• Au fil de ma mère

    Au fil de ma mère

    "Au fil de ma mère" de Jean-Pierre Sautreau - Opéra

    Présentation de l'éditeur :

    Lignes des semis, lignes des coutures, mon père jardinait, ma mère cousait. Et leur petite graine se pique de semer des mots et coudre des poèmes. Il y a trois ans, je vous invitais dans le jardin de mon père. Aujourd'hui, je vous entraîne au fil de ma mère dans ce même temps d'une vie simple, commune à beaucoup. Une enfance dans les années cinquante, rythmée par le tempo d'une machine à faufiler le bonheur. Ouvrage, à nouveau, subtilement accompagné par les merveilleuses compositions du peintre Camélus.

    Extrait :

    "Il est des objets qu'il ne faudrait jamais retrouver, laisser sous le tapis de l'enfance. Des objets qu'il ne faudrait approcher que des yeux. Ainsi ce dé où je glisse aujourd'hui mon index. Elle s'en couvrait l'annulaire, quand j'en chaussais mon pouce. Il est des objets qu'il ne faudrait jamais renverser sur la page, dans lesquels on peut se noyer, qui contiennent la mère des poissons qui est bien gentille.

    Sans être sa bague au doigt, ce dé faisait alliance avec ma couturière. Heaume étincelant vissé jusqu'au cou, il était son chevalier servant, à la tête de sa phalange. Il la défendait des piques qui le mouchetaient de fossettes et faisait rentrer la griffe du chas dans son fourreau. Parfois, le jeudi, il retournait l'arme, poussait la fine épée dans l'armure d'un coutil, devenant bouchon flottant au fil de son sourire.

    On pense avoir grandi, jeté l'enfant avec l'encrier, puis sortent d'un chapeau nickelé des mon petit lapin, des plus c'est petit c'est mignon d'un pavillon. Il est des objets qu'il ne faudrait jamais réécouter, des grains de voix qu'il ne faudrait jamais remoudre sur la page. Il est des objets qui grondent dans l'oreille. Ainsi ce dé dont je frotte mon blues qui pleure la mère qu'on aime bien avec du citron.

    N'écris pas avec des mots, écris avec des objets et avec des sentiments conseillait le poète Max Jacob. Ce que j'ai tenté sans imaginer que de ce minuscule cornet de métal rouleraient tant de muscades. Celui qui se pique de poésie est nu et sans défense. Avec ce dé appuyé contre ma plume ou ma pointe Bic serai-je demain moins vulnérable ? Trouverai-je enfin le fil à repêcher la mère qui a l'œil tout rond ? "

    Ce que j'en pense :

    Ça fait du bien de lire un tel livre avec une écriture magnifique qui n'empêche pas l'émotion. L'auteur joue, rebondit sur des mots, des paroles de chansons, des bruits... pour nous faire découvrir et aimer cette femme, qui pourrait être notre mère. Voilà un livre qu'on a envie de lire en dégustant chaque phrase. Magnifiques illustrations du peintre Camelus.

    Au fil de ma mère

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