• Mathias et la révolution

    "Mathias et la Révolution" de Leslie Kaplan - P.O.L.

    Présentation de l'éditeur :

    «- Mais dites-nous pourquoi ces émeutes, dit Luca. - Pour moi, dit Myriam, la question n'est pas pourquoi des émeutes, mais plutôt pourquoi pas d'émeutes.» Le président de l'Assemblée nationale se réjouit qu'il n'y ait pas d'envie dans le pays, le ministre de l'Intérieur persécute les Roms puis devient Premier ministre, la ministre de la Santé détruit l'hôpital et veut interdire l'inconscient, la ministre de la Culture n'a pas le temps de lire, le ministre de l'Économie regrette la mort du roi, le président de la République gouverne en bureaucrate... Mathias et ses amis pensent autrement.

    Première page :

    "« Le bonheur est une idée neuve en Europe », dit à voix haute, très fort même, Mathias, il venait de la Bastille et tournait sur le quai. Oui oui je vous parle à vous, vous n'avez jamais entendu ça, hein, il regardait une jeune femme qu'il croisait, vous n'en avez pas beaucoup entendu, des phrases comme ça, hein, il répétait hein exprès, c'était pénible.

    La jeune femme l'ignorait et passait sans le regarder. Elle se dirigeait vers l'Institut du monde arabe.

    « La révolution est glacée », continuait Mathias, il avait envie de pleurer.

    Je suis seul.

    Il donna un coup de pied dans une pierre. Il leva la tête, regarda le ciel."

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre qui bouge,, foisonnant, avec plein de personnages, des rencontres, des allusions à la révolution de 1789… et à celle qui pourrait advenir. Ce télescopage entre deux époques est troublant et nous aide à mieux ouvrir les yeux sur notre monde au présent. C'est vivant, tonifiant, un vrai livre politique.

    Mathias et la révolution

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  • Tout paradis n'est pas perdu

    "Tout paradis n'est pas perdu" de Jean Rouaud - Grasset

    Présentation :

    Ces cinquante-deux chroniques, parues dans L'Humanité entre avril et juin 2015, aujourd'hui réunies en recueil, ont permis à Jean Rouaud d'interroger tous les discours actuels sur la laïcité, les contresens que certains véhiculent et les propos pernicieux qui parfois les sous-tendent, en instrumentalisant à des fins électorales un concept déjà centenaire.

    Extrait 

    "Quand le ton a monté sur la question du voile et du menu de substitution, il m’a suffi de me retourner pour revoir dans mon enfance ce geste des femmes se couvrant la tête d’un fichu avant de sortir. Nous étions en Loire-Inférieure et la loi de 1905 était suffisamment accommodante pour accorder un jour férié aux fêtes religieuses et servir du poisson le vendredi dans les cantines, et pas seulement celles des écoles libres. Loi de séparation des Églises et de l’État, mais en réalité de l’Église catholique et de l’État, les autres faisant de la figuration, et l’Islam n’existant pas puisque les musulmans d’Algérie n’avaient pas le statut de citoyen. De même, il a fallu la tragédie de Charlie pour nous rappeler qu’on avait longtemps débattu avant d’autoriser la représentation des figures sacrées. Ce qui n’allait pas de soi tant le monothéisme se méfiait de l’idolâtrie en souvenir du veau d’or. Les conciliaires réunis à Nicée tranchèrent en faveur de la représentation. C’était en 843. Notre monde envahi d’images vient de là. Ce qui n’en fait pas un modèle universel."

    Ce que j'en pense :

    Ces chroniques d'environ deux pages chacune permettent de prendre un recul intéressant sur le débat actuel autour de la laïcité. On peut plus facilement faire la part des choses sur des sujets comme le port du voile, le menu unique dans les cantines ou la représentation de Dieu. L'auteur sait revenir sur l'histoire de la religion catholique dans les terres de l'ouest, ce qui nous permet de comparer avec l'Islam d'aujourd'hui. Il y a bien quelques phrases un peu trop longues avec tirets et parenthèses mais l'ensemble se lit facilement.

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  • Au fer rouge

    "Au fer rouge" de Martin Ledun - J'ai lu

    Présentation de l'éditeur :

    Madrid, 11 mars 2004, dix bombes explosent dans des trains de banlieue. Rescapée, le lieutenant Emma Lefebvre entre en guerre contre le terrorisme. La découverte d'une valise contenant le cadavre d'un trafiquant de drogue espagnol, échouée sur une plage landaise, dix ans plus tard, ravive les vieilles blessures. Emma met bientôt au jour une véritable organisation mafieuse, avec à sa tête Javier Cruz, seigneur de l'antiterrorisme. Des rives du fleuve Nervión aux bas-fonds de Bayonne, des banlieues déshéritées de Madrid aux palaces de la côte basque, la géographie de la corruption n'a pas de frontières.

    Première page :

    "Le type était encore en vie quand ils l'enfermèrent dans une valise et le larguèrent en haute mer, au large de la côte basque.
    Joyeux anniversaire et retour au bercail :
    Le soir même, il prévoyait de fêter ses vingt-sept ans avec sa petite amie dans son appartement de Vallecas, au sud-est de Madrid, après un aller-retour express de près de mille bornes Espagne-France-Espagne en Ford Mondeo. Cent cinq kilos de cocaïne étaient planqués dans les portières, le coffre et les doublures des sièges, pour une valeur marchande totale d'environ six millions d'euros.
    Deux coéquipiers. Le premier avec lui, l'autre au volant d'une Clio «sentinelle» immatriculée dans les Pyrénées-Atlantiques qui ouvrait la route à deux kilomètres de distance. Le type ne les connaissait ni l'un ni l'autre et il ne voulait rien savoir sur eux. Conduire pour les autres et fermer sa gueule, c'est ce qu'il faisait de mieux.
    Depuis leur départ, six heures plus tôt, il n'avait qu'une chose en tête : dix-huit mille euros de prime de risque à se partager à l'arrivée, plus le règlement de ses trois dernières livraisons.
    Encaisser le pactole à Bayonne et retourner dare-dare à Madrid souffler ses bougies avant une bonne partie de baise sur un matelas de billets.
    Ça, c'était le plan."

    Ce que j'en pense :

    On sent un vrai travail de journaliste dans ce pays basque, en paix "artificielle", avec ses corruptions, trafics, antiterrorisme, pollutions… Mais cela reste une fiction parfaitement conduite, avec des personnages originaux. Un bon polar, même si le final nous laisse sur un constat plutôt pessimiste.

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  • Ma mère du Nord

    "Ma mère du Nord" de Jean Louis Fournier - Stock

    Présentation del'éditeur :

    « Petit, chaque fois que j’écrivais quelque chose ou faisais un dessin, j’avais besoin de le montrer à ma mère pour savoir si c’était bien.
    Qu’est-ce qu’elle penserait aujourd’hui de ce que je suis en train d’écrire sur elle ?
    Je suis inquiet. Elle doit en avoir assez qu’on parle de son mari alcoolique. Ne pas avoir envie qu’on parle d’elle, la discrète, la réservée, de ses maladies imaginaires, de sa tristesse.
    Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre que ce livre est une déclaration d’amour ? Que j’essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais dit que je l’aimais, sauf dans les compliments de la fête des Mères dictés par la maîtresse.
    Ce livre, je l’ai écrit pour la faire revivre.
    Parce qu’elle me manque. »

    Première page :

    "Dans mes livres, j'ai donné des nouvelles de ma famille. De mon père, il n'a jamais tué personne. De la mère de mes enfants, pour qui le poète est devenu paysan. De mes deux garçons, maintenant ils savent où on va papa. De ma femme, qui m'a laissé veuf inconsolable, et de ma fille, devenue la servante du Seigneur.

    Pas de nouvelles de ma mère. Elle est la seule que je n'ai pas encore eue dans mon collimateur.

    Pourquoi maintenant ? Parce que je suis vieux. C'est toujours chez leur mère que se réfugient les gangsters après leur dernier coup.

    Surtout, je voulais garder le meilleur pour la fin.

    Ma mère était réservée et discrète. Elle n'aimait pas parler d'elle ni qu'on parle d'elle. Elle n'a jamais eu un rôle-titre, pourquoi serait-elle devenue le titre d'un livre ?

    Dans sa famille, le rôle-titre, c'était sa mère; dans son ménage, c'était mon père; après la mort de mon père, ça a été un peu moi. J'étais l'aîné, pas le cadet de ses soucis, mais peut-être son préféré."

    Ce que j'en pense :

    Une très belle lettre d'amour à sa mère (aux mères), pleine de retenue, de pudeur et d'humour , dans un style direct, simple… efficace et émouvant. C'est sans doute le meilleur "récit familial" de l'auteur (avec "Où on va papa").

    Ma mère du NordMa mère du NordMa mère du Nord

    Ma mère du Nord

     

     

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  • La tristesse des anges

    "La tristesse des anges" de Jon Kalman Stefansson - folio

    Présentation de l'éditeur :

    Lorsque Jens le Postier arrive au village, gelé, il est accueilli par Helga et le gamin qui le détachent de sa monture avec laquelle il ne forme plus qu'un énorme glaçon. Sa prochaine tournée doit le mener vers les dangereux fjords du nord qu'il ne pourra affronter sans l'assistance d un habitué des sorties en mer.
    De son côté, le gamin poursuit sa découverte de la poésie et prend peu à peu conscience de son corps, des femmes, et de ses désirs. C'est lui qu'on envoie dans cet enfer blanc, « là où l Islande prend fin pour laisser place à l'éternel hiver », y accompagner Jens dans son périple. Malgré leur différence d âge, leurs caractères opposés, ils n ont d autre choix que de s accrocher l un à l autre, s accrocher à leurs amours éloignées, pour ne pas céder à l impitoyable nature.
    Avec une délicatesse poétique singulière, Jón Kalman Stefánsson nous plonge dans un nouveau parcours à travers les tempêtes islandaises. Au milieu de la neige et de la tentation de la mort, il parvient à faire naître une stupéfiante chaleur érotique, marie la douceur et l extrême pour nous projeter, désarmés et éblouis, dans cette intense lumière qui « nous nourrit autant qu'elle nous torture ».

    Première page :

    "Maintenant, il ferait bon dormir jusqu'à ce que les rêves deviennent un ciel, un ciel calme et sans vent où quelques plumes d'ange virevoltent doucement, où il n'y a rien que la félicité de celui qui vit dans l'ignorance de soi. Mais le sommeil fuit les défunts. Lorsque nous fermons nos yeux fixes, ce sont les souvenirs qui nous sollicitent à sa place. Ils arrivent d'abord isolés, parfois d'une beauté argentée, mais ne tardent pas à se muer en une averse de neige étouffante et sombre : il en va ainsi depuis plus de soixante-dix ans. Le temps passe, les gens meurent, le corps s'enfonce dans l'humus et nous n 'en savons pas plus. D'ailleurs, il n'y a ici que bien peu de ciel, les montagnes nous l'enlèvent, et les tempêtes, amplifiées par ces mêmes sommets, sont aussi noires que la fin de toute chose. Parfois pourtant, quand le ciel s'éclaircit après l'un de ces déchaînements, il nous semble apercevoir une traînée blanche dans le sillage des anges, loin au-dessus des nuages et des cimes, au-dessus des fautes et des baisers des hommes, une traînée blanche, telle la promesse d'un immense bonheur."

    Ce que j'en pense :

    On pourrait se perdre dans ces hivers islandais s'il n'y avait pas l'écriture envoûtante, lyrique et poétique de Stefansson. Mais j'avoue que ces tempêtes de neige et ce froid glacial présent tout au long des 400 pages m'ont un peu fatigué (ce qui n'était pas le cas pour le premier volume : "entre ciel et terre"). J'attendrai donc pour lire le troisième volume.

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  • Petit éloge de la lecture

    "Petit éloge de la lecture" de Pef - folio

    Présentation de l'éditeur :

    Peut-on voyager à dos de baleine? 
    Quel est le meilleur remède contre l’insomnie : la lecture parcours ou la lecture par cœur? Est-il possible qu’un rossignol de trois mètres de long offre un peu de lecture à notre oreille? Que retenir de notre passage dans une «biblioville»? Et que vient faire L’Homme au casque d’or de Rembrandt dans ce Petit éloge de la lecture

    Première page :

    "Je suis assis à mon bureau d'école. L'odeur de craie, celle du petit peuple des écoliers, aromatise mon devoir quotidien. Former un « o » sur papier grossier au bout de ma plume estafilée du sang violet puisé dans le réservoir de porcelaine. Relier la première lettre à une seconde, un «u». Cette union anodine, je la fixe un instant, juste avant que ne fleurisse dans ma tête un bruit d'explosion : « o » et «u» font «ou». Je me redresse. M'extasie. Pour la première fois ce qui m'est donné à lire bruit, fracasse, vacarme et je pousse à haute voix ce «ou» devenu « OUOUOUOUOUH ! », le hurlement du loup. La lecture est un je d'enfant.

    Il est là, le plaisir primal de la lecture, donner à voir l'invisible, entendre l'inaudible au-delà du tracé dérisoire de l'écriture. Ce n'est rien et tout à la fois, des bouts d'une ficelle venue faire lasso au cou d'une horde hurlante. Le blanc du papier est un tapis de neige, une neige profonde et mythique. Je n'ai encore jamais vu de ces loups que je retrouverai bien plus tard dans un texte de James Oliver Curwood, taillé à la serpette pour les besoins de la Bibliothèque verte."

    Ce que j'en pense :

    Il ne faut pas tout lire à la suite mais déguster chacune de ces chroniques. Même si on peut être déçu par certains chapitres il ne faut pas se décourager et laisser le livre sur un coin de table, l'oublier quelque temps, puis le reprendre quand ce sera le moment. Pef est vraiment un amoureux des mots et ses références de lectures sont nombreuses.

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  • Une forêt d'arbres creux

    "Une forêt d'arbres creux" d'Antoine Choplin - La fosse eux ours

    Présentation de l'éditeur :

    TEREZIN, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, décembre 1941.
    Bedrich arrive dans la ville-ghetto avec femme et enfant. Il intègre le bureau des dessins.
    Il faut essayer de trouver chaque matin un peu de satisfaction en attrapant un crayon, jouir de la lumière sur sa table à dessin, pour enfin s'échapper du dortoir étouffant, oublier la faim, la fatigue et l'angoisse.
    Chaque jour se succèdent commandes obligatoires, plans, aménagements de bâtiments. Chaque nuit, le groupe se retrouve, crayon en main, mais en cachette cette fois. Il s'agit de représenter la réalité de Terezin sans consigne d'aucune sorte.
    Et alors surgissent sur les feuilles visages hallucinés, caricatures. Tout est capté et mémorisé la nuit puis dissimulé précieusement derrière cette latte de bois du bureau des dessins.

    Première page :

    "Les deux ormes

    Quand il regarde les deux arbres de la place, il pense à tous les arbres du monde.

    Il songe à leur constance, qu'ils soient d'ici ou de là-bas, du dehors ou du dedans. Il se dit: vois comme ils traversent les jours sombres avec cette élégance inaltérée, ce semblable ressort vital. Ceux bordant la route qui relie la gare au ghetto, et qui s'inclinent à peine dans la nudité ventée des espaces. Ceux des forêts au loin, chacun comme une obole au paysage, et dont la cohorte se perd au flanc des montagnes de Bohême. Ceux aussi des jardins de l'enfance et que colorent les chants d'oiseaux. Ceux des collines froides, des bords de mer, ceux qui font de l'ombre aux promeneurs de l'été."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve "la patte" de Choplin : pas de scène choc, de la sobriété pour décrire avec distance de petites scènes du quotidien. Mais contrairement à d'autres livres de l'auteur, comme "Léger fracas du monde", "Radeau" ou "La nuit tombée", ici l'émotion a du mal à passer dans les silences et les suspensions de l'écriture.

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  • Sans état d'âme

    "Sans état d'âme" de Yves Ravey - éditions de minuit

    Présentation de l'éditeur :

    John Lloyd disparaît une nuit sans laisser de trace. Stéphanie, son amie, va charger Gustave Leroy de mener l’enquête. C’est sans compter sur son dépit amoureux. Ni sur l’arrivée de Mike Lloyd qui entend bien retrouver son frère.

    Première page :

    "Au moment de dormir, enfant, si le vent était à l’ouest, et quand les locomotives s’engouffraient dans le tunnel, au loin, me parvenait, chaque soir, le ferraillement saccadé des wagons de marchandises, qui reliaient les usines de construction automobile à la frontière. C’était des convois sans fin. Je me souviens qu’après l’école, descendant du car de ramassage scolaire, je m’asseyais, avec Stéphanie et Betty, sur le parapet du pont, au-dessus du ruisseau. Et tous les trois, nous assistions au passage des trains aperçus à l’horizon, derrière la ligne des peupliers. Notre jeu préféré, c’était compter les wagons, yeux fermés, mains sur le visage, dans un temps imparti, en nous repérant au rythme des roues sur les rails. Le plus souvent, j’ouvrais à peine les paupières, écartais les doigts, sans que mes camarades ne s’en aperçoivent."

    Ce que j'en pense :

    Polar très original, où l'on connaît la victime et l'assassin dès le début de l'histoire. C'est précis, limpide, très bien construit, avec une écriture sans détours inutiles. Ravey est un écrivain rare qui sait nous entraîner, en peu de mots, dans une atmosphère réaliste et impitoyable (un peu à la façon de Simenon).

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  • Les dits de Nantes

    "Les dits de Nantes" de Françoise Moreau - L'oeil ébloui

    Présentation de l'éditeur :

    Les Dits de Nantes, ce sont cinq nouvelles : Le pont Maudit, La Madeleine de l’Hôtel-Dieu, Le car Drouin, La traversée de Nantes, Le serment du quai de la Fosse,  précédées d’une longue dédicace au proviseur adjoint du lycée Jacques Demy.

    Cent cinquante ans d’histoire parcourus et tout un pan de la mythologie de Nantes ainsi raconté par Françoise Moreau.

    Extrait :

    "Bientôt, la chose n’est plus contestable, Marie-Reine a disparu. On voit tellement de choses dans les journaux, soupire la marchande de journaux sans préciser lesquelles, on n’a qu’à acheter les journaux. Ça ne serait pas la première, a ajouté quelqu’un. Toute une série de disparitions mystérieuses, paraît il, dont on parle avec des airs circonstanciés et à demi-mot, mais quand même. La traite des blanches, dans les villes… Vous savez ? Quand vous allez chez Decré ou aux Dames de France, méfiez-vous des cabines d’essayage ! Des femmes y sont entrées qu’on n’a jamais vues ressortir. C’est dans les journaux. Des trappes dans le plancher, à ce qu’il paraît, et hop, direct dans les caves et là… Les hommes haussent les épaules."

    Ce que j'en pense :

    Les histoires se passent au pays nantais mais point n'est besoin de connaître Nantes pour apprécier ces nouvelles. C'est très juste, finement écrit, légèrement ironique… un livre à déguster.

    Les dits de NantesLes dits de NantesLes dits de NantesLes dits de Nantes

     

     

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  • L'arpenteur

    "L'arpenteur" de Marie Rouanet - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Émile, revenu habiter le moulin familial à Bourg-en-Rouergue, voit apparaître un soir d'hiver celui qu'il nommera l'Arpenteur et qui va changer sa vie. C'est le nouveau notaire, un homme laid, orgueilleux, infatigable fouilleur de ruines, de mémoires et d'Histoire sur qui courent les rumeurs les plus folles. Qui mieux qu'un notaire pour connaître les secrets de famille, par le cadastre les terres inexploitées, les successions et les testaments ?

    Marie Rouanet s'inscrit dans une lignée d'écrivains visionnaires pour qui la langue permet de célébrer la vie, ses trésors minuscules, de restituer les traces d'un monde disparu. Son mystérieux Arpenteur, devenu maître d'un pays qu'il a voulu faire sien, est tout à la fois géographe, archéologue et chroniqueur d'un temps qui sans cesse détruit et rebâtit.

     

    Première page :

    "La bise noire

    Celui auquel je donnais déjà le nom d'arpenteur pour l'avoir vu passer au loin est entré dans ma vie un soir de bise noire.

    À cette époque, la maison où j'habite encore, le Moulin, à Bourg-en-Rouergue, n'était desservie que par un chemin de terre impraticable en voiture. Entendre frapper à ma porte à l'heure où la nuit commençait à envahir les vallées était pour le moins insolite.

    L'homme qui entra était accompagné d'un enfant blême de froid. Il venait me demander de prêter à son fils quelque vêtement chaud. Il leur restait plusieurs kilomètres à parcourir avant de rentrer chez eux.

    Ils pénétrèrent dans la cuisine. L'enfant s'approcha le plus près possible de la cheminée et commença à se frictionner les cuisses car il portait des pantalons courts.

    Je proposai une boisson chaude. L'homme refusa mais le garçon accepta après un bref coup d'œil vers son père."

    Ce que j'en pense :

    Le début du roman est intéressant mais perd vite de son intérêt car cela devient confus. On voit bien que l'auteure connaît parfaitement son pays, qu'elle est ethnologue (entre autres), mais on le voit trop.

    L'arpenteur

     

     

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