• Le gout de la bière

    "Le gout de la bière" textes choisis et présentés par S. Phillipetti - Mercure de France

    Présentation de l'éditeur :

    Blanche, blonde, brune, noire ou ambrée? Lager, ale ou fermentation spontanée? Vieillie en fût de chêne ou en fût de bourbon? Canaille ou anthentique? Stimulés par l'essor de micro-brasseries qui ne cherchent pas à se faire mousser, le paysage et les habitudes de consommation ont évolué et la rinçure traditionnelle des soirs de matchs ne fait plus recette. L'heure est à la recherche de la bière philosophale. 
    Pour rendre hommage à cette révolution brassicole, et parce que la bière est une passion qui s'est toujours partagée à plusieurs, écrivains d'hier et d'aujourd'hui accompagnent cette promenade houblonnée : Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, Alexandre Dumas, Erckmann-Chatrian, William Faulkner, Benjamin Franklin, Bohumil Hrabal, Thomas Hardy, James Joyce, Milan Kundera, Carson McCullers, Arto Paasilinna, Louis Pasteur, Thomas De Quincey, Tom Robbins, Alan Silitoe, Victor Tissot...

    Extrait :

    - Dis, maman, demanda Gracie un après-midi, c'est quoi ce truc que papa boit ? 

    - Tu veux dire le café, mon ange ?

    - Non, pas le café. Beeerk ! Cet autre truc, c'est jaune et ça ressemble à du pipi.

    - Gracie !

    - Toi aussi, tu dis pipi.

    - Eh bien, quand il est question d'aller au petit coin, oui, c'est possible. Mais je n'utilise pas ce mot pour parler d'une boisson.

    Gracie fit entendre un petit gloussement. Sa mère, qui était occupée à mettre du linge dans la machine à laver, suggéra sans lever les yeux :

    - Je crois que tu parles de la bière, ma chérie.

    -Oh ! couina Gracie. C'est ça. De la bière. Ce truc qu'on voit toujours à la télé.

    (extrait de "B comme bière" de Tom Robbins)

    Ce que j'en pense :

    Il y a quelques très bons textes dans ce livre mais c'est assez inégal, comme souvent dans cette collection (il en faut pour tous les goûts!). La chanson de Brel ("ça sent la bière de Londres à Berlin…" ) n'y figure malheureusement pas.

    Le gout de la bière

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Petit éloge de l'enfance

    "Petit éloge de l'enfance" par Pierre Pelot - folio

    Présentation de l'éditeur :

    «Cinq-Six-mouches avait décidé qu'il trouverait le nid du héron, ce qu'ils étaient tous apparemment incapables de faire dans la région, tous autant qu'ils étaient, tout juste bons à lever le nez et à s'exclamer quand le héron passait. 
    Mais lui trouverait le nid. 
    Il le trouverait au bord d'un des étangs du pays des étangs, comme on découvre, dans les livres, les Mines du roi Salomon ou la Vallée des Dinosaures, et il en reviendrait couvert de gloire pour avoir réussi ce que plus personne n'était capable d'accomplir.»

    Première page :

    "Il ne faut jamais croire les gens qui vous disent qu'il fera beau demain. Ce sont des menteurs pathétiques ou des illuminés, je ne veux pas penser une seconde qu'ils agissent par scélératesse.

    Il ne faisait pas beau.

    Déjà toutes ces années passées s'étaient définitivement englouties au fond de quelque tourbillon nécessairement liquide, comme il en existe dans les noiretés de certains lacs, sournois, même pas visibles en surface.

    Ce n'est pas tant qu'il ne faisait pas beau, mais surtout il pleuvait. Il pleuvait à la façon qu'il pleut ici - en un instant, presque à la seconde, je me suis souvenu. La pluie sur le paysage vert et gris, immuablement, exclusivement vert et gris, pour ne pas dire vert-de-gris. Les gris, en peinture, sont accessoires à toutes les couleurs, mais en l'occurrence, ici, c'est tout de même plus volontiers le gris et le vert, sur fond de brumes pendues comme des guenilles aux pentes de la montagne."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve des personnages du roman "Ce soir les souris sont bleues". Ce très beau texte avec "Cinq-Six- mouches" avait été retiré du livre chez Denoël. Le voici en folio pour notre plus grand plaisir. On reconnaît la tendresse poétique que l'auteur porte à ses personnages et à sa région.

    Petit éloge de l'enfance

    Petit éloge de l'enfancePetit éloge de l'enfance

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Homo comicus

    "Homo comicus ou l'intégrisme de la rigolade" de François L'Yvonnet - Mille et une nuits

    Présentation de l'éditeur :

    Ce pamphlet est né d’un agacement, celui de voir parader sans vergogne, à longueur de médias, une ribambelle d’humoristes d’un nouveau genre, moins amuseurs que donneurs de leçons, moins  « comiques » qu’agents autoproclamés du Bien.
    Ils éreintent mais sans risque, ils accusent, ridiculisent, frappent de dérision sans ménager la moindre possibilité de défense. Des procureurs hargneux, dans des procès joués d’avance. Le sérieux, voilà l’ennemi.
    Ils règnent à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, publient des livres, font des films, achètent des théâtres… C’est une nouvelle féodalité, avec ses prébendes et ses privilèges.
    C’est un nouvel intégrisme, celui de la rigolade. Il faut rire de tout mais avec eux. Le rire, « leur » rire est la norme. À les écouter, ils seraient l’actuelle incarnation de la liberté d’expression et de toutes les valeurs réunies de la démocratie. On croit rêver… Leurs saillies sont pourtant d’une incroyable platitude et leurs prêchi-prêcha, troussés à la va-vite, épargnent les vrais puissants. Curieuse époque que la nôtre, qui voit le « bas-bouffon » tenir lieu de conscience et de pensée.

    Première page :

    "Les humoristes aujourd'hui foisonnent, leurs saillies font florès et sont légion ceux qu'elles cueillent de bon matin, les quelques millions de Français réveillés par l'inévitable « gondolade » radiophonique. Saillies toujours servies, pour ne pas dire assénées, entre des rires appuyés de circonstance. Car l'humoriste, trait distinctif des Irlandais selon George Bernard Shaw, rit de ses propres plaisanteries. S'il ne rit pas, ses confrères riront pour lui. C'est une république du rire. Tout le monde se fend la poire. On se poile. C'est la règle."

    Ce que j'en pense :

    Voilà un livre qui fait du bien. On n'osait pas exprimer de telles choses sur ces nouveaux humoristes mais on les pensait de plus en plus fort. C'est très bien que ce soit sorti sous la plume de François L'Yvonnet même si on aurait tendance à être un peu plus indulgent avec certains de ces bouffons.

    Homo comicus

    Homo comicusHomo comicus

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Être ici est une splendeur

    "Être ici est une splendeur" de Marie Darrieussecq - POL

    Présentation de l'éditeur :

    Paula Modersohn-Becker voulait peindre et c’est tout. Elle était amie avec Rilke. Elle n’aimait pas tellement être mariée. Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris. Elle voulait peut-être un enfant - sur ce point ses journaux et ses lettres sont ambigus. Elle a existé en vrai, de 1876 à 1907. 

    Première page :

    "Elle a été ici. Sur la Terre et dans sa maison.

    Dans sa maison on peut visiter trois pièces. Leur accès est limité par des rubans de velours rouge. Sur un chevalet, une reproduction de son dernier tableau, un bouquet de tournesols et de roses trémières.

    Elle ne peignait pas que des fleurs.

    Une porte peinte en gris, fermée à clef, menait à un étage où j'imaginais des fantômes. Et quand on sortait de la maison, on les voyait, Paula et Otto, les Modersohn-Becker. Pas des fantômes mais des monstres, en habit d'époque, très kitsch à la fenêtre de leur maison de morts, par-dessus la rue, par-dessus nos têtes de vivants. Un couple de mannequins de cire, d'une laideur bicéphale à la fenêtre de cette jolie maison de bois jaune."

    Ce que j'en pense :

    Je ne suis pas attiré habituellement par les biographies mais celle-ci est très originale. On découvre un portrait très sensible de l'artiste et de la femme, à coups de petites touches comme si l'auteure en faisait un tableau au pinceau. Très belle rencontre entre l'écrivaine et la peintre.

    Être ici est une splendeur

    Être ici est une splendeurÊtre ici est une splendeur

     

     

    __________


    votre commentaire
  • La tête en friche

    "La tête en friche" de Marie-Sabine Roger - J'ai lu

    Présentation de l'éditeur :

    A quarante-cinq ans, Germain mène une vie de brute paisible, retrouvant ses amis au bistrot la journée et dormant le soir dans une caravane au fond du jardin de sa mère. Son autre distraction : compter les pigeons du parc. C'est là qu'il fait la connaissance de la très vieille mais très pétillante Margueritte, grande lectrice devant l'Eternel. Leur rencontre sous l'égide de la lecture bouscule doucement leur vie, et Germain découvrira peu à peu par les livres le monde qui l'entoure. 
    Racontant l'histoire d'une drôle d'amitié, ce roman rend hommage avec beaucoup d'humour et de tendresse au plaisir de la lecture.

    Première page :

    "J'ai décidé d'adopter Margueritte. Elle va bientôt fêter ses quatre-vingt-six ans, il valait mieux pas trop attendre. Les vieux ont tendance à mourir.
    Comme ça, s'il lui arrive un truc, je sais pas - tomber par terre dans la rue, ou se faire gauler son sac - je serai là. Je pourrai arriver tout de suite et pousser les gens du milieu, leur dire :
    - Ok ! C'est bon, tirez-vous, maintenant ! Je m'en charge : c'est ma grand-mère.
    Ce n'est pas écrit sur sa tête qu'elle est seulement adoptée.
    Je pourrai lui acheter son journal, ses bonbons à la menthe. M'asseoir près d'elle dans le parc, aller la voir aux Peupliers, le dimanche. Et rester pour manger avec elle à midi, si je veux.
    Bien sûr, avant aussi, j'aurais pu, mais je me serais senti en visite. Maintenant, ce sera par plaisir, et aussi par devoir. C'est ça qui est nouveau : les obligations familiales. C'est un truc qui va bien me plaire, je le sens."

    Ce que j'en pense :

    Magnifique rencontre de deux personnages décrits avec beaucoup d'empathie par Marie Sabine Roger, comme à son habitude. C'est très drôle et rempli de tendresse. C'est vraiment une lecture qu'on a envie de partager. On se dit que, dans la vie de tous les jours, on doit passer à côté de tels personnages sans y prêter attention. Ce livre nous aide à changer notre regard.

    La tête en friche

    La tête en fricheLa tête en fricheLa tête en fricheLa tête en friche

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Incandescences

    "Incandescences" de Ron Rash - Points

    Présentation de l'éditeur :

    Les douze nouvelles de ce recueil sont des portraits de désespoir rural, des tranches de vie oblitérées par la misère, le manque d'éducation, la drogue. Situées dans le décor sauvage et magnifique des Appalaches, déjà rencontré dans Le Monde à l'endroit et Une terre d'ombre, elles évoluent entre l'époque de la guerre de Sécession et nos jours. Elles décrivent avec une compassion affligée et lucide de pathétiques gestes de survie, une violence quotidienne banalisée par la pauvreté, des enfants sacrifiés par leurs parents au culte de la crystal meth ou des actes meurtriers commis sous couvert de bonnes intentions. Elles parlent aussi de vieux mythes et des croyances qui perdurent dans cette contrée imperméable au progrès et à la modernité. A mi-chemin entre le minimalisme de Raymond Carver et le gothique de William Faulkner, Ron Rash écrit une prose d'une noirceur poétique, laissant par instants entrevoir un éclair d'humanité même chez les êtres les plus endurcis.

    Première page :

    "Les temps difficiles

    Jacob se tenait à l’entrée de la grange, il observait Edna qui sortait du poulailler. Elle avait les lèvres pincées, c’était donc qu’on leur avait encore pris des œufs. Il leva les yeux vers la ligne de crête et jugea à vue de nez qu’il était huit heures. À Boone la matinée devait être déjà bien avancée, mais ici la lumière était encore mouchetée d’ombre et la rosée mouillait ses brodequins. « Ce vallon-là est si bougrement sombre qu’y faut y faire entrer la lumière au pied-de-biche », avait coutume de dire son père.

    Edna montra d’un signe de tête le seau à œufs qu’elle avait à la main.

    « Rien sous la Bantam. Ça fait quatre jours de suite.

    – Peut-être que le vieux coq l’est plus trop câlin avec elle. »

    Il attendit de la voir sourire. Lorsqu’ils avaient commencé à se fréquenter, des années auparavant, c’était le sourire d’Edna qui l’avait le plus charmé. Son visage tout entier rayonnait, comme si la courbe de ses lèvres déroulait une vague lumineuse de la bouche au front.

    – Vas-y, plaisante donc, lança-t-elle, mais vu le peu d’argent qu’on a, ça compte…."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve avec beaucoup de plaisir la splendide écriture de Ron Rash. Évidemment, comme souvent dans un livre de nouvelles, certaines sont moins bonnes que d'autres. Comme dans "Une terre d'ombre", l'auteur sait très bien nous faire pénétrer au cœur de cette société rurale et ses personnages avec pick up et mobil home qui sont les oubliés du rêve américain.

    Incandescences

    IncandescencesIncandescencesIncandescences

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Bris de vers, les émeutiers du XXème siècle

    "Bris de vers, Les émeutiers du XXème siècle" anthologie établie par Christian Poslaniec et Bruno Doucey - éditions Bruno Doucey

    Présentation de l'éditeur :

    L’anthologie que nous publions pour la 18ème édition du Printemps des Poètes s’apparente à un voyage dans les territoires, connus et inconnus, de la création poétique du XXe siècle. Tout commence avec Apollinaire et sa lassitude du monde ancien. Le vers se brise comme un éclat de rire, annonçant la déflagration dadaïste et surréaliste, un désir de vivre et d’écrire autrement, une rupture de la fonction des poètes et de la poésie. Mais le siècle de l’imagination créatrice est aussi celui des guerres, de l’exposition coloniale, de la Shoah et de la bombe atomique. En quinze chapitres, et quelques cent vingt poètes, Christian Poslaniec et Bruno Doucey nous invitent, dans le foisonnement des revues et des livres, à suivre « les émeutiers du XXe siècle ». Il en va de la lecture comme du voyage ferroviaire : les paysages se transforment à une vitesse étonnante. Une énergie cinétique est à l’œuvre dans ce siècle ; une tension élastique est à l’œuvre dans ce ce livre.

    Extrait :

    « Mon siècle ne me fait pas peur,
    Je ne suis pas un déserteur.
    Mon siècle misérable,
    scandaleux,
    mon siècle courageux,
    grand
    et héroïque.
    Je n’ai jamais regretté d’être venu trop tôt au monde,
    Je suis du vingtième siècle :
    Et j’en suis fier.
    Il me suffit
    d’être au vingtième siècle,
    là où je suis,
    d’être de notre camp,
    Et de me battre pour un monde nouveau… »
    Nâzim Hikmet

    Ce que j'en pense :

    Une très belle façon de revisiter l'histoire du XXème siècle. Bien sûr il y a les poètes connus, comme Éluard, Aragon, Prévert, Desnos... mais il y a aussi énormément de belles découvertes (ou redécouvertes) d'auteurs français ou étrangers. Exemple : un jeune auteur iranien Garous Abdolmalekian qui a écrit ce très court poème : Ta robe rouge dans le vent / Voilà / Le seul drapeau que j'aime.

    Bris de vers, les émeutiers du XXème siècle

    Bris de vers, les émeutiers du XXème siècle

    Bris de vers, les émeutiers du XXème siècleBris de vers, les émeutiers du XXème siècle

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Il ne fait jamais noir en ville.

    "Il ne fait jamais noir en ville" de Marie-Sabine Roger - Babel

    Présentation del'éditeur :

    Une employée effacée qui ose soudain tenir tête à sa chef de service à la suite de l’adoption imprévue d’un chaton abandonné ; une écrivaine en panne d’inspiration préoccupée par son voisin de palier un brin inquiétant ; un homme qui n’aime pas les lundis matin ; un père Noël à moto ; une femme venue dire adieu et une autre qui quitte la maison à la campagne dans laquelle elle a vécu soixante-cinq ans pour aller s’installer en ville... Les dix nouvelles qui composent ce recueil mettent en scène des personnages qui, tous, sont affectés par un événement d’apparence anodine, mais qui va bouleverser leur vie. Où Marie-Sabine Roger confirme, après Les Encombrants et La Théorie du chien perché, sa maîtrise de la forme courte, et où l’on retrouve sa manière tour à tour tendre, grinçante et décalée de croquer les petits riens de la vie qui nous façonnent et nous transforment.

    Première page :

    "La loi de Murphy

    Le jour où j'ai trouvé Moïse, comment j'aurais pu deviner ? Ce qui arriverait, je veux dire.
    Je marchais dans la rue. Je revenais de mon travail en remontant le boulevard Edison.
    Déjà, il faut vous dire que je n'aurais pas dû passer par là. Parce que, normalement, le boulevard, ça rallonge. Seulement je devais rapporter un dvd chez le loueur.
    C'est une digression, peut-être. Il n'empêche, on ne sait jamais ce qui va être important ou pas, lorsqu'on veut raconter une histoire. J'ai du mal à être imprécise. Surtout pour les histoires vraies. Je préfère donc ajouter : il pleuvait.
    Pleuvoir, ça ne vous donnera peut-être pas une idée du temps qu'il faisait ce soir-là.
    Pleuvoir, c'est vague. C'est humide, mais vague.
    Des trombes d'eau, il y avait.
    Et évidemment, ça tombait le jour où j'avais un DVD à rendre.
    Le jour où j'étais allée chez la coiffeuse entre midi et deux. Où j'avais mes sandales en cuir et mon pantalon blanc."

    Ce que j'en pense :

    L'auteure sait nous entraîner à chaque nouvelle dans un monde différent. Elle fait exister admirablement ses personnages souvent malmenés par la vie. C'est gris, un peu triste, parfois grinçant mais il y a aussi quelques éclats de bonheur simple.

    Il ne fait jamais noir en ville.

    Il ne fait jamais noir en ville.Il ne fait jamais noir en ville.

     

     

    __________


    votre commentaire
  • Une promesse

    "Une promesse" de Sorj Chalandon - Grasset

    Présentation de l'éditeur :

    Nous sommes en Mayenne, une maison à l'orée d'un village. Tout est silencieux, les volets fermés et la porte close.
    Nuit et jour pourtant, sept amis en franchissent le seuil. Les uns après les autres, chacun son tour et chacun sa tâche. S'accomplit ainsi le serment de sept âmes vives à deux âmes sombres : la parole donnée pour retarder le deuil.
    Voici l'histoire d'un mystère et d'une fraternité.

    Première page :

    "La visite de Léo à Etienne et Fauvette

    - La visite, murmure Etienne Pradon.

    Fauvette ne répond pas. Assise à la table aux coquelicots, elle remplit ses grilles, des lettres de case en case jusqu'à en oublier le temps. Lorsqu'elle est dans son jeu, Fauvette n'écoute rien de la maison. Ni les pas de son mari dans le couloir, ni la petite horloge suisse, ni leur silence, ni aucun des bruits du dehors. Etienne marche vers la penderie. Il dit que la veilleuse du grenier vient de s'éteindre, qu'il faut remplacer l'ampoule, qu'il doit en rester une neuve dans le carton à électricité. Il parle comme ça, tout haut, pour lui seul comme à son habitude. Puis il s'arrête contre la porte et se tourne vers elle en disant :

    - La visite.

    Fauvette Pradon lève les yeux. Elle observe son vieil homme."

    Ce que j'en pense :

    Magnifique histoire, histoire d'amour et d'amitié, superbement écrite. On y entre en douceur, comme si on partageait les instants de vie de ses personnages. Leurs souvenirs deviennent les nôtres.

    Une promesse

    Une promesseUne promesseUne promesse

     

     

    __________


    votre commentaire
  • "Le passage" de Véronique Olmi - L'Arche

    Présentation de l'éditeur :

    Librement inspirée de la vie de la poétesse russe Marina Tsvetaeva, cette pièce raconte la relation d’une mère à son fils, qu’elle aime, mais qui n’est pas sa seule préoccupation. Ses manuscrits, ses poèmes, bref, son travail, lui sont peut-être plus chers encore. Mère et fils végètent plutôt qu’ils ne vivent, quelques mois avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale, dans un minable hôtel parisien. Réfugiés, sous la surveillance de la police française, ils sont dans un état d’incertitude permanente. Le mari de la poétesse lui demande de rentrer à Moscou, idée que son fils de quatorze ans, ardent défenseur de l’Empire soviétique et des acquis socialistes, salue avec enthousiasme. Mais elle est méfiante, craint pour son œuvre, aimerait rester à Paris, même si ses conditions de vie, médiocres, ressemblent à celles des immigrés d’aujourd’hui.

    Première page :

    Marina lit tout bas une lettre, ses lèvres bougent

    sans qu 'on entende ce qu 'elle dit. On entend, très vulgaire, la voix d'une femme.

    La voix D'une femme. Je te demande à quelle heure ! Marcel ! Marcel ! Marcel ! Ah, il est sourd, y a pas à dire ! Marcel nom de Dieu ! A quelle... Marcel ! À... A quelle heure ? Et merde ! Va-t'en au diable ! Va-t'en ! Va-t'en ! Voyou ! Tu n'es qu'un voyou ! Va-t'en !

    Bruit d'une fenêtre qui claque; pleurs d'un enfant. Marina lit maintenant tout haut sa lettre.

    Marina. Obstinément, j'y crois. Obstinément, je veux y croire : la Russie tendra vers vous une main secourable. Oui, c'est ce qu'elle fera... Jamais, elle ne vous laissera être dévorés, jamais. Oh, Anna ! Je pense à la Tchécoslovaquie jour et nuit, je vis avec elle, à l'intérieur d'elle-même et j'ai peur. Peur de ne jamais vous revoir. Et pourtant, nous le savons, vous et moi, nous savons que ma dernière chance de bonheur serait de vivre avec vous, en Tchécoslovaquie. Votre pays est le centre de toutes mes pensées, de toutes mes journées. Étrangement, depuis qu'Hitler vous a envahis - moi, c'est la Tchécoslovaquie qui m'envahit toute entière, qui m'englobe corps et âme...

     Bruit d'une porte qui claque, pleurs d'enfant sur le palier, pas de femme qui vont descendant les escaliers, voix de femme qui s'éloigne.

    La voix D'une femme. Ah bon Dieu, quel salaud ! Quel voyou ! Ah bon Dieu ! Ah bon Dieu, quel voyou !

    Ce que j'en pense :

    Un peu compliquée à lire cette pièce de théâtre, même si on connaît un peu la vie de Marina Tsvetaeva. Comme souvent chez Véronique Olmi, le texte est centré sur les relations entre la mère et le fils.

     

     

    __________


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires