• Manuel d'exil

    "Manuel d'exil Comment réussir son exil en trente-cinq leçons" de Velibor Colic - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    «Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992. 
    Je suis accueilli par une dame aux énormes lunettes. Elle parle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je saisis que je vais avoir une chambre simple, pour célibataire, que la salle de bains et la cuisine sont communes et que j’ai droit à un cours de français pour adultes analphabètes trois jours par semaine. 
    Je suis un peu vexé : 
    – I have BAC plus five, I am a writer, novelist… 
    – Aucune importance mon petit, répond la dame. Ici tu commences une nouvelle vie…» 
    Après avoir déserté l’armée bosniaque, le narrateur se retrouve sans argent ni amis, ne parlant pas le français, dans un foyer pour réfugiés. Dans une langue poétique, pleine de fantaisie et d'humour, Velibor Čolić aborde un sujet d’une grande actualité et décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre.

    Première page :

    "J'ai vingt-huit ans et j'arrive à Rennes avec pour tout bagage trois mots de français - Jean, Paul et Sartre. J'ai aussi mon carnet de soldat, cinquante deutsche marks, un stylo à bille et un grand sac de sport vert olive élimé d'une marque yougoslave. Son contenu est maigre : un manuscrit, quelques chaussettes, un savon difforme (on dirait une grenouille morte), une photo d'Emily Dickinson, une chemise et demie (pour moi une chemise à manches courtes n'est qu'une demi-chemise), un rosaire, deux cartes postales de Zagreb (non utilisées) et une brosse à dents. C'est la fin de l'été 1992 mais je suis habillé comme pour une expédition polaire : deux vestes d'une autre époque, une longue écharpe, aux pieds j'ai mes bottes en daim, avachies, mordues mille fois par la pluie et le vent. Je suis un cavalier léger, un voyageur au visage scellé par un froid métaphysique, cet ultime degré de la solitude, de la fatigue et de la tristesse. Sans émotions, sans peur ni honte.

    Devant la gare de Rennes, je pose mon sac et j'observe longuement ma nouvelle terre.

    Je murmure une complainte, stupide et enfantine, tout en sachant que les mots ne peuvent rien effacer, que ma langue ne signifie plus rien, …"

    Ce que j'en pense :

    Ce livre est malheureusement toujours d'actualité. On y décrit avec beaucoup de justesse , d'ironie et d'auto dérision le quotidien de "l'exilé".  Tous les portraits de personnes, de villes … n'ont pas tous la même force. Mais il reste, après la lecture, cette envie folle, éprouvée par l'auteur, d'être sauvé par la littérature.

    Manuel d'exil

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  • 76 clochards célestes ou presque

    "76 clochards célestes ou presque" de Thomas Vinau - Le castor Astral

    Présentation de l'éditeur :

    Une galerie de portraits d’artistes décalés, à la vie et au destin hors du commun. Ces textes d’hommage mêlent poésie du quotidien, souffle lyrique et humour. Un livre qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artistes au destin souvent tragique.

    « Le clochard céleste ne dort pas sous la cloche du ciel, il dort dans le ciel directement. Il dort, ange, boit, chie du ciel mais il sent toujours la bête, ce mélange d’étoiles et de boue. Ces textes constituent une galerie de sales types, de déglingués et d’allumés, de borderline et de bords de routes. (…) Ils étaient peut-être malades, mais ce  sont eux qui nous ont soigné de beauté, la vraie, la pure, celle qui ne renonce à aucune réalité. »

    Extrait (Eden Ahbez) :

    "Eden Ahbez ne portait pas ce nom lorsqu'il est né mais le garda à sa mort. Eden Ahbez était un musicien pour qui le vent et la pluie sont des collègues de travail. Exlen Ahbez marchait beaucoup. En sandales. Eden Ahbez était écologiste et végétarien avant que ces deux mots n'existent. Il a longtemps campé sous une des lettres « L » de Hollywood. Eden Ahbez a écrit quelques tubes pour Nat King Cole, repris par Sarah Vaughan, Franck Sinatra ou Miles Davis. Eden Ahbez, lorsqu'il devint célèbre et fit la couverture du magazine Life, ne changea pas grand-chose à son mode de vie. Il dormait toujours à la belle étoile. Il portait toujours la barbe et les cheveux longs avec une robe en lin blanc. Il mangeait toujours ce qu'il cueillait ou cultivait. Il composait toujours de la musique. En 1960, son album Eden hland, qui mélangeait poésie beat, exotica et sons naturels, eut un certain succès. Brian Wilson et Donovan lui mangeaient télépathiquement dans la paume. Il est mort en 1995 en insultant la voiture qui l'écrasa."

    Ce que j'en pense :

    Thomas Vinau, de façon originale et poétique, dresse de très courts portraits de ces "clochards", de ces personnes qui nous apprennent à voir le monde d'une autre manière. Il nous donne envie de marcher dans leur trace, de les découvrir ou redécouvrir.

    76 clochards célestes ou presque

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  • La boite - Femmes en face d'un homme silencieux

    "La boite suivi de Femmes en face d'un homme silencieux" de Jean-Pierre Siméon - Solitaires intempestifs

    Présentation de l'éditeur :

    Tu m’as vue soudain vue vraiment

    dites-moi vous la belle muette

    ça a été tes premiers mots pour moi

    dites-moi vous la belle muette

    ça disait tout de nous deux déjà

    au moins tu avais entendu mon silence

    et qu’il était plein de mots à en craquer

    ça signe l’amour ça finalement non ? 

    La Boite. Un flot de parole pour conjurer l’absence. Que faire d’autre lorsqu’on se retrouve « avec l’immense » sur les bras ? Comment lui faire une place ?

    Femmes en face d’un homme silencieux a été initialement écrit en anglais. La dynamique de ces paroles tient au mur de silence auquel elles s’affrontent.

    Première page :

    "Une femme avec une boîte entre les mains.

    Bon eh bien maintenant quoi ?
    qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire
    de toi à présent que tu ne pèses même pas
    le poids d'un oiseau mort où
    je te mets maintenant dis donc on
    fait ça pardi parce qu'on se dit
    que ça encombre moins le monde
    eh bien moi je dis bernique !
    ce grand barda d'os de poils et de chair
    qu'on traîne avec soi toute sa vie
    ça tient moins de place finalement
    que ce rien qui tient dans la main
    si tu savais mon chéri comme il est lourd
    ce rien de toi comme il pèse
    c'est drôle de tenir un mort dans
    ses mains un mort tout entier
    non mais c'est mal dit ce n'est pas
    un mort que je tiens là dans la boîte
    c'est la mort c'est la mort tout entière
    que je porte qui tient entre dix doigts
    bref où je vais vous mettre vous deux
    toi et ta grande mort silencieuse
    sur l'étagère du haut à la cuisine
    avec les épices par exemple oui ?
    safran oui ? ni vu ni connu
    je vous étiquette safran je ne sais pas..."

    Ce que j'en pense :

    Texte éblouissant sur l'amour, la mort, la vie... qui jongle avec les émotions, les registres. On en ressent immédiatement le rythme et la force. Du rire, de l'absurde, du trouble, de la fragilité… et beaucoup d'autres choses qui donnent vraiment envie de voir ce que tout cela donne sur scène.

    La boite - Femmes en face d'un homme silencieux

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  • Fractures

    "Fractures" de Franck Thilliez - Le Passage

    Présentation de l'éditeur :

    Face à la tombe de sa soeur jumelle Dorothée, décédée dix ans auparavant, Alice Dehaene s'interroge : à quoi rime cette photo de Dorothée, prise il y a à peine six mois, qu'elle a récupérée des mains d'un immigré clandestin ? Alice sait que quelque chose ne tourne pas rond dans sa tête. Son psychiatre à l'hôpital de Lille, Luc Graham, doit lui révéler le résultat d'un an de psychothérapie, lui apporter cette lumière qu'elle recherche depuis si longtemps. Mais les événements étranges qui se multiplient autour de la jeune femme vont l'en empêcher : son père, agressé chez lui à l'arme blanche, et qui prétend avoir tenté de se suicider ; ce chemisier ensanglanté qu'elle découvre dans sa douche, à propos duquel elle n'a pas le moindre souvenir ; et cet homme retrouvé nu à un abri de bus et qui semble avoir vu le diable en personne. Grâce à l'intervention de Julie Roqueval, assistante sociale en psychiatrie, Luc Graham, d'abord dubitatif, se décide enfin à mener l'enquête. Un aller simple vers la folie...

    Première page :

    "Septembre 1982. Chaula, Liban.
    La misère n'empêche jamais à la vie d'abonder. Hier, les enfants palestiniens couraient partout. Certains garçons s'asseyaient sur les ordures, face à l'ambassade du Koweït, et rêvaient de héros en brandissant des imitations de kalache ou de M16.
    Aujourd'hui, le danger est dehors.
    Claude Dehaene rentre en catastrophe au rez-de-chaussée d'un immeuble de six étages. Il est hors d'haleine, ses objectifs Leica et Canon se percutent dans son sac.
    A l'extérieur, les écoles de Sabra et Chatila sont vides, le ciel se grise des chasseurs-bombardiers qui survolent Beyrouth Ouest à basse altitude. Dans cette ambiance de clameurs et de révolte, les immeubles s'effondrent.
    Enfin à l'abri dans un logement insalubre, Claude caresse affectueusement la chevelure dense de Najat. À côté de ses frères aînés, la petite Palestinienne ne sourit plus. Sa mère, Malaka Abbas, masse les pieds arthritiques de son vieux père, assis dans un siège de voiture arraché. Trop souvent, les victimes palestiniennes sont anonymes. Ici, elles ont un visage.
    Cette mère travailleuse sait un peu parler français, on l'enseigne dans les écoles de l'UNRWA.
    - Ils cherchent les fedayin. Les Kataëb et les Israéliens barrent les routes avec des chars. Ils vont descendre ici. Tu dois te cacher. Vite !"

    Ce que j'en pense :

    C'est assez bien construit. L'auteur s'est bien documenté dans le domaine de la psychiatrie. On lit le roman jusqu'au bout mais, après le tiers du livre on est beaucoup moins captivé. Sans doute parce que les personnages manquent d'épaisseur. Et puis on n'est pas "embarqué" par cette histoire de personnalités multiples, tout cela parait bien factice (même si ce genre de trouble existe réellement).

    Fractures

     

     

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  • Marcher droit, tourner en rond

    "Marcher droit, tourner en rond" de Emmanuel Venet - Verdier

    Présentation de l'éditeur :

    Atteint du syndrome d’Asperger, l’homme qui se livre ici aime la vérité, la transparence, le scrabble, la logique, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre, une camarade de lycée jamais revue depuis trente ans. Farouche ennemi des compromis dont s’accommode la socialité ordinaire, il souffre, aux funérailles de sa grand-mère, d’entendre l’officiante exagérer les vertus de la défunte. Parallèlement, il rêve de vivre avec Sophie Sylvestre un amour sans nuages ni faux-semblants, et d’écrire un Traité de criminologie domestique.

    Par chance, il aime aussi la solitude.

    Première page :

    "Je ne comprendrai jamais pourquoi, lors des cérémonies de funérailles, on essaie de nous faire croire qu’il y a une vie après la mort et que le défunt n’avait, de son vivant, que des qualités. Si un dieu de miséricorde existait, on se demande bien au nom de quel caprice il nous ferait patienter plusieurs décennies dans cette vallée de larmes avant de nous octroyer la vie éternelle; et si les humains se conduisaient aussi vertueusement qu’on le dit après coup, l’humanité ne connaîtrait ni les guerres ni les injustices qui déchirent les âmes sensibles. On me rétorque souvent que je schématise les situations complexes à cause de mon syndrome d’Asperger, mais je me contente de raisonner logiquement, comme chacun devrait s’y astreindre. À quarante-cinq ans, depuis longtemps sorti de l’enfance et peu soucieux d’encore me bercer d’illusions, je prétends pouvoir me forger des opinions pertinentes sur ces questions. En l’occurrence, j’assiste pour la quatrième fois de ma vie à des funérailles et je suis une fois de plus révolté par les énormités que j’y entends. La première fois, en mille neuf cent quatre vingt-quinze, on enterrait le cousin Henri à Saint-Léger de-Vaux près de Givry. Le curé l’a présenté comme un malheureux qui avait beaucoup souffert durant toute sa vie terrestre…"

    Ce que j'en pense :

     C'est un long monologue porté par un "Candide", porteur d'un trouble autistique. C'est une excellente façon de montrer l'hypocrisie de beaucoup de rapports humains (en particulier dans la famille). Le style est précis mais la lecture n'est pas toujours "coulante". Les meilleurs passages sont ceux concernant son "amour éternel" pour sa camarade de lycée.

    Marcher droit, tourner en rond

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  • Chanson douce

    "Chanson douce" de Leïla Slimani - Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

    Première page :

    "Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu'il n'avait pas souffert. On l'a couché dans une housse grise et on a fait glisser la fermeture éclair sur le corps désarticulé qui flottait au milieu des jouets. La petite, elle, était encore vivante quand les secours sont arrivés. Elle s'est battue comme un fauve. On a retrouvé des traces de lutte, des morceaux de peau sous ses ongles mous. Dans l'ambulance qui la transportait à l'hôpital, elle était agitée, secouée de convulsions. Les yeux exorbités, elle semblait chercher de l'air. Sa gorge s'était emplie de sang. Ses poumons étaient perforés et sa tète avait violemment heurté la commode bleue.

    On a photographié la scène de crime. La police a relevé des empreintes et mesuré la superficie de la salle de bains et de la chambre d'enfants. Au sol, le tapis de princesse était imbibé de sang. La table à langer était à moitié renversée. Les jouets ont été emportés dans des sacs transparents et mis sous scellés. Même la commode bleue servira au procès.

    La mère était en état de choc. C'est ce qu'ont dit les pompiers, ce qu'ont répété les policiers, ce qu'ont écrit les journalistes."

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre assez dérangeant. L'intrigue est habilement menée. L'auteure y a mis beaucoup de distance et de froideur, peut être au détriment d'une certaine crédibilité de la personnalité de la nounou.

    Chanson douce

    Chanson douceChanson douce

     

     

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  • Bon rétablissement

    "Bon rétablissement" de Marie-Sabine Roger - Babel

    Présentation de l'éditeur :

    « Veuf, sans enfants ni chien », Jean-Pierre est un vieil ours bourru et solitaire, à la retraite depuis sept ans. Suite à un accident bien étrange, le voilà immobilisé pendant des semaines à l'hôpital. Il ne pouvait pas imaginer pire. Et pourtant, depuis son lit, il va faire des rencontres inattendues qui bousculeront son égoïsme…

    Avec sa verve habituelle et son humanisme, Marie-Sabine Roger nous offre une nouvelle fois une galerie de portraits hauts en couleur. C'est un tableau doux-amer qu'elle peint de l'hôpital, avec l'humour et le sens de la formule qui la caractérisent, et qui ont fait le succès de ses deux précédents romans, La tête en friche et Vivement l'avenir.

    Première page :

    "Sans me vanter, vers les six ou sept ans, j'avais déjà tâté pas mal de choses, pour ce qui est des délits interdits par la loi. Vol à l'arraché, viol, extorsion de fonds...
    Question viol, j'avais roulé une pelle à Marie-José Blanc. Elle serrait les dents, je n'étais pas allé loin. C'est l'intention qui compte.
    Le vol à l'arraché, c'était le samedi après le match de rugby : je taxais le goûter des plus petits que moi. Je les baffais, peinard, au chaud dans les vestiaires. J'en épargnais un, quelquefois. J'ai un côté Robin des Bois.
    Pour l'extorsion, demandez à mon frère. Il me citait toujours comme exemple pourri à ses gamins, quand ils étaient petits, Devenez pas comme votre oncle, ou vous aurez affaire à moi. Pour ma défense, je dirais que s'il n'avait rien eu à se reprocher, il n'aurait pas raqué toute sa tirelire. Pour faire chanter les gens, il faut une partition.

    On m'appelait «la Terreur». Je trouvais ça génial. 
    Je me sentais promis à un grand avenir."

    Ce que j'en pense :

    Les personnages de Marie Sabine Roger sont toujours aussi attachants. Elle sait parfaitement faire ressortir ce qui se cache sous les carapaces façonnées par les aléas de la vie. Et tout cela avec beaucoup d'humour et de tendresse. Un plaisir de lecture… (comme pour "La tête en friche", il vaut mieux éviter la version cinéma!)

    Bon rétablissement

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