• La vraie vie

    "La vraie vie" de Adeline Dieudonné - L'Iconoclaste

    Présentation de l'éditeur :

    C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
    Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.

    D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing.

    Première page :

    "À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres. 

    Des daguets, des sangliers, des cerfs. Et puis des têtes d’antilopes, de toutes les sortes et de toutes les tailles, springboks, impalas, gnous, oryx, kobus… Quelques zèbres amputés du corps. Sur une estrade, un lion entier, les crocs serrés autour du cou d’une petite gazelle. 

    Et dans un coin, il y avait la hyène. 

    Tout empaillée qu’elle était, elle vivait, j’en étais certaine, et elle se délectait de l’effroi qu’elle provoquait dans chaque regard qui rencontrait le sien. Aux murs, dans des cadres, mon père posait, fier, son fusil à la main, sur des animaux morts…"

     

    Ce que j'en pense :

    J’ai toujours beaucoup de méfiance lorsqu’un livre fait l’unanimité dans la presse et dans la blogosphère… mais là … je m’associe au concert de louanges à la publication de ce premier roman d’une auteure belge (il y a quand même beaucoup de gens talentueux chez les belges !). Je n’ai pas pu lâcher le livre avant la fin. C’est une écriture magnifique à la fois pleine d’humour, d’inventions et de forces. On se dit, après avoir lu une dizaine de pages, que ça ne va pas pouvoir tenir avec cette énergie jusqu’au bout… et bien si, ça tient ! C’est un conte sauvage, initiatique, drôle, cruel, sensuel, poétique, sombre… (et on pourrait ajouter d’autres adjectifs pour monter la richesse de ce livre). 

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  • Le jour d'avant

    "Le jour d'avant" de Sorj Chalandon - Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    « Venge-nous de la mine, avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis. À sa mort, mes poings menaçant le ciel. Je n’ai jamais cessé de le lui promettre. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte en esseulée. J’allais tous nous venger de la mine. Nous laver des Houillères, des crapules qui n’avaient jamais payé leurs crimes. »

    Suite au décès de son frère Joseph, mineur, à cause du grisou dans la fosse Saint-Amé à Liévin en décembre 1974, Michel Flavent se promet de le venger un jour et quitte le nord de la France. Quarante ans après, veuf et sans attache, il rentre au pays pour punir le dernier survivant, un vieux contremaître, et enfin tourner la page.

    Première page :

    "Joseph, mon frère

    (Liévin, jeudi 26 décembre 1974)

    Joseph, serré tout contre moi. Lui sur le porte-bagages, jambes écartées par les sacoches comme un cow-boy de rodéo. Moi penché sur le guidon, main droite agaçant la poignée d'accélération. Il était bras en l'air. Il chantait fort. Des chansons à lui, sans paroles ni musique, des mots de travers que la bière lui soufflait.

    Les hurlements de notre moteur réveillaient la ville endormie.

    Mon frère a crié.

    — C'est comme ça la vie !

    Jamais je n'avais été aussi fier.

    J'avais conduit la mobylette de Jojo une seule fois avant cette nuit-là. En rond dans notre cour de ferme, comme un cheval de manège empêché par sa longe. Il avait acheté cette Motobécane pour remplacer la vieille Renault qu'il n'utilisait plus. Il ne réparait pas sa voiture, il la ranimait. Et la laissait vieillir le long du trottoir."

    Ce que j'en pense :

    C’est un roman qu’on lit avec beaucoup d’émotion. Chalandon a vraiment beaucoup de talent pour nous faire pénétrer dans cet univers des corons, dans ce monde des mineurs. Il sait aussi nous réserver des surprises et des rebondissements… Il faut lire les romans de Chalandon !

    Le jour d'avant

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  • Comme un lundi

    "Comme un lundi" de Thomas Vinau - La fosse aux ours

    Présentation de l'éditeur :

    Avec délicatesse et poésie, Thomas Vinau chante « la petite fumée de nos vies ». Il cherche le mot juste pour dire la solitude des matins gris, la lassitude des jours qui se ressemblent, puis, comme un éclair, la beauté d'un instant suspendu.

    Ses poèmes en prose sont à la fois mélancoliques et lumineux.
    Lire Thomas Vinau c’est porter un regard différent sur les choses et les situations du quotidien. C'est se laisser entraîner dans une rêverie poétique, des textes courts où les émotions se chevauchent, nous faisant passer du sourire à la profondeur.

    Extrait :

    "Nous

    Dire la glace sur ta joue. Nos discussions et nos partages. Mes colères ridicules. Nos petits riens. Nos pieds sales. Tes danses sauvages. Dire le vent dans les arbres. Et les jets d'eau. Et les moineaux qui s'y baignent. Et la lumière sur les pierres de la terrasse. Dire les jouets qui ruminent à l'ombre. Le Polux à roulettes. le ballon Spiderman. le Tigrou dans la poussière. Dire les araignées. Les plantes grasses qui tombent. Nos orteils dans les mauvaises herbes. La piqure de moustique qui trône entre tes seins. Puisque Avoir c'est Perdre et que le temps est un menteur, je note les éclats de rire, les tomates-cerises, les gouttes de sueur. Nous n'avons pas peur de la peur. Nous bricolons à petits pas. Nous sommes fourmis dans le broyeur et peut importe où va l'égout. Sur notre bouchon de fortune, nous savons ce que veut dire nous.  Nous plaignons ceux qui ne savent pas."

    Ce que j'en pense :

    Poèmes en prose avec du quotidien souvent banal. Vinau nous aide à voir ce qui souvent nous échappe. On se demande comment on a pu éviter cette poésie de l’ordinaire. Voilà un livre qui fait du bien !

    Comme un lundi

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  • La petite gauloise

    "La petite gauloise" de Jérôme Leroy - la manufacture de livres

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une grande ville de l'Ouest, le temps est suspendu et l'on s'attend au pire. Enfin, si seulement on savait à quoi s'attendre... Mais il aurait fallu que l'indic parle plus tôt. Ou que le flic auquel il s'est confié avant d'être descendu ne soit pas lui aussi tué par erreur. Il aurait fallu que les types qui préparent le coup ne se retrouvent pas éparpillés aux quatre coins de la ville, planqués dans des caves et des entrepôts. Il aurait fallu que cette affaire là ressemble à ce que l'on connaît. Seulement qui pouvait prévoir que tout repose entre les mains d'une gamine encore au lycée, de cette petite gauloise mystérieuse et prête à tout pour que sa vie ait un sens. Après Le Bloc et L'Ange gardien, Jérôme Leroy, subtil observateur des dérives politiques et identitaires de notre société, nous offre un nouveau roman incisif et troublant.

    Première page :

    "La raison pour laquelle la tête du capitaine de police Mokrane Méguelati, de l'antenne régionale de la Direction générale de la sécurité intérieure, vient d'exploser sous l'effet d'une balle de calibre 12, sortie à une vitesse initiale de 380 mètres par seconde du canon de 51 cm d'un fusil à pompe Taurus, fusil lui-même tenu par le brigadier Richard Garcia, policier municipal, est sans doute à chercher dans des désordres géopolitiques bien éloignés de la banlieue caniculaire qui surplombe cette grande ville portuaire de l'Ouest, connu pour son taux de chômage aberrant, ses chantiers navals agonisants et sa reconstruction élégamment stalinienne après les bombardement alliés de 1944."

    Ce que j'en pense :

    C’est plein d’ironie assez mordante et parfois féroce mais pour moi c’est toujours clairvoyant. Il faut bien sûr rentrer dans l’écriture de Jérôme Leroy qui se situe souvent entre humour et désespoir. La vie dans le lycée, les personnages de profs, d’écrivain, d’élèves… sont parfaitement décrits. Très grand roman noir (plutôt court : 140p).

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  • Or noir

    "Or noir" de Dominique Manotti - folio policier

    Présentation de l'éditeur :

    Marseille, 1973. Le commissaire Daquin, vingt-sept ans, prend son premier poste au commissariat de l'Évêché. Il découvre une ville ensanglantée par les règlements de comptes liés à la liquidation de la French Connection. Il tente de faire son trou au sein des services de police en guerre larvée. Il assiste à la naissance mouvementée d'un nouveau marché de produits pétroliers, et à l'ascension fulgurante des traders assoiffés d'argent frais qui le mettent en œuvre. En somme, tout pour le pousser à constater sans tarder que les requins les plus dangereux ne sont pas ceux que l'on croit...

    Première page :

    "Mai 1966, New York

    Au mois de mai à New York, il fait beau, l’air est doux, loin des chaleurs écrasantes de l’été, un temps propice aux mondanités. Ce jour-là, Michael Frickx, le trader le plus en vue de CoTrade, société de trading de minerais dont le siège est à New York, épouse Emily Weinstein, la petite-fille de Nat Weinstein, le patron de la Société des Mines d’Afrique du Sud, à la grande synagogue de la 5e Avenue.

    Après la cérémonie religieuse et avant un grand dîner de plusieurs centaines de couverts dans un grand hôtel de la ville, Joshua Appelbaum, le patron de CoTrade, reçoit chez lui une cinquantaine de proches, pour leur présenter lui-même la jeune épouse, et arroser entre amis l’heureux événement.

    Il habite un appartement de deux étages au sommet d’un gratte-ciel sur la 5e Avenue. Debout dans le petit salon qui jouxte l’entrée, il reçoit ses invités en compagnie de la mariée, âgée de vingt ans. Les invités la dévisagent avec curiosité et une touche de méfiance. Personne ne la connaît, elle débarque directement de l’Afrique du Sud, …"

    Ce que j'en pense :

    Encore un polar bien écrit et très bien documenté de Dominique Manotti. Le rythme est un peu lent car il est ralenti par les explications politico-financiéro-mafieuse des environs de Marseille. Dommage.

    Or noir

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  • Les bracassées

    "Les bracassées" de Marie-Sabine Roger - La brune au Rouergue

    Présentation de l'éditeur :

    Fleur et Harmonie ont des prénoms un peu... trompeurs. Harmonie est jeune, nerveuse, sensible. Elle est affligée d'un syndrome pénible, et se collète résolument avec une vie qui ne lui fait pas de cadeaux. Fleur est âgée, obèse, pétrie d'angoisses, de manies. Elle vit seule avec son chien Mylord et son armoire à pharmacie. Elle se méfie de tout le monde, sauf de son thérapeute, le cher docteur Borodine. Autour d'elles, Elvire, Tonton, le merveilleux Monsieur Poussin. Autant de personnages singuliers, touchants et drôles. Rien n'aurait dû les rassembler, si ce n'est leur étrangeté et le fait que la société fait d'eux des inclassables, incapables, déclassés, bras cassés. Dans ce roman, il y a de la musique russe, un petit chien en surpoids, des gens un peu fêlés, des monstres improbables, de très beaux portraits en noir et blanc, de la traîtrise et du drame, et - ce n'est pas du luxe - un peu de tolérance.

    Première page :

    "Lundi 26 juin 16 h 38

    J’ai rendez-vous à 18 h 15 avec la jeune femme qui m’a téléphoné pour l’annonce, et je me suis aperçue après son appel que je n’avais même pas pensé à lui demander son nom. C’est stupide de ma part, et d’une telle indélicatesse ! Je n’ai pas osé la rappeler. Je me le suis vertement reproché, même si j’ai des excuses, car parler au téléphone est bien trop pénible pour moi. Le docteur Borodine m’encouragerait à ce genre d’exercice, j’en suis sûre. Il aurait certainement raison. Malgré tout, si je peux éviter de me mettre toute seule dans des situations que je déteste, je ne vais pas m’en priver. Thérapie ou pas thérapie.

    Je ne sais pas de quelle façon cette jeune femme aura interprété mon manque de curiosité. Je ne voudrais pas passer à ses yeux pour une de ces personnes prétentieuses pour lesquelles une employée de maison en vaut une autre, sans qu’il soit nécessaire de connaître son nom.

    De plus, elle m’a fait très bonne impression, même si j’ai eu par moments quelques difficultés à la comprendre."

    Ce que j'en pense :

    Dans ce livre on retrouve chez Marie Sabine Roger l’humour, la tolérance, le respect et l'empathie pour les personnes « différentes ». Il y a bien sûr des portraits très réussis et c’est le cas de la jeune « Harmonie ». Pour la vieille « Fleur » c’est beaucoup moins crédible.

    Les bracassées

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