• L'autre

    "L'autre" de Enzo Cormann - éditions de Minuit

    Présentation de l'éditeur :

    Ignorant tout l'une de l'autre, Mado et Lila se sont crues durant quinze ans chacune la " moitié " du même homme. Peu de temps après qu'elles ont découvert, à la faveur d'un pataquès administratif,
    qu'elles n'avaient somme toute été, durant toutes ces années, que des moitiés de moitié, la disparition inexpliquée de l'homme aux deux adresses provoque leur rencontre.

    Première page :

    "L’HOMME AUX DEUX ADRESSES

    (chez Mado)

    LILA. – je suis passée fréquemment sous vos fenêtres ces dernières années

    j’aime bien votre rue c’est tranquille

    MADO. – je l’aime également quoiqu’à force d’y vivre je ne la voie plus

    LILA. – vous avez raison on a vite fait de ne plus voir ce dont nous sommes le plus proche (un blanc)

    je ne devrais pas être ici pas être ici

    tranquille (mais je ne suis tranquille qu’en apparence) à vous parler comme on parle à quiconque

    à me tenir comme je me tiens comme une femme ordinaire chez une femme ordinaire quand nous n’avons à nous deux rien d’ordinaire

    bien sûr vous savez cela (je veux dire que vous et moi nous deux ensemble n’avons rien d’ordinaire)"

    Ce que j'en pense :

    Une pièce en trois parties. C'est assez particulier, insolite, et même un peu "bavard" au début. Et, au final, c'est une belle réflexion sur l'altérité et sur la création artistique.

    L'autre

    L'autre

     

     

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  • L'enfer de Church Street

    "L'enfer de Church Street" de Jake Hinkson - Gallmeister

    traduit de l'américain par Sophie Aslanides

    Présentation de l'éditeur :

    Geoffrey Webb est en train de se faire braquer sur un parking. Et cette situation lui convient bien, il en redemanderait même. À son agresseur, il propose un marché : empocher les trois mille dollars qui se trouvent dans son portefeuille, le dépouiller de tout s'il le faut, en échange de cinq heures de voiture jusqu'à Little Rock, en Arkansas. Webb a besoin de se confesser. Ce braquage et ce pistolet pointé sur lui, il les mérite. Et il est prêt à expliquer pourquoi.

    Première page :

    "JE travaillais depuis trois semaines dans une usine de plastiques dans le Mississippi lorsque le contremaître – un bouseux à la dentition en décapsuleur du nom de Cyrus Broadway – commit l’erreur de me traiter de connard feignant. Alors bon, je suis peut-être feignant, mais je suis aussi méchant comme une teigne. J’ai fréquenté des prisons et des cellules de dégrisement partout dans ce pays, depuis les cachots poussiéreux à la frontière du désert Mojave jusqu’aux cabanes humides sur une île au large de la côte du Maine. Et personne ne peut m’insulter impunément, même si, pour ce gars-là, ce n’est qu’une plaisanterie. Le temps qu’on me sépare de Cyrus Broadway, je lui avais tellement écrasé la gueule qu’elle n’était plus que de la chair à saucisse. Ses grandes dents de cheval étaient dispersées sur le sol de l’atelier, à côté de lui.

    Je ne me suis pas donné la peine d’attendre les flics du Mississippi pour leur raconter. Je suis parti le soir même. J’ai traversé la Louisiane en catimini, je me suis infiltré au Texas, et j’ai fini par me retrouver à traîner autour d’une station Texaco à la sortie de Sallisaw, dans l’Oklahoma. J’essayais de me faire discret, mais après deux jours sans manger, je décidai de chercher quelqu’un à braquer. Je repérai deux femmes, mais braquer des femmes, ça rapporte souvent plus d’ennuis que de fric. Les flics réagissent plus vite quand la victime est une femme …"

    Ce que j'en pense :

    C'est un bon roman noir avec beaucoup d'ironie sur la religion et l'hypocrisie. L'auteur nous plonge dans l'horreur sans jugement moral, avec une écriture presque plate, sans exagération. En lisant le début  on s'attend à quelque chose d'encore un peu plus fort. Même si on éprouve une toute petite déception en refermant le livre je considère que ce roman, plutôt grinçant, est vraiment plaisant.

    L'enfer de Church Street

    L'enfer de Church StreetL'enfer de Church Street

     

     

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  • Jacob, Jacob

    "jacob, Jacob" de Valérie Zenatti - Editions de l'Olivier

    Présentation del'éditeur :

    «Le goût du citron glacé envahit le palais de Jacob, affole la mémoire nichée dans ses papilles, il s'interroge encore, comment les autres font-ils pour dormir. Lui n'y arrive pas, malgré l'entraînement qui fait exploser sa poitrine trop pleine d'un air brûlant qu'elle ne parvient pas à réguler, déchire ses muscles raides, rétifs à la perspective de se tendre encore et se tendant quand même.»
    Jacob, un jeune Juif de Constantine, est enrôlé en juin 1944 pour libérer la France. De sa guerre, les siens ignorent tout. Ces gens très modestes, pauvres et frustes, attendent avec impatience le retour de celui qui est leur fierté, un valeureux. Ils ignorent aussi que l'accélération de l'Histoire ne va pas tarder à entraîner leur propre déracinement.

    L'écriture lumineuse de Valérie Zenatti, sa vitalité, son empathie pour ses personnages, donnent à ce roman une densité et une force particulières.

    Première page :

    "Un désir confus et violent l'a mené là, au sommet de la montagne rocheuse, dans la poussière maculée de fientes d'oiseaux, parmi les cèdres et les cyprès noirs qui accrochent le regard, le retiennent une poignée de secondes avant de le libérer vers la plaine écrasée de soleil. À cette distance, les cascades paraissent immobiles, voiles mousseux peints dans l'unique but de souligner les saignées qui courent le long des gorges. En surplomb, les falaises accueillent dans leurs flancs des massifs de figues de Barbarie, puis s'élèvent dans une nudité totale : la roche a été brusquement coupée ici par une lame mystérieuse et s'étage en tranches brunes. Encore un mouvement du visage, et ses yeux distinguent le pont. Trait d'union solide suspendu entre deux pylônes de pierre blanche, il confère à la ville son caractère de forteresse, la reliant à l'hôpital et, un peu plus loin, à la gare, au monument aux morts et au cimetière.
    Jacob jette un coup d'oeil à la montre reçue pour ses treize ans. Portée au poignet, elle lui donne une allure plus dégagée que les montres de gousset de ses aînés imposant la lenteur, un arrêt pour être sorties de la poche, alors que lui peut consulter la sienne d'un bref regard. Six ans que les aiguilles marquent le temps pour lui, la trotteuse est agaçante et fascinante,…"

    Ce que j'en pense :

    Livre hommage de l'auteure à un oncle. À partir de souvenirs familiaux Valérie Zenatti a écrit un roman plein de tendresse et d'émotion. Beaucoup de thèmes sont abordés (trop ?) : la guerre, l'amour maternel, la société algérienne avant et après la guerre 39/45, l'exil, les relations homme/femme à l'intérieur de la cellule familiale, la différence de langue , de culture, de religion…

    Jacob, Jacob

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  • Le phare, voyage immobile

    "Le phare, voyage immobile" de Paolo Rumiz - Hoëbeke

    traduit de l'italien par Béatrice Vierne

    Présentation del'éditeur :

    Paolo Rumiz n'en est pas à son premier voyage, lui qui a longé les sept mille kilomètres des frontières de l'Europe, de l'Arctique à la mer Noire, traversé les Balkans, franchi les montagnes à la recherche d'Hannibal, descendu le cours du Pô... Et pourtant il s'apprête en ce printemps 2014 à vivre le plus étonnant d'entre eux. Son premier voyage immobile. Isolé dans un phare perché sur un rocher au milieu de la Méditerranée, avec pour seuls compagnons les gardiens. Et soudain le sentiment d'être Libéré, sans agenda, sans horaires, sans aucune connexion avec le monde, enfin loin de tout mais curieusement peut-être aussi au centre de tout. Un nouvel univers où plus rien ne ressemble à rien, où même les étoiles ne semblent pas être à leur place. Se consacrant à l'exploration de son minuscule environnement, un kilomètre de long sur deux cents mètres de large, il nous raconte la nature, le cri des oiseaux, le silence des poissons, nous décrit le bâtiment où il loge, la lanterne du phare. Il nous parle tempêtes, orages, vents et nous fait partager le quotidien des gardiens, ceux d'aujourd'hui mais aussi ceux de jadis.

    C'est avec une indéniable volupté que ceux qui rêvent d'île déserte et de vie d'ermite se laisseront entraîner dans ce voyage immobile tout en délicatesse, empathie et érudition. Un récit prenant, inoubliable et aussi un fabuleux livre de mer.

    Première page :

    "C'était ce qu'on appelle une nuit pourrie. Je gravissais le sentier à pic au-dessus de la mer, luttant contre les rafales, et dans l'obscurité il fallait poser les pieds avec circonspection. L'orage arrivait de l'ouest, la foudre mitraillait un promontoire éloigne aux faux airs de tortue. J'avais débarqué in extremis: avec ce temps de chien, allez donc savoir quand l'endroit serait de nouveau accessible. J'étais seul, je ne connaîtrais pas la route du phare et l'île était déserte, A des milles à la ronde, le teste de l'archipel était englouti dans le noir et la bruine. Pas une lumière en vue, rien.

    Je ne me rappelle pas en quelle langue je criai - «Je suis là, je monte, quelqu'un pourrait-il venir à ma rencontre?» - mais seul le tonnerre des brisants me répondit. Des gardiens du phare, je ne vis pas l'ombre. Il se mit à pleuvoir …"

    Ce que j'en pense :

    L'auteur sait nous faire partager ce "voyage immobile", cette intimité avec les éléments. C'est une belle méditation sur notre monde moderne. Évidemment, on pense à "Ar men" de Jean Pierre Abraham mais ce "voyage immobile" de Paolo Rumiz a moins de force, sans doute parce que l'auteur n'y a passé que trois semaines. On pense également à Lampedusa qui est très proche de l'ile de Lampione où se situe le phare de ce livre.

    Le phare, voyage immobile

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  • Maison des autres

    "Maison des autres" de Sylvio D'Arzo - Verdier poche

    traduit de l'italien par Philippe Renard et Bernard Simeone

    Présentation de l'éditeur :

    «Ici, en haut, il y a une certaine heure. Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d'une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue : dans le soir naissant, les femmes soufflent sur leurs réchauds, penchées au-dessus des marches, et le bruit des clarines de bronze arrive clairement jusqu'au village. Les chèvres se montrent aux portes avec des yeux qui semblent les nôtres.» La douloureuse question qu'une vieille femme, après lapsus et repentirs, pose au prêtre d'un village perdu de l'Apennin, dans Maison des autres, ne peut avoir de réponse : l'univers minéral et désolé où elle affleure, par la magie d'une prose obsédante, se referme sur le drame indicible qui fait le livre. Tout aussi dense est la rencontre d'un instituteur et d'un «veuf de village», à la fin de la guerre, dans Un moment comme ça, qui débusque le tragique sous l'apparence du sordide, et qu'on peut lire comme un double de Maison des autres dont la figure féminine serait absente. Mais le vrai mystère de ces deux récits tient à la façon dont leur rythme même transforme en consolation la profondeur du deuil.

    Extrait :

    "Et maintenant, c’était fini. Quelque chose était arrivé, une fois, une seule, et maintenant tout était fini.

    Pourtant, je n’éprouvais même pas de douleur, ni de remords, de mélancolie ou quoi que ce soit de ce genre. Je sentais seulement en moi un grand vide comme si désormais plus rien n’avait pu m’arriver. Rien jusqu’à la fin des siècles.

    Je faisais les cent pas dans la pièce où pour la première fois elle m’avait si bêtement parlé, je déplaçais un livre, le déplaçais à nouveau, ou tapais comme ça sur une vitre : et maintenant même un enfant aurait pu me conduire par la main. Une absurde vieille, un absurde prêtre : toute une absurde histoire de quatre sous.

    Un bruit monta de la ruelle. Les six vieilles de Bobbio arrivaient à l’instant. Toutes les haies avaient gelé. Les six vieilles se réchauffaient en battant des pieds. Un filet de fumée sortit d’une autre maison.

    Le garçon monta et frappa à la porte.

    « Monsieur le curé, m’annonça-t-il sans entrer. Je cours sonner la cloche. À présent, la Melide a fini.

    — J’arrive », dis-je.

    Il faisait froid. Décembre est froid chez nous."

     

    Ce que j'en pense :

    Il se passe peu de chose dans ces deux récits mais cela touche quand même à l'essentiel. L'écriture est originale mais simple et évite tout pathos pour un sujet qui demeure grave.

    Maison des autres

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  • La petite lumière

    "La petite lumière " de Antonio Moresco - Verdier

    traduit de l'italien par Laurent Lombard

    Présentation de l'éditeur :

    " Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant " : ainsi commence La Petite Lumière. C'est le récit d'un isolement, d'un dégagement, mais aussi d'une immersion. Le lecteur, pris dans l'imminence d'une tempête annoncée mais qui tarde à venir, reste suspendu parmi les éléments déchaînés du paysage qui s'offrent comme le symptôme des maux les plus déchirants de notre monde au moment de sa disparition possible. Le narrateur est intrigué par une petite lumière qu'il perçoit au loin tous les soirs et dont il décide d'aller chercher la source. Il part en quête de cette lueur et trouve une étrange maison où vit un enfant. Il parvient à établir un dialogue avec lui et une relation s'ébauche, empreinte de mystère. Cet enfant, qui est-il? Pourquoi vit-il tout seul ? La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l'existence.

    Première page :

    "Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant.

    Le soleil vient tout juste de s effacer derrière la ligne de crête. La lumière s'éteint. En ce moment, je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d'être englouti par l'obscurité. Mon corps est immobile sur une chaise en fer dont les pieds s'enfoncent de plus en plus dans le sol, et pourtant, de temps en temps, j'ai le souffle coupé, comme si je chutais assis sur une balançoire aux cordes fixées en quelque endroit infiniment lointain de l'univers.

    Le ciel est traversé par les dernières hirondelles qui volent, ça et là, comme des flèches. Elles passent en rase-mottes au-dessus de moi, s'abattant tête la première sur de vastes sphères d'in­sectes suspendus entre ciel et terre. Je sens le vent de leurs ailes sur mes tempes. Je vois distinctement devant moi le corps noir, plus caréné et plus grand, de quelque insecte englouti par une hirondelle qui le suivait le bec grand ouvert en lançant des cris. Le silence est tel que j'arrive même à entendre le craquement de son corps qui continue à souffrir, broyé et démembré, dans le corps de l'autre animal qui remonte grisé dans le ciel.

    Je reste encore un long moment assis là. La lumière disparaît progressivement, tout ce monde végétal devient de plus en plus sombre devant mes yeux. De tous côtés commencent à se lever les cris des animaux nocturnes, invisibles dans le feuillage noir.

    Pas un signe de vie humaine.

    Excepté, quand l'obscurité se fait encore plus épaisse et que les premières étoiles commencent à paraître, de l'autre côté de cette étroite gorge abrupte, sur une partie plus plane de la ligne de crête, incurvée au milieu des bois comme une selle, chaque nuit, chaque nuit, toujours à la même heure, cette petite lumière qui s'allume soudain."

    Ce que j'en pense :

    Roman étrange et mystérieux, fable métaphysique, surnaturelle, presque mystique. C'est une ode à la nature, à la solitude. Le style est étonnant, avec des expressions "bizarres" qui reviennent très souvent (par exemple "on se sait où", on ne sait qui"…) et beaucoup de propositions relatives. Longtemps après avoir fermé le livre, "la petite lumière" reste allumée.

    La petite lumière

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  • B comme bière

    "b comme bière" de Tom Robbins - Gallmeister

    Présentation de l'éditeur :

    À la veille de ses six ans, Gracie s'interroge. Quel est ce mystérieux liquide que les adultes ingurgitent avec une telle satisfaction ? Si son père élude ses questions sur la bière, l'Oncle Moe s'avère plus loquace. Il propose même à sa nièce de l'emmener visiter la Brasserie Redhook. Mais quand elle apprend que la visite n'aura pas lieu, Gracie a un accès de colère et engloutit une canette trouvée dans le frigo. Elle voit alors surgir la sympathique Fée de la Bière. Commence alors pour la fillette un voyage fabuleux et instructif au pays de l'alcool couleur de miel.

     B comme bière est un conte enchanteur dont la lecture a l'art d'enivrer petits et grands. À consommer sans modération.

    Première page :

    "Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi votre papa aime tant la bière ? Vous êtes-vous demandé, le soir avant de vous endormir, pourquoi il est un peu “bizarre” après avoir bu de la bière ? Peut être même vous êtes-vous aussi demandé d’où vient la bière, parce que vous vous doutez bien qu’elle ne sort pas du pis des vaches. Eh bien, Gracie Perkel se posait exactement les mêmes questions.

    — Dis, maman, demanda Gracie un après midi, c’est quoi ce truc que papa boit ?

    — Tu veux dire le café, mon ange ?

    — Non, pas le café. Beeerk ! Cet autre truc, c’est jaune et ça ressemble à du pipi.

    — Gracie !

    — Toi aussi, tu dis pipi.

    — Eh bien, quand il est question d’aller au petit coin, oui, c’est possible. Mais je n’utilise pas ce mot pour parler d’une boisson."

    Ce que j'en pense :

    C'est rempli d'humour (et aussi d'informations sur la bière !), un livre de bon vivant, une fable pétillante.

    B comme bière

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  • La complainte oubliée

    "La complainte oubliée" de Didier Daeninckx - Le grand livre du mois

    Présentation del'éditeur :

    Je ne crois pas que je m'en sortirai.
    La première balle m'a broyé le genou, trois doigts ont été emportés par celle qui a suivi. Les quelques promeneurs et les jeunes qui jouent au volley-ball, près des barques échouées sur le sable des marées basses, les empêchent encore d'approcher pour finir leur travail.

     Première page :

    "Je ne crois pas que je m'en sortirai. La première balle m'a broyé le genou, trois doigts ont été emportés par celle qui a suivi. Je ne sais pas comment j'ai réussi à conduire la voiture jusqu'à cette plage. Les quelques promeneurs et les jeunes qui jouent au volley-ball, près des barques échouées sur le sable des marées basses, les empêchent encore de s'approcher pour finir leur travail. J'ai installé le caméscope compact que m'avait offert Valérie sur le plastique du tableau de bord, juste derrière le volant, l'objectif braqué sur mon visage. La batterie indique une autonomie de quarante minutes. C'est peut-être plus qu'il ne me reste à vivre.

    Je porte le même nom, Bernard Peyroles, que le traître dans Le Bossu, un livre de Paul Féval que je n'ai jamais lu et que je ne lirai certainement jamais. Je me souviens seulement de quelques images d'un film avec Jean Marais, de la bande annonce d'un autre dans lequel Daniel Auteuil reprenait le rôle titre. Il y a quinze jours encore, j'étais le plus heureux des hommes."

    Ce que j'en pense :

    Court récit qui permet à l'auteur d'aborder l'histoire de l'indépendantisme breton et de son lien avec le nazisme. C'est très bien documenté, comme toujours chez Daeninckx, mais ici c'est un peu trop car l'intrigue en pâtit. C'est loin d'être du bon Daeninckx.

    La complainte oubliée

     

     

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  • Juke-Box

    Juke-Box" de Jean-Philippe Blondel - Pocket

    Présentation de l'éditeur :

    Insérez une pièce. Sélectionnez un titre. Réglez le volume. C'est parti. La mémoire est un juke-box. Parfois, c'est une mélodie, parfois une voix, ou même simplement le nom d'une chanson : et le souvenir revient, dansant, précis... Des vacances familiales ou un chagrin d'amour, un instant de pur bonheur, un drame ou un voyage. Le Lundi au soleil, Le Sud, La Bombe humaine ou Macumba... Tant et tant de tubes qui émaillent la bande originale de la vie de Yoann. Insérez une pièce... Et tendez bien l'oreille.

    Première page :

    "Let the Sunshine in (Hair)

    Anita est entrée dans la chambre et elle m'a tendu le disque. Elle a dit que c'était pour moi. Elle a dit aussi que, comme elle trouvait plus la pochette, elle m'en avait fait une autre avec du papier orange et qu'elle avait écrit le nom de la chanson dessus avec du feutre noir et puis son nom à elle aussi « pour que tu ne m'oublies pas ».

    Anita, je peux pas l'oublier. C'est ma meilleure amie.

    C'est aussi l'amoureuse de mon grand cousin Julien. Mon grand cousin Julien a onze ans de plus que moi, il est vraiment beaucoup plus vieux mais je l'aime bien aussi, il a des sabots noirs et des cheveux longs. Il porte un pull irlandais mais pas en ce moment, parce que c'est l'été et qu'on est à la mer. On est en vacances dans la même résidence que mon oncle et ma tante - le Paradis des Vagues. Il paraît qu'on est déjà venus dans la résidence il y a trois ans…"

    Ce que j'en pense :

    C'est la "musique Blondel" : doux, mélancolique, nostalgique, surprenant, parfois énervant (avec les "ménages à trois"). Les étapes musicales de la vie du héros n'ont pas toutes la même force mais il y a  une bonne dizaine d'excellents chapitres.

    Juke-Box

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