• Histoire de ta bêtise

    "Histoire de ta bêtise" de François Begaudeau - Pauvert

    Présentation de l'éditeur :

    Tu es un bourgeois.
    Mais le propre du bourgeois, c’est de ne jamais se reconnaître comme tel.
    Petit test  :
    Tu votes toujours au second tour des élections quand l’extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage.
    Par conséquent, l’abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible.
    Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel.
    Tu es bien convaincu qu’au fond les extrêmes se touchent.
    L’élection de Donald Trump et le Brexit t’ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d’assez loin ce qui se passe aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
    Naturellement tu dénonces les conflits d’intérêts, mais tu penses qu’en voir partout relève du complotisme.
    Tu utilises parfois (souvent  ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi.
    Tu leur préfères définitivement le mot ouverture.
    Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi.
    Prends le risque de l’ouvrir.

    Première page :

    "Souvent pendant la campagne je t’ai trouvé bête. Je t’écoutais, et je pensais : comme c’est bête. Le penser n’était pas très correct de ma part. Pas très courtois et passablement hautain. Mais peut-on jamais réfréner une pensée ? Dépréciative ou non, une pensée me traverse comme un courant d’air. D’elle je suis aussi innocent que toi de tes mots, qui par ta bouche ne font que passer. Tu n’en es pas l’auteur. Tu es parlé, tu es pensé. À travers toi parle et pense une condition, une position sociale, une situation, dont il faudrait raconter l’histoire.

    Il faudra travailler à une généalogie de ta bêtise.

    Ce travail t’exonérera. Si tu es parlé par ta condition, par ta position, tu n’y es pour rien. Je ne viens pas te juger mais te nommer. Te prendre dans mes phrases et peut-être, à la fin, dans mes bras.

    Les bavardages passés par toi au cours du printemps 2017, j’aurais pu faire en sorte qu’ils ne me parviennent pas. "

    Ce que j'en pense :

    Voilà un livre qui a du faire du bien à l’auteur. Ça balance pas mal sur le bourgeois (le minuscule, le petit, le moyen et le grand !). L’auteur ne s’épargne pas et il n’épargne pas non plus son lecteur. Cela peut également faire du bien au lecteur s’il partage (un peu, beaucoup) les idées de l’auteur. Sinon, ce livre va provoquer quelques réactions épidermiques et « révéler » de vrais bourgeois qui se sentiront pris au piège.

    Histoire de ta bêtise

    Histoire de ta bêtise

     

     

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  • Plateau

    "Plateau" de Franck Bouysse - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    Plateau de Millevaches. Judith et Virgile tiennent une petite ferme dans un hameau. Le couple a élevé Georges, un neveu dont les parents sont morts dans un accident de la route quand il avait cinq ans. Il vit dans une caravane tout près de chez son oncle et sa tante. Lorsqu'une jeune femme vient s'installer chez lui, lorsque Karl, ancien boxeur tiraillé entre pulsions sexuelles et croyance en Dieu, emménage dans une maison du même village, et lorsqu'un mystérieux chasseur sans visage rôde alentour, les masques s'effritent et des coups de feu résonnent sur le Plateau.
    Une écriture ciselée pour exprimer la rudesse du paysage et la profondeur des caractères. Comme Grossir le ciel, noir et bouleversant.

    Première page :

    " Cet endroit, on s’y jette avec dévotion. On s’y perd, aussi, guidé par l’instinct, quelque chose de sacré. Quand les voix se muent en mortelles suppliques et les chants en discours primitifs. Un endroit où se tenir debout, dans l’orgueilleuse posture de l’initié. Un endroit où le monde s’arrête chaque jour pour des armées d’êtres vivants incapables d’en imaginer un autre, et si quelque fou avait l’idée d’y bâtir une ville, il s’en trouverait toujours un pour sculpter sa propre folie dans le tronc d’un chêne centenaire, et remiser l’âme égarée dans la profondeur des enfers.

    Un endroit où l’on prie encore à l’édification d’une simple maison de pierres grises parfumées de torchis, et même qu’on n’en voudrait à personne que des dieux anciens se risquent à émettre un avis contraire. On s’en remettrait à eux sans discussion. Car aucun homme sain de corps et d’esprit n’est en mesure d’offrir quoi que ce soit à cette terre et, prenant conscience d’une telle évidence, il peut y demeurer, la servir en quelque manière, chevaucher les montagnes, dépenser un bonheur asservi durant le temps d’une existence, et puis pourrir dans la vallée."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve bien sûr la façon qu’a l’auteur de nous mettre au cœur d’un paysage plutôt rude, de nous montrer des personnages taiseux, complexes, secrets mais souvent sympathiques. Reconnaissons toutefois que l’arrivée du personnage du chasseur parait un peu étonnante et peu crédible. L’écriture est toujours aussi riche, poétique. Mais il y a quelque chose qui pourrait lasser, comme si l’auteur avait tiré le bon filon. On ne retrouve que rarement la force et la puissance de « Grossir le ciel ». Sans doute faut-il éviter de lire trop de Bouysse à la suite.

    Plateau

    Plateau

     

     

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  • Trouver l'enfant

    "Trouver l'enfant" de René Denfeld - Rivages/Noir

    Présentation de l'éditeur :

    Madison Culver a disparu alors que ses parents choisissaient un arbre de Noël dans la forêt nationale de Skookum, Oregon. Elle aurait aujourd'hui huit ans. Certains qu'elle est encore vivante, les Culver se tournent vers Naomi Cottle. Enquêtrice privée connue de la police comme "la femme qui retrouve les enfants", Naomi est leur dernier espoir. Sa recherche méthodique l'emmène dans les terres sauvages du Nord-Ouest Pacifique, et au cœur de son propre passé. Alors que Naomi suit la piste de l'enfant, les fragments d'un rêve sombre viennent lui rappeler une perte terrible depuis longtemps refoulée.

    Première page :

    "C’était une petite maison jaune donnant sur une rue déserte. Elle dégageait une impression de découragement, mais de cela, Naomi avait l’habitude. La jeune mère qui ouvrit la porte était frêle et paraissait beaucoup plus âgée qu’elle ne l’était. Ses traits semblaient tirés et fatigués.

    « C’est vous qui retrouvez les enfants », dit-elle.

    Elles s’assirent sur un canapé dans la salle de séjour vide. Naomi remarqua un tas de livres d’enfants entassés sur la table près d’un fauteuil à bascule. Elle aurait pu jurer que rien n’avait changé dans la chambre de la fillette.

    « Je m’en veux de ne pas avoir entendu parler de vous plus tôt, dit le père en frottant ses mains l’une contre l’autre dans le fauteuil proche de la fenêtre où il était assis. Nous avons tout essayé. Tout ce temps…

    – Même un médium, compléta la mère avec un sourire douloureux.

    – On dit que vous êtes la meilleure pour retrouver les enfants qui ont disparu, reprit le père. Je ne savais même pas qu’il existait des enquêteurs spécialisés, pour ça.

    – Vous pouvez m’appeler Naomi », leur dit-elle.

    Du regard, ils la scrutaient : ossature robuste, mains tannées que le travail ne semblait pas rebuter, longs cheveux bruns, un sourire désarmant."

    Ce que j'en pense :

    La disparition d’enfant, voilà un sujet très sensible. Le cauchemar vécu par la fillette est décrit avec beaucoup de pudeur et cela en a encore plus de force. L’autrice a traité ce roman de façon admirable en ajoutant plusieurs points de vue. Elle sait nous entrainer dans ces paysages de forêt enneigée et glaciale de l’Oregon. Le personnage de Naomi est d’une belle complexité mais la description des autres protagonistes est également bien réussie.

    Trouver l'enfant

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  • Les vieux fourneaux, tome 5

    "Les vieux fourneaux, Bons pour l'asile" de Lupano et Cauuet - Dargaud

    Présentation de l'éditeur :

    Retour à Paris pour Antoine, Mimile et Juliette. Le plan est simple : ramener Juliette auprès de sa mère, puis filer au Stade de France pour assister au match de rugby France-Australie. C'est du moins ce qui est prévu... Mais, désireuse de voir son père et son grand-père se rabibocher, Sophie les oblige à s'occuper ensemble de Juliette jusqu'au lendemain. Mimile ne peut donc compter que sur Pierrot pour l'accompagner au match. Or, Pierrot l'anarchiste mène un nouveau combat : il s'est engagé en faveur des migrants. Alors vous pensez bien qu'assister à un match opposant la France, qui refuse d'accueillir les migrants, à l'Australie, qui ne pense qu'à les entasser dans des camps, bafouant ainsi les droits de l'homme, c'est hors de question ! Mimile n'a plus pour seule compagnie que ses désillusions... Et si lui aussi était bon pour l'asile ?

    Extrait :

    Les vieux fourneaux, tome 5

     

    Ce que j'en pense :

    Ce tome 5 est plutôt mieux réussi que le tome précédent. On y croit un peu plus et les sujets d'actualité sont présents (comme les migrants). On a même l'impression que nos vieux anarchistes sont prêts à enfiler un gilet jaune dans le prochain tome !

    Les vieux fourneaux, tome 5

    Les vieux fourneaux, tome 5Les vieux fourneaux, tome 5

     

     

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