité, s'apparentait à celle de la nature et des confitures. 
    À travers les mots, c'est le trésor caché s'établissant en nous entre les sons, les couleurs, les saveurs, les touchers, les perceptions et les émotions qu'elle nous convie ici à redécouvrir. 
    À chacun, à son tour, à partir de quelques mots, de trouver la richesse de l'univers intime qu'il porte en soi.

    Première page :

    "Je me risque à nouveau dans une fantaisie. Or cette fantaisie dans laquelle je plonge est peut-être plus sérieuse au fond qu'on ne pourrait le croire à première vue. Elle trouve ses racines dans des étonnements d'enfance où la découverte des mots du langage parlé s'apparentait à celle des confitures et bonbons et avait le même goût de réalité. Notons qu'il s'agit alors du langage parlé, sonore, entendu, auquel très vite l'apprentissage de l'écriture a assuré une assise visuelle. Il s'est agi ensuite du rapport avec les autres, dont il faut que l'enfant, puis l'adulte, se fasse entendre et qu'il s'efforce d'entendre, mais surtout de cette parole débridée qui tourne toute seule dans nos têtes …"

    Ce que j'en pense :

    Un livre pour les amateurs de listes (sans doute à exploiter lors d'ateliers d'écriture). La dernière partie, où elle construit des histoires uniquement à partir d'expressions toutes faites, est, pour moi, la plus intéressante.

    Le goût des mots

     

     

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  • C'est tous les jours comme ça

    "C'est tous les jours comme ça" de Pierre Autin-Grenier
    éditions Finitude

    Présentation de l'éditeur :

    Anthelme Bonnard en a ras la casquette, il s’étonne, s’inquiète, secrètement s’insurge.
    Ça a commencé par l’intrusion intolérable du Candidat dans son salon, la lente mais implacable extinction de la gent féminine du quartier, la disparition de plus de 70 % des Martin, l’étrange assassinat d’un nain dans l’escalier…
    Mais quand on vient chercher manu militari l’étudiant des Beaux-arts du troisième parce qu’il possède un couteau suisse vert avec tire-bouchon, quand d’autres sont pareillement inquiétés pour avoir osé lire dans un lieu public un ouvrage de fiction pourtant entouré du bandeau obligatoire « Lire peut entraîner des lésions cérébrales graves » ou quand deux titis un peu basanés se font piéger comme des moineaux au sortir de l’école, alors Anthelme se demande s’il ne serait pas temps de songer à la résistance, voire à utiliser carrément le trancheflic soixante-huitard que la couturière du deuxième tient planqué dans sa cuisine…

    Première page :

    "Nous nous trouvions réunis dans une vaste salle un peu austère au centre de laquelle avait été dressé un immense buffet froid pour arroser je ne sais quel événement dont je ne mesurais pas de prime abord toute l'importance.

    Avec une logique impressionnante des discours un peu ampoulés s'étaient enchaînés à des discours assez guindés, le tout ponctué de vifs mais brefs applaudissements et, pour finir, invitation nous avait été faite d'aller nous sustenter.

    C'est alors que l'homme en l'honneur de qui était organisée cette réception et qui venait de répondre d'une voix tremblotante aux hommages et éloges dont il avait été l'objet se jeta de but en blanc sur la femme du patron. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, l'ayant mise en charpie, il la dévora tout entière sous nos yeux, n'en laissant guère plus, une fois repu, qu'un morceau de cuir chevelu et un sac en croco."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve avec plaisir l'univers décalé de Pierre Autin-Grenier, avec de l'humour, de l'ironie, du burlesque… et le tout dans une langue savoureuse.

    C'est tous les jours comme ça

    C'est tous les jours comme ça C'est tous les jours comme ça

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  • Apéro

    "Apéro" de Rémi Checchetto
    éditions de l'Attente

    Présentation de l'éditeur :

    Après P’tit déjConfiotes, et Nous, le ciel, Rémi Checchetto s’en prend à l’apéro.C’est autour de ce rituel que les langues se délient, que les langues fourchent et laissent échapper d’étranges formules, des lapsus parfois qui en disent plus qu’on ne voudrait. À en pleurer ou à pleurer de rire.

    Première page :

    "Quant aux glaçons on ne négligera pas d’en avoir toujours par-devers soi dans le freezer, ça serait trop bête d’en manquer et de boire tiède, de fait l’apéro demande plus d’art et d’anticipation et de préparation que d’être ogre, être ogre ne nécessite pas de mettre des glaçons au frais au préalable, c’est de l’impro, être ogre, c’est du va comme je te mange, ça n’a ni l’art ni la manière, un ogre, un ogre juste ça avale tout rond sans préparation, ça croque la vie n’importe comment à n’importe quelle température alors que l’apéro, non, cela nécessite la bonne température qu’apportent les glaçons, c’est pourquoi on ne négligera jamais de remplir le petit bac même si c’est pas aisé aisé de ne pas en mettre par terre, alors que l’ogre"

    Ce que j'en pense :

    C'est parti pour plus d'une centaine d'apéros en compagnie de Checchetto, avec des occasions de rire, réfléchir, se moquer… Comme toujours chez cet auteur le texte est vraiment fait pour être lu à voix haute et écouté avec énormément de plaisir.

    Apéro

    Apéro Apéro

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  • Journal d'un écrivain en pyjama

    "Journal d'un écrivain en pyjama" de Dany Laferrière
    Grasset

    Présentation de l'éditeur :

    « Le pyjama est un étrange habit de travail », nous dit Dany Laferrière qui, après trente ans de publications, décide de parler à ses lecteurs. Suite de scènes où réflexions, récits, méditations s'entremêlent avec cette désinvolture qui caractérise son style. Voici les « conseils à un jeune écrivain » d'un auteur pour qui la vie est une aventure exaltante qui se conjugue entre lire et écrire.

    De « Comment débuter une histoire » à « La description d'un paysage » en passant par « La mémoire de l'enfance », sans oublier « Le fouet de Truman Capote », l'expérience et l'humour de l'auteur du Goût des jeunes filles, qui n'en a pas moins pour les bons livres.

    Première page :

    "1. L'élan

    À l'époque, j'habitais dans un meublé surchauffé à Montréal, et je tentais d'écrire un roman afin de sortir du cycle infernal des petits boulots dans des manu­factures en lointaine banlieue. Mes voisins étaient de jeunes clochards, imbibés de bière, qui n'avaient pas assez d'argent pour la cocaïne. Le crack n'avait pas encore envahi les quartiers pauvres de la ville, Je retrouvais le samedi soir les copains d'usine, dans une discothèque que fréquentaient des femmes qui pou­vaient être nos mères. C'est la promesse de l'Amé­rique à ceux qui partent travailler avant la lumière du jour et reviennent, le soir, manger un spaghetti tout en regardant un mauvais film à la télé. Je voulais la même promesse que l'Amérique fait à ses gosses sur­protégés des quartiers huppés. À l'usine, je ne valais pas tripette, ne sachant rien faire de mes mains. Sauf écrire, On oublie qu'écrire est un travail manuel, Peut-on se mettre tout d'un coup à écrire un livre sans fréquenter aucun groupe littéraire, ni même un club de lecture ? Je lisais tout ce qui me tombait sous la main, Mais écrire est différent de lire. L'écrivain et le lecteur se trouvant aux deux extrémités de la chaîne."

    Ce que j'en pense :

     C'est un livre sur l'écriture et sur la lecture (mais aussi sur l'écrivain et sur le lecteur). Cela peut paraître parfois un peu brouillon et il y a même quelques contradictions (mais l'auteur ne s'en cache pas). C'est léger, agréable, drôle tout en ne manquant pas de profondeur.

    Journal d'un écrivain en pyjamaJournal d'un écrivain en pyjama Journal d'un écrivain en pyjama

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  • La servante du Seigneur

    "La servante du Seigneur" de Jean-Louis Fournier
    Stock

    Présentation de l'éditeur :

    Ma fille était belle, ma fille était intelligente, ma fille était drôle… 
    Mais elle a rencontré Monseigneur. Il a des bottines qui brillent et des oreilles pointues comme Belzébuth. Il lui a fait rencontrer Jésus. Depuis, ma fille n’est plus la même. 
    Elle veut être sainte. 
    Rose comme un bonbon, bleue comme le ciel.

    Première page :

    "J'ai égaré ma fille.
    Je suis retourné à l'endroit où je l'avais laissée, elle n'y était plus.
    J'ai cherché partout.
    J'ai fouillé les forêts, j'ai sondé les lacs, j'ai passé le sable au tamis, j'ai cardé les nuages, j'ai filtré la mer...
    Je l'ai retrouvée.
    Elle a bien changé.
    Je l'ai à peine reconnue.
    Elle est grave, elle est sérieuse, elle dit des mots qu'elle ne disait pas avant, elle parle comme un livre.
    Je me demande si c'est vraiment elle."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve le style de Jean Louis Fournier, alerte, concis, piquant et souvent noir. Mais ce livre est parfois troublant, même dérangeant car chez l'auteur il n'y a pas que du désarroi, il y a aussi comme un règlement de compte. Disons que c'est un livre qui questionne sur les difficultés relationnelles entre un père et sa fille.

    La servante du Seigneur

     

     

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  • Le jour où mon père s'est tu

    "Le jour où mon père s'est tu" de Virginie Linhart
    Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    « – Tu sais Papa, moi, quand tu t’es arrêté de parler, j’avais 15 ans. A 15 ans, on a beaucoup de
    souvenirs. Je me souviens de tout Papa.
    – C’est notre secret ma petite fille…
    – C’est quoi notre secret ?
    – Que tu saches tout ça, et que moi je ne parle plus.
    ... Cette fois, je suis décidée. Je parlerai du silence de mon père. Je suis prête, j’en jubile presque.
    J’ai même trouvé le titre : Le jour où mon père s’est tu ».

    Virginie Linhart est la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement maoiste en France. Brillant
    normalien, orateur virtuose, il sombre, en mai 68, dans une première crise de folie. Plus tard,
    poursuivant sa démarche de mao et le mouvement qu'il a initié, il s'embauche en usine et écrit un
    livre qui fera date : L'établi. Après une rechute, en mai 1981 (!) il tombe dans un silence définitif.
    Ce livre est d'abord une quête du père et, à travers elle, une autre quête, celle d'une génération.
    Virginie Linhart part sur les traces des enfants des soixante-huitards et tente de comprendre avec
    eux ce qu'ils sont vécu, ce qui reste de l'expérience des parents.


    Première page :

    "J'avais quinze ans lorsque c'est arrivé. J'étais une adolescente qui s'essayait à la rébellion. Je ne travaillais pas au lycée, je faisais tout le temps la gueule, j'étais amoureuse de garçons qui ne me regardaient pas. Et puis, soudain, mon père a disparu de ma vie. C'était au printemps 1981, le printemps de mes quinze ans, de ses trente-six ans - nous sommes tous deux nés au mois d'avril -, à une poignée de jours de l'élection de François Mitterrand. La gauche enfin au pouvoir, après une si longue attente, ça allait être gai vraiment ; mais non, ça ne l'a pas été, du tout.

    Un des dimanches de ce printemps-là, nous sommes tous au restaurant. C'est une tradition dans ma famille paternelle. Il y a mon grand-père, ma grand-mère, ma tante, mon frère Pierre, ma petite sœur Clara et sa mère Ana Maria, notre belle-mère. Une personne manque : mon père. C'est un repas un peu bizarre, l'atmosphère est lourde. Au milieu du déjeuner, mon grand-père se lève brusquement, va aux toilettes. Il n'en ressort pas : infarctus. Panique, cris, porte enfoncée, pleurs, police secours, hôpital. C'est la fin des déjeuners dominicaux pour un long moment. Mon grand-père s'en tire et part en maison de repos. Mon père est toujours absent. "

    Ce que j'en pense :

    Ce livre est plusieurs choses à la fois : une étude sociologique (mais limitée) et une démarche analytique (également limitée!). On ne sait pas finalement ce que l'auteur recherchait en écrivant ce livre. On trouve quelques passages intéressants mais l'ensemble n'a pas trop d'intérêt. L'étude se cantonne au milieu de la haute bourgeoisie post soixante-huitarde, ce qui était très loin d'être le cas des militants issus de 68. Il vaut mieux relire l'œuvre de Robert Linhart !

    Le jour où mon père s'est tu

     

     

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