• Autour d'elle

    "Autour d'elle" de Sophie Bienvenu - éditions Le cheval d’Août

    Présentation de l'éditeur :

    En 1996, une adolescente de seize ans accouche d’un garçon dans l’anonymat d’un hôpital de Montréal. Autour d’elle retrace vingt ans des vies de Florence Gaudreault et de son fils biologique à travers le prisme d’une vingtaine de personnages qui ont croisé leurs chemins et qui racontent, chacun à leur tour, leur propre histoire.
    Jeunes, vieux, familles, couples ou solitaires en rupture de ban : de secrets en rebondissements, Bienvenu sonde les faillites et espoirs de tout un pan d’humanité, et dévoile ce qui affleure de fragile sous la dure écorce des cicatrices du passé.

    Première page :

    "Elle va dire oui. C’est sûr, ce soir, elle va dire oui. Ça fait des semaines qu’elle me laisse aller plus loin, de fois en fois. Hier, je lui ai dit que Marie-Ève, elle le fait, elle. Pis qu’elle me veut. Pour vrai, je m’en sacre, de Marie-Ève. C’est quoi le point d’avoir une fille que tout le monde peut avoir? Il est où, le défi, là-dedans? La première fois que j’ai vu Florence, elle s’était cachée en arrière de ses livres. Elle les tenait contre elle comme si c’était ce qui l’empêchait de partir en courant. Elle avait un drôle de bandeau dans les cheveux avec un nœud sur le côté, le col de son polo était boutonné jusqu’en haut, et sa jupe trop grande lui tombait sous les genoux. Je me suis dit que ça se pouvait quasiment pas. Les filles, normalement, je sais pas trop comment elles font, mais elles savent s’arranger pour avoir l’air de quelque chose avec n’importe quoi, même un uniforme. Je peux pas dire que j’aime pas ça. Mais Florence, elle est spéciale. Elle le sera p’têt’ toujours. Le premier cours de l’année avait commencé depuis quelques minutes quand ç’a toqué à la porte. Le prof a dit d’entrer, mais ç’a recogné. «Entrez!» qu’il a répété, déjà fru. Quelques secondes sont passées avant que la porte s’ouvre…"

    Ce que j'en pense :

    Ce roman est souvent qualifié de roman choral car il donne la parole à beaucoup de personnages qui ont quelque chose à voir avec Florence. C’est très bien écrit et très bien ficelé, mais, et c’est souvent le cas dans ce genre d’écrit, tous les chapitres n’ont pas la même force. C’est quand même une auteure qui mérite amplement d’être suivie.

    Autour d'elle

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  • Et au pire on se mariera

    "Et au pire on se mariera" de Sophie Bienvenu - éditions La Meche

    Présentation de l'éditeur :

    Avant de rencontrer Baz, Aïcha était tout le temps enragée. Elle traînait son enfance brisée en essayant d’éviter sa mère, les vieux puants et les seringues usées du parc. Maintenant qu’elle est amoureuse, elle voit les balançoires dans les parcs de Centre-Sud. Voilà pourquoi, pour Baz, Aïcha ferait tout, même le pire. Tout, c’est ce qu’elle doit raconter à cette femme qui la regarde comme une page de faits divers. Mais suivre le récit d’Aïcha, c’est entrer dans un labyrinthe pour s’y perdre autant qu’elle.

    Première page :

    "Ouais, Aïcha, c’est vraiment mon prénom. À cause de la chanson, tu sais ? Non, tu sais pas. Personne la connaît, mais c’est pas grave. Je sais que j’ai plutôt la tête à m’appeler Rosalie ou Camille, mais je m’appelle Aïcha. Aïcha Saint-Pierre. Saint-Pierre, c’est le nom de ma mère, et Aïcha… c’est parce que mon père est algérien. O.K., pas mon père « père », mais… le gars avec qui elle était quand elle est tombée enceinte de moi. Il est resté un moment, quand même. Jusqu’à ce qu’il arrête d’espérer que mes cheveux deviennent bruns et mes yeux aussi. Et ma peau aussi. Il était nice. Et il était beau. J’ai une photo de lui dans mon sac. Si tu veux la voir, je pourrais te la montrer, à un moment donné. Plus tard, genre… quand ils m’auront rendu mon sac. Ils vont me rendre mon sac, hein ? Parce que j’ai des trucs importants dedans. Ils vont fouiller dedans ?"

    Ce que j'en pense :

    C'est un criss de bouquin... même si on n'est pas complètement en phase avec le parler québécois. Un long cri d'amour et de rage. On a vraiment envie de lire ce livre à voix haute (très haute). Ce qui fait la force de ce roman (ou théâtre?) c'est qu'on ne sait jamais si l'héroïne  raconte ses envies et ses fantasmes ou si elle dit à sa manière ce qui s'est réellement passé ; beaucoup de choses (très graves) sont ainsi laissées en suspens.

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  • Bonheur à gogos !

    "Bonheur à gogos!" de Jean-Louis Fournier - Payot

    Présentation de l'éditeur :

    "J'ai toujours cru que je serai heureux demain. C'est quand demain ?" Exercices pratiques de confiance en soi, méditation, huiles essentielles, pierre de rhinocérite, croisière du bien-être... Jean-Louis Fournier a testé pour vous les thérapies en tout genre et la montagne de petits conseils qui peuvent tout changer pour être heureux. Ce qu'il livre est drôle, sensible et d'une grande justesse, et sa dérision nous libère de la tyrannie du bonheur.

    Première page :

    "Allô, bonjour, comment vas-tu ?

    Elle a gloussé et elle a dit : « Que du bonheur. »

    J’ai raccroché.

    Qu’elle aille se faire foutre la pintade.

    Depuis que tout va mal, jamais expression n’a été aussi « tendance ».

    On est obligé d’être heureux.

    Le bonheur à perpète…

    Aucune excuse.

    Si on est malheureux, c’est vraiment qu’on le cherche.

    Les malheureux sont mal vus, ils doivent raser les murs, se cacher.

    Avoir honte."

    Ce que j'en pense :

    Fournier, comme à son habitude, épingle les petits travers de notre société et la mode des livres de psy et de développement personnel. C’est souvent bien vu et drôle. Il manque cependant la causticité avec un petit grain de méchanceté et de colère que l’on trouvait dans certains de ses livres précédents.

    Bonheur à gogos !

    Bonheur à gogos !

     

     

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  • Naufrage

    "Naufrage" de Biz - Leméac éditions

    Présentation de l'éditeur :

    Frédérick, fonctionnaire de trente-neuf ans, a une maison qui est une ambassade à l'abri des soucis du monde, une femme au sourire solaire et un petit garçon âgé d'un an qui fonce vers lui sur ses jambes neuves comme un obus chargé d'amour. Mais voilà qu'au travail on le mute aux Archives, façon de dire qu'on le met sur une tablette pour qu'il y accumule la poussière. Etre payé à ne rien faire ? C'est un scandale intime, honteux, qui engendre une révolution personnelle, et Frédérick décide bientôt qu'il devra tout faire pour dénoncer publiquement cette situation. Et ensuite... Eh bien, la suite ne se raconte pas. Il vous faudra la vivre en la lisant. Il vous faudra, comme Frédérick, l'éprouver dans votre chair. Et il vous faudra la garder pour vous, lecteurs, car plus rien ne sera jamais pareil. Naufrage est un roman qui fait mal.

    Première page :

    "La grosse secrétaire s'est plantée devant mon cubicule et m'a lancé sèchement, assez fort pour que mes voisins entendent :

    Ils veulent te voir aux RH.

    Moi, pourquoi ? —Je sais pas.

    Quand ?

    Cette convocation à la Direction des ressources humaines n'augurait rien de bon. Je me suis levé en grommelant. La secrétaire s'est mise en marche en ondulant ses grosses fesses. Prisonnières de son pantalon de fortrel, ses cuisses frottaient l'une sur l'autre en un chuintement obscène. Je la suivais comme un condamné à l'échafaud. Je sentais glisser sur moi les regards à la fois compatissants et soulagés de mes collègues de cubicules. Ils étaient en sursis, mais c'étaient eux les prochains.

    Depuis la fusion des ministères, il y avait beaucoup de chambardements de personnel. Licenciement, mutation, retraite anticipée, toutes les options étaient dans le barillet et c'était à mon tour de jouer à la roulette russe. J'avais le canon de l'austérité appuyé sur la tempe. Le hamster de la panique courait dans ma tête. Qu'est-ce que j'allais faire? A quarante ans, j'étais trop jeune pour prendre ma retraite et trop vieux pour me réorienter.

    Les Ressources humaines occupaient tout le cinquième étage. Je n'y étais allé qu'une seule fois…"

    Ce que j'en pense :

    Voilà un roman québécois plein de fraicheur, d’allant, de tendresse … mais uniquement dans la première partie. Ensuite, lorsqu’arrive le « basculement » on est dans un autre livre qui m’a moins plu. L’auteur semble bien plus crédible et plus impliqué dans la partie surréaliste que dans la partie « descente aux enfers ».

    Naufrage

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  • Racket

    "Racket" de Dominique Manotti - éditions Les Arènes

    Présentation de l'éditeur :

    À Paris, un géant américain braque un joyau de l’industrie française : kidnapping, chantage, extorsion, meurtre.
    Le hold-up est presque parfait. Le gouvernement ne voit rien.
    Tout s’achète, et personne ne résiste à la menace.
    Sauf deux flics. Noria Ghozali, commandante au Renseignement intérieur. Un nom pas facile à porter en ces temps d’attentats islamistes. Et le commissaire Daquin, dont la carrière est derrière lui.
    Ils sont bien seuls à s’opposer à ce racket. Est-ce une raison pour renoncer ?

    Haletant et glaçant, Racket signe le grand retour de Noria Ghozali, l’héroïne fétiche de Dominique Manotti.

    Première page :

    "Samedi 13 avril 2013 New York.

    François Lamblin est de très bonne humeur lorsqu'il débarque en fin d'après-midi à l'aéroport JFK, en provenance de Paris, après huit heures de vol, trois whiskies et un excellent polar. À la descente de l'avion, l'air est frais, stimulant. Ce soir, une belle fille ramassée au bar de son hôtel de luxe et, après un repos bien mérité, il sera en forme pour rencontrer de gros clients qu'il séduira en leur présentant les performances des chaudières Orstam de nouvelle génération. Succès garanti, d'après le département Stratégie. Et, s'il triomphe sur le marché américain…"

    Ce que j'en pense :

    C’est un polar très bien documenté sur les dessous des grandes entreprises (on reconnaît facilement Alstom racheté par General Electric). C’est une intrigue politique, économique et financière. On peut même reconnaître des personnalités comme Emmanuel Macron, (secrétaire adjoint de l’Elysée), Arnaud Montebourg (ministre du redressement productif). L’auteur a su nous rendre intéressantes toutes les « combines » qui sont monnaie courante dans ce monde. C’est efficace.

    Racket

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  • Ne te retourne pas

    "Ne te retourne pas!" de Karin Fossum - Odin

    Présentation de l'éditeur :

    Une fillette de six ans est portée disparue. Peu de temps après, le cadavre de l'adolescente Annie Holland est découvert sur la commune d'un petit village où tout le monde se connaît. L'inspecteur Konrad Sejer est confronté à une nouvelle affaire complexe. Ne te retourne pas ! a reçu le Prix Riverton (meilleur roman policier de l'année en Norvège) en 1996. 

    Première page :

    "Ragnhild ouvrit doucement la porte et regarda dehors. Là-haut, sur la route, tout semblait calme : le vent qui avait joué entre les maisons pendant la nuit s'était enfin apaisé. Elle se retourna et tira la poussette de sa poupée sur le seuil.

    - Mais on n'a même pas déjeuné, se plaignit Marthe.

    Elle appuya sur l'arrière de la poussette pour l'aider un peu.

    - Il faut que je rentre. On va faire des courses, répondit Ragnhild.

    - Tu veux que je vienne chez toi après ?

    - Si tu veux. Quand on sera revenues du magasin.

    Elle arrivait à présent sur le gravier et se mit à pousser la voiturette sur le chemin qui montait au portail. Comme elle était lourde, elle se retourna pour la tirer derrière elle.

    - Salut, Ragnhild.

    La porte claqua. Un crissement de bois et de métal. Ragnhild se débattit un peu avec le portail, mais elle n'osa pas le laisser mal fermé : le chien de Marthe risquait de s'enfuir. Il la suivait attentivement des yeux, depuis sa position sous la table de jardin. Après s'être bien assurée que le portail était convenablement verrouillé, elle avança dans la ruelle en direction des abris des garages. Elle aurait pu prendre le raccourci entre les maisons, mais elle jugea que ce serait trop difficile avec la poussette.

    L'un des voisins était en train de fermer son garage. Il lui sourit en boutonnant son pardessus d'une main, un peu maladroitement. Une grande Volvo noire l'attendait en ronronnant doucement."

    Ce que j'en pense :

    J’ai eu un peu de mal à lire ce livre mais j’avais décidé d’aller au bout pour avoir une vraie critique. L’intrigue en elle-même est assez bien menée et pourrait être intéressante. Mais c’est excessivement lent et l’écriture est pour le moins « bizarre ». C’est sans doute du, pour une grande part, à la traduction, mais on est quand même très loin du talent de John Harvey lorsqu’il nous met « dans la peau » de Ressnick.

    Ne te retourne pas

     

     

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