• Pour services rendus

    "Pour services rendus" de Iain Levinson - Liana Levi

    Présentation de l'éditeur :

    En 1969, ils étaient au Vietnam, embourbés dans la jungle et dans une guerre de plus en plus absurde. Fremantle, sergent aguerri, à la tête d’une section de combat, Drake, jeune recrue pas très douée. En 2016, ces deux-là se retrouvent, après quarante-sept ans… L’ancien sergent dirige sans enthousiasme le commissariat d’une petite ville du Michigan, et le soldat malhabile est un sénateur en campagne pour sa réélection. Ce dernier a raconté ses faits d’armes au Vietnam, version Disney Channel, pour s’attirer un électorat de vétérans, et il recourt à son ancien chef pour les valider. Ce ne sera qu’une petite formalité, une interview télévisée amicale, dans laquelle Fremantle ne devra pas vraiment mentir, non, il devra juste omettre de dire toute la vérité. Pas de quoi fouetter un flic…

    Un roman au vitriol, où le mensonge est le nerf de la guerre et de la politique.

    Première page :

    "Tunnels de Cu Chi, 30 km au nord de Saïgon Mai 1969

    La première chose que voit Billy Drake en descendant du camion est le corps d’un homme mort étendu par terre. Celui-ci ne porte qu’un pantalon noir qui n’est guère plus qu’une guenille, et ses cheveux sont emmêlés autour de son visage comme s’ils étaient mouillés. Billy remarque qu’il est petit et très maigre. On distingue nettement ses côtes. Il ne repère aucune blessure sur le cadavre étendu au soleil, manifestement vietnamien, et se demande s’il est mort de faim. Des soldats fument à proximité et Billy s’approche d’eux. «Hé, fait-il, je cherche la deuxième section, compagnie Bravo. » Un des hommes le regarde, un grand, décharné, à la peau comme du cuir. Il indique sa gauche sans un mot. Aucun des autres soldats ne lève les yeux sur lui. Billy tourne la tête et remarque des camions-citernes à l’arrêt et deux hommes qui discutent, penchés sur une carte étalée sur le capot d’une jeep. Il y a d’autres corps alignés sur le sol, en guenilles noires, sans chemise, tous maigres et les cheveux collés au visage; pas de blessures ni de sang apparents. …"

    Ce que j'en pense :

    Pas de manichéisme dans ce très beau roman mais beaucoup de lucidité. L’ancien sergent au Vietnam et le sénateur en campagne sont très bien décrits avec leurs ambigüités, mais avec beaucoup d’empathie. La critique de la politique aux États-Unis (on peut élargir à bien d’autres pays) est cinglante, ironique et très efficace.

    Pour services rendus

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  • Désordre

    "Désordre" de Leslie Kaplan -POL

    Présentation de l'éditeur :

    Ce petit livre est issu d’un mouvement de colère et d’indignation. Et d’un constat : le monde marche sur la tête. Il y a un mensonge sur l’origine de la violence. La violence vient d’abord d’en haut, pas d’en bas. De ceux qui possèdent le pouvoir, l’argent, l’éducation, etc., et qui se comportent comme des privilégiés. Elle ne vient pas des opprimés, des exploités, qui cherchent à défendre ou à élargir de maigres acquis en usant de moyens parfaitement légaux et inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, comme le droit de manifester. C’est drôle, inquiétant et cruel. C’est une farce sanglante qui rappelle certains textes de Voltaire ou de Dostoïevski.

    Première page :

    "Il y eut ce printemps-là une série de crimes particuliers, rapidement nommés dans la presse « crimes du XIXe siècle ». Ceux qui les commettaient étaient des exploités de toutes sortes, employés, salariés, ouvriers agricoles, domestiques variés, misérables divers, et ceux qui étaient assassinés étaient des patrons, des patronnes, des gens pour qui « il n’y avait qu’à », qu’à faire quoi ?"

    Ce que j'en pense :

    Tout petit livre (une cinquantaine de pages) mais dans tous les sens du terme. Le bandeau "ça suffit la connerie" est sans doute ce qu'il y a de meilleur. L'éditeur en met des tartines pour présenter ce livre, mais de là à le comparer à des textes de Voltaire ou Dostoïevski, il ne faut pas exagérer. La lecture peut parfois faire sourire ou rire jaune en pensant à l'actualité mais Leslie Kaplan nous avait habitué à bien mieux.

    Désordre

     

     

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  • Sans défense

    "Sans défense" de Harlan Coben - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Dix ans que le privé Win Lockwood attend ce moment. Dix ans qu'il tente de retrouver la trace de deux enfants kidnappés. Et l'un d'eux est là, devant lui, dans cette ruelle malfamée de Londres. Win touche au but. Le happy end est proche. Mais le garçon lui échappe. Retour à la case départ. Le moment est venu pour Win d'appeler du renfort : son associé, son meilleur ami, le détective Myron Bolitar. 
    Après huit ans d'absence, Bolitar fait son grand retour dans une enquête explosive, à très haute fréquence artérielle. 

    Première page :

    "LE GARÇON DISPARU DEPUIS DIX ANS s’avance dans la lumière.

    Je ne suis pas du genre hystérique ni même enclin au sentiment qu’on nomme communément la stupéfaction. Durant mes quarante et quelques années d’existence, j’en ai vu de toutes les couleurs. J’ai failli être tué… et j’ai tué. J’ai été confronté à une perversité que beaucoup trouveraient difficile à imaginer, voire inconcevable. D’aucuns argueraient que j’en ai fait autant. J’ai appris au fil des ans à contrôler mes émotions et, qui plus est, mes réactions dans des situations stressantes ou explosives. Je peux frapper vite et violemment, mais je n’agis jamais sur un coup de tête ni de manière irréfléchie.

    Disons que ces qualités m’ont sauvé, moi et ceux qui me sont chers, à plus d’une occasion.

    J’avoue cependant que, en voyant ce garçon – du reste, c’est un adolescent maintenant –, je sens mon pouls s’accélérer. Mes oreilles se mettent à bourdonner. Inconsciemment, je serre les poings."

    Ce que j'en pense :

    L’intrigue est très bien ficelée, les personnages sont presque tous bien campés (on peut se demander ce que certains viennent faire dans ce livre si on n’a pas lu les précédents aventures avec les mêmes enquêteurs). L’écriture est agréable avec beaucoup d’humour, des dialogues assez mordants. Pas vraiment un coup de cœur mais un bon moment de lecture.

    Sans défenseSans défense

     

     

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  • Oxymort

    "Oxymort" de Franck Bouysse - Moissons Noires

    Présentation de l'éditeur :

    Je jure que, s'il m'en laisse la moindre occasion, je le tuerai.
    Je me demande depuis combien de temps je suis enfermé ici. Je ne sens plus les muscles de mon corps. J'ai beau chercher, je ne comprends pas ce que je fais là.
    La chaîne mesure environ trois mètres. La longueur nécessaire pour atteindre la porte, l'effleurer. On me glisse toujours mon repas lorsque je dors. Plus d'une fois, j'ai tenté de rester éveillé pour surprendre l'arrivée du plateau, mais je n'y suis jamais parvenu. À croire qu'on m'épie en permanence...
    Enfermé.
    La pire des choses à vivre pour un homme.

    Première page :

    "C’était tout de même pas si difficile que ça de mourir. Quelque chose qu’il fallait faire un jour ou l’autre. Ça ne devait pas faire bien mal, vingt centimètres de lame froide dans le ventre. Il ne s’était pas foutu de la gueule du type. Du premier choix, cette lame. Achetée à un armurier de la rue de la Cité aux airs de Robert Mitchum.

    Avant d’enfoncer la lame dans les tripes du type, il s’était renseigné, puis entraîné à chercher le foie et les poumons. Au moment de passer à l’acte, l’instinct avait parlé. Un surgissement primal. Il s’était vite rendu à l’évidence que trouver l’un ou l’autre des organes visés n’était pas important ; que ça laissait suffisamment de traces pour entraîner la mort. "

    Ce que j'en pense :

    Livre décevant lorsqu’on a lu les autres livres de Franck Bouysse. C’est une mauvaise idée des éditions « Moissons noires » d’avoir réédité ce livre en faisant croire que c’est un nouveau « Bouysse ». On ne retrouve pas la force et la profondeur de l’auteur. Son style est trop « visible » et on trouve l’intrigue et les personnages assez formels ; on ne rentre pas complètement dans ce thriller.

    Oxymort

     

     

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  • Une femme en contre-jour

    "Une femme en contre-jour" de Gaëlle Josse - Notabilia

    Présentation de l'éditeur :

    « Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants.

    Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos.

    Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille.

    Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago.

    Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste.

    Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique.

    L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts.

    Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d’écrivain. »

    G.J.

    Dix ans après la mort de Vivian Maier, Gaëlle Josse nous livre le roman d’une vie, un portrait d’une rare empathie, d’une rare acuité sur ce destin troublant, hors norme, dont la gloire est désormais aussi éclatante que sa vie fut obscure.

    Première page :

    Chicago, Rogers Park, décembre  2008 Sous le ciel blanc de ces derniers jours de décembre, les goélands argentés et les canards cisaillent l’air en piaillant au-dessus du lac Michigan gelé. Une femme âgée, très âgée, les suit du regard. Elle est sortie malgré le froid, malgré la neige qui enserre la ville dans son emprise depuis de longues semaines. Elle est venue s’asseoir, comme chaque jour, sur ce banc, son banc, face au lac. Pas trop longtemps, impossible de rester immobile par un tel froid. Ses pensées sont emmêlées, agitées comme le vol des oiseaux au-dessus du lac gelé qui cherchent des eaux encore libres de glace. Ce lac, comme une mer. On ne voit pas l’autre rive. Et si c’était la mer? Peut-être le souvenir de quelques bateaux lui revient-il fugitivement en mémoire. Mais comment savoir, car tout vacille. La scène ressemble à une photo qu’elle aurait pu prendre. Composition parfaite. Le banc, avec ces deux arbres nus, de chaque côté, au garde-à-vous, figés dans l’engourdissement de l’hiver.

    Ce que j'en pense :

    C’est sans doute lié à la personnalité de Vivian Maier, secrète, ambiguë, presque invisible mais le livre de Gaëlle Josse ne m’a pas vraiment touché comme ses autres livres. Le début, en particulier parait confus, on peut se perdre dans ces histoires de famille. On sait qu’on n’en saura pas plus sur cette femme et cela est un peu frustrant. Voilà un nouveau genre de livre : une biographie sur une presque inconnue qui a laissé un nombre incalculable de photos. Je conseille, après lecture de ce livre, d’aller voir les photos et de lire la courte pièce de Guillaume Poix « Tout entière » (éditions théâtrales).

    Une femme en contre-jour

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