• Les étrangers dans la maison

    "Les étrangers dans la maison" de John Harvey - Rivages/noir

    Présentation de l'éditeur :

    Maria Roy a menti en décrivant les cambrioleurs qu'elle a surpris chez elle, comme deux petits noirs en blousons. Harold, son mari, n'a pas tout dit sur ce que contenait son coffre-fort. Quant au grand type élégant qui s'est courageusement interposé contre un commando venu saccager le restaurant chinois où il dînait, il est autant industriel du textile que Lester Young était chanteur d'opéra... Tant que ces gens-là se mentent les uns aux autres, tout le monde y trouve plus ou moins son compte. Mais lorsque chacun à leur tour, ils viennent mentir au détective-inspecteur Charlie Resnick, il cherche le lien entre les menteurs, un kilo de cocaïne en vadrouille et une vague de cambriolages non éclaircis. Quitte à mettre son nez dans les affaires d'un collègue indélicat et à fréquenter l'univers impitoyable de la télévision...

    Première page :

    "- Bon, alors, qu'est-ce qu'on fait ? On y va ? fit Grice.

    Il sentait le froid commencer à s'insinuer dans les muscles de son dos. Janvier lui collait la haine.

    De son côté, Grabianski trouvait la nuit plus douce qu'à l'ordinaire. Une nuit comme il les aimait.

    - Minute.

    Il s'avança vers le garage. Il bougeait avec une grâce surprenante pour un homme de son poids.

    A travers l'objectif grand-angle d'un agent immobilier, la maison aurait pu passer pour une demeure ou une propriété, mais de là où se tenait Grice, devant l'allée de gravillons, ce n'était qu'une villa surdimensionnée de plus, comme on en trouve au sud de la ville.

    La lumière du jour aurait rendu plus évident encore l'état des peintures, qui n'avaient pas été refaites depuis l'été dernier, voire même l'été d'avant, ainsi que le revêtement des fausses boiseries, qui semblaient comme ravagées d'eczéma. De chaque côté du portail, deux sapins miniatures s'étiolaient dans des barriques. Grice n'avait que trois pas à faire pour tirer la sonnette. Il essaya de se rappeler la dernière fois où il était entré chez quelqu'un en sonnant à la porte.

    - Alors ?

    Les mains dans les poches, Grabianski répondit par un haussement d'épaules.

    - Ça veut dire quoi ?"

    Ce que j'en pense :

    On retrouve avec plaisir l'inspecteur Resnick, ses chats, son humour, sa maison, ses disques de jazz. L'intrigue au rythme lent, est plutôt originale, sans meurtre mais avec des personnages très attachants et particulièrement bien décrits (y compris les "malfaiteurs" et les collègues de l'inspecteur). je crois que je vais poursuivre la série des enquêtes de Resnick.

    Les étrangers dans la maison

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  • Collection de sombréros

     

    "Collection de sombreros" de Thomas Vinau - Vincent Rougier

    Présentation de l'éditeur :

    Dans Retombées de Sombrero de Richard Brautigan, il est question d’un manuscrit jeté dans la poubelle par un écrivain trop amoureux et trop triste. Mais cette histoire refuse d’en rester là, sort de la poubelle et continue à s’inventer toute seule en semant dans la ville un beau bordel. Et bien imaginons que cette histoire se cache dans un coin ou en haut d’un arbre et décide de nous observer, de nous inventer, de nous raconter. Tous. Un par un. 

    Chacun d’entre nous est la page d’un livre. Chacun d’entre nous est une histoire, aussi tragique que grotesque. Chacun d’entre nous est une aventure merdeuse, minuscule et sublime. Un point d’interrogation. Un coup de pinceau. Chacun d’entre nous devrait agir comme ce manuscrit. Refuser et s’inventer dans un beau bordel. Parce que la planète Terre est une collection de poussières de toutes les couleurs et que tout le monde mérite une lettre d’amour anonyme.

    Première page :

    "Ça dépendait des fois. Certains jours, il pouvait prendre ses chaussures de marche et atteindre tranquillement la nuit. Il choisissait une départementale, un fossé, et il marchait jusqu'au prochain village, 15 kilomètres à l'ombre des platanes. Une fois arrivé, il repartait après avoir trempé ses mains dans la fontaine publique. Personne ne l'avait jamais vu boire de l'eau. Été comme hiver, on voyait sa silhouette au bord de la route. Mais d'autres fois, il restait là, immobile toute la journée sur un banc de l'hospice, à ramasser de temps en temps les mégots sur le trottoir."

    Ce que j'en pense :

    Prose poétique avec de petits textes de presque rien, à partir de situations plutôt banales... mais avec cette tendresse, cet humour très particulier à Thomas Vinau. j'aime particulièrement cette écriture, simple qui sait nous questionner, nous faire rêver, nous faire redécouvrir le monde.

    Collection de sombreros

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  • Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill

    "Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill"  de Jean Régnaud et Emile Bravo - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Michèle sort de son pull une carte postale. Elle m'annonce que c'est MA MAMAN QUI L'A ÉCRITE ! ! ! Michèle me dit alors, en me regardant droit dans les yeux, qu'elle veut bien me la lire mais que je dois d'abord lui promettre que je ne parlerai à personne de cette carte.

    Extrait :

    Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill

    Ce que j'en pense :

    C'est une bd qui raconte la découverte du monde des adultes (la famille, l'école, l'absence de la mère) par un garçon de 6 ans. C'est délicat, parfois drôle, un peu mélancolique mais toujours émouvant.

    Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill

    Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill

    Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill

     

     

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  • Cœurs solitaires

    "Coeurs solitaires" de John Harvey - Rivages/noir

    Présentation de l'éditeur :

     Shirley Peters a été tuée, et son ancien amant l'avait menacée de mort. Pour l'inspecteur Resnick, il s'agit là d'un drame passionnel, ce genre de drame auquel il a l'impression d'être confronté tous les jours. Mais quand une seconde femme est sauvagement violée et assassinée, il semble évident qu'un serial killer est à l'œuvre et qu'il choisit ses victimes parmi les femmes esseulées qui cherchent un compagnon dans la rubrique locale des cœurs solitaires.

    Première page :

    "Voilà longtemps qu'elle n'avait plus pensé à lui.

    A cette manière qu'il avait de rester adossé à l'encadrement de la porte pour l'observer tandis qu'elle s'habillait. Attendant de voir quel pull elle allait choisir, le vert tendre, ou peut-être bien le rouge. Tu le sais, hein?... Sa voix. Elle se tenait devant le miroir et entendait sa voix, à l'intérieur d'elle-même, aussi claire, aussi proche qu'autrefois. Quand je te regarde, les gestes que tu fais, je ne peux pas résister à l'envie de te toucher.

    Au début, lorsqu'ils avaient commencé à vivre ensemble, il lui semblait n'avoir jamais une minute de répit. Parfois, elle se réveillait au milieu de la nuit et le trouvait appuyé sur un coude, en train de la regarder. Une fois, même, il avait garé sa voiture en face du bureau où elle travaillait et il était resté là toute la journée, à attendre de l'apercevoir der­rière les fenêtres. Dans leur appartement, lorsqu'elle passait près de lui, ses mains se tendaient vers elle, cherchant à la toucher, à la prendre. Puis, juste au moment où elle commençait à croire que les choses dureraient ainsi pour toujours, il s'était mis à changer.

    Tony.

    Des petites choses, au début, à peine perceptibles : il ne lui prenait plus la main lorsqu'ils regardaient la télévision; il oubliait de venir poser la tête dans le creux de son épaule pendant qu'elle préparait les œufs brouillés du dimanche matin."

    Ce que j'en pense :

    Voilà un roman très bien écrit, qui se lit tranquillement, avec beaucoup de plaisir. Ce livre nous fait pénétrer dans la ville de Nottingham. On y découvre la vie d'un commissariat, les relations entre les gens (spécialement entre homme et femme), la solitude. On a envie de suivre cet inspecteur amoureux des chats et du jazz. Petit bémol (cela tient au travail de l'éditeur) : quelques paragraphes pas assez séparés, des tirets qui ne correspondent pas à des dialogues…

    Cœurs solitaires

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  • L'affaire Sadorski

    "L'affaire Sadorski" de Romain Slocombe - Robert Laffont

    Présentation de l'éditeur :

    Avril 1942. Au sortir d'un hiver rigoureux, Paris prend des airs de fête malgré les tracas de l'Occupation. Pétainiste et antisémite, l'inspecteur Léon Sadorski est un flic modèle doublé d'un mari attentionné. Il fait très correctement son travail à la 3e section des Renseignements généraux, contrôle et arrête les Juifs pour les expédier à Drancy. De temps en temps, il lui arrive de donner un coup de main aux Brigades spéciales, d'intervenir contre les " terroristes ".
    Mais Sadorski est brusquement arrêté par la Gestapo et transféré à Berlin, où on le jette en prison. Le but des Allemands est d'en faire leur informateur au sein de la préfecture de police... De retour à Paris, il reçoit l'ordre de retrouver son ancienne maîtresse, Thérèse Gerst, mystérieuse agent double que la Gestapo soupçonne d'appartenir à un réseau antinazi.

    Première page :

    "TOUS LES MATINS, Mme Léon Sadorski, Yvette de son prénom, émerge des brumes du sommeil animée d'une envie immodérée de faire l'amour. La température de son corps s'élève d'un petit degré, son sexe s'humidifie rapidement, elle se blottit contre l'inspecteur principal adjoint Sadorski en poussant un léger soupir. Son époux, en règle générale, répond à ces avances, mais, ce matin du 1er avril 1942, des préoccupations d'ordre moins frivole se présentent à son esprit à peine le réveille-matin a-t-il sonné. L'homme se dégage avec douceur, gagne la salle de bains ; il urine, se rase, puis, en maillot de corps, se rend à la cuisine afin de préparer le café. Les aiguilles de la pendule indiquent 7 h 38 (heure allemande ; l'aube se lève à peine). Il écarte les épais rideaux noirs de la défense passive, repousse les volets. Le ciel au-dessus de l'île Saint-Louis, derrière les fenêtres du petit trois pièces quai des Célestins que le couple loue depuis l'avant-guerre, annonce, tout comme la veille, une belle journée de printemps. L'air est extraordinairement pur…"

    Ce que j'en pense :

    Ce livre aborde un sujet et une période trouble de notre histoire. L'auteur reconstitue très bien cette époque et nous donne quelques noms d'industriels, de banquiers, d'hommes politiques, d'artistes… qui ont collaboré sans état d'âme avec l'occupant. Il réussit presque à nous rendre sympathique le policier au centre du récit. Mais le rythme de ce roman est plutôt lent et l'intrigue semble un peu décousue. Dommage !

    L'affaire Sadorski

    L'affaire Sadorski

     

     

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  • "Dans l'ombre" de Arnaldur Indridason - Métailié

    Présentation de l'éditeur :

    Un représentant de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un “SS” en lettres de sang. Rapidement les soupçons portent sur les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941. 
    Deux jeunes gens sont chargés des investigations : Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais né au Canada, désigné comme enquêteur par les militaires parce qu’il est bilingue. 
    L’afflux des soldats britanniques et américains bouleverse cette île de pêcheurs et d’agriculteurs qui évolue rapidement vers la modernité. Les femmes s’émancipent. Les nazis, malgré la dissolution de leur parti, n’ont pas renoncé à trouver des traces de leurs mythes et de la pureté aryenne dans l’île. Par ailleurs on attend en secret la visite d’un grand homme.
    Les multiples rebondissements de l’enquête dressent un tableau passionnant de l’Islande de la “Situation”, cette occupation de jeunes soldats qui sèment le trouble parmi la population féminine. Ils révèlent aussi des enquêteurs tenaces, méprisés par les autorités militaires mais déterminés à ne pas se laisser imposer des coupables attendus.
    Dans ce roman prenant et addictif, le lecteur est aussi fasciné par le monde qu’incarnent les personnages que par l’intrigue, imprévisible.

    Première page :

    "Le Sudin contourna soigneusement les frégates et les torpilleurs avant d’accoster au port de Reykjavik. Quelques instants plus tard, les passagers descendirent du ferry. Titubants, certains étaient très soulagés de retrouver la terre ferme. Pendant qu’ils traversaient le golfe de Faxafloi, le vent avait subitement forci et avait tourné au sud-ouest, il s’était mis à pleuvoir et, après une navigation plutôt calme, le bateau avait beaucoup tangué. La plupart des passagers étaient restés à l’abri dans les cabines exiguës à l’air saturé d’humidité du fait de leurs vêtements mouillés. Quelques-uns, parmi lesquels Eyvindur, avaient souffert du mal de mer sur la dernière partie du trajet.

    Monté à bord à Isafjördur en traînant ses deux valises éculées, il avait dormi presque tout le voyage, éreinté après sa tournée. Les bagages contenaient du cirage Meltonian et du vernis Poliflor, ainsi que des échantillons de faïence qu’il avait essayé de vendre dans les villages, les fermes et hameaux des fjords de l’Ouest: assiettes, tasses et couverts fabriqués en Hollande, que le grossiste avait importés en Islande juste avant que la guerre n’éclate.

    Eyvindur avait plutôt bien écoulé le cirage et le vernis, s’efforçant également de vanter les qualités de la faïence, mais en cette époque incertaine ce type d’achats n’était pas une priorité. De plus, cette fois-ci, il n’avait pas eu le cœur à l’ouvrage. Ne se sentant pas très bien, il avait négligé de s’arrêter à plusieurs endroits qui faisaient pourtant partie de sa tournée habituelle. D’une certaine manière, il avait perdu toute force de conviction, ce pouvoir presque divin dont le grossiste affirmait qu’il était nécessaire à tous les bons vendeurs. Eyvindur avait engrangé très peu de commandes sur son carnet, et il avait mauvaise conscience. Il se disait qu’il aurait pu se démener davantage,…"

    Ce que j'en pense :

    Livre de Indridason très décevant, même s'il y a une volonté de décrire l'Islande pendant la guerre 39/45. On ne retrouve pas le charme de ses autres romans. Pas envie de lire les autres tomes de cette trilogie. Le récit est conduit de manière "poussive". L'écriture (et/ou la traduction) laisse à désirer. Pour moi c'est un livre à éviter.

     

     

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  • "Meurtres en bleu marine" de C. J. Box - Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    S’ils n’étaient pas allés à la pêche en ce début de printemps, Annie Taylor, douze ans, et son frère cadet, William, n’auraient pas dû fuir à toutes jambes après avoir vu trois hommes en exécuter un quatrième. Et leur mère, Monica, ne mourrait pas d’inquiétude en ne les voyant pas revenir. Plus grave encore, les assassins, d’anciens flics de Los Angeles à la retraite, ne pourraient pas persuader le shérif de ce coin perdu de l’Idaho de… les laisser mener l’enquête !

    Heureusement, Jess Rawlins, un rancher au bord de la faillite, recueille les deux enfants et, après pas mal d’hésitations, décide de croire ce qu’ils lui disent avoir vu et de les protéger au péril de sa vie.

    Rêves brisés par le manque d’argent, mais aussi courage et droiture d’individus qui savent dominer leur peur quand il faut défendre des innocents, Meurtres en bleu marine nous fait découvrir un monde en proie à un conflit entre des flics pourris et un cowboy intègre.

    Première page :

    "Si Annie Taylor, douze ans, n'avait pas emmené son petit frère William à la pêche ce vendredi après-midi d'un mois d'avril humide du nord de l'Idaho, elle n'aurait jamais assisté à l'exécution, ni croisé le regard des assassins. Mais elle était en colère contre sa mère.

    Avant d'être témoins du meurtre, les deux enfants, vêtus de grands sacs-poubelle qui devaient les garder au sec, s'étaient frayé un chemin entre les saules encore chargés de pluie qui longeaient Sand Creek. À la suite d'une averse matinale, l'eau s'était accumulée au creux des feuilles d'aulnes et les toiles d'araignée perlées de gouttelettes ployaient entre les branches. Lorsque le soleil avait disparu derrière les gros nuages noirs qui encombraient le ciel, le jour s'était soudain obscurci, effaçant le contour net des ombres et plongeant la forêt dans une pénombre désolante. Noire et spongieuse sous les arbres, la terre était glissante le long du sentier. Les semelles des chaussures des enfants faisaient des bruits de succion tandis qu'ils remontaient péniblement les berges de la rivière.

    Après avoir quitté leur maison située à l'extérieur de la ville, Annie et William avaient été pris en stop par Fiona, la préposée au courrier. Elle les avait déposés quelques kilomètres plus loin et ils avaient marché deux bonnes heures, cherchant en vain un endroit où la rivière serait plus calme.

    - Ce n'était peut-être pas une si bonne idée, avait dit le garçon de dix ans en haussant la voix par-dessus le grondement furieux du cours d'eau gonflé par la pluie.

    Annie s'était immobilisée, tournée vers son frère et l'avait toisé du regard. Une longue canne à pêche dépassait du plastique qui recouvrait ses vêtements."

    Ce que j'en pense :

    Polar de construction et d'écriture plutôt classiques. L'auteur sait raconter des histoires, ce qui permet au lecteur de lire ce livre jusqu'au bout sans s'ennuyer.

    Meurtres en bleu marine

     

     

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