• En face

    "En face" de Pierre Demarty - Flammarion

    Présentation del'éditeur :

    Un homme, un jour, sort de chez lui, traverse la rue, et entre dans l'immeuble d'en face. Il n'en sortira plus - ou presque. C'est le début d'un étrange voyage immobile, qui l'entraînera dans des rêveries de grand large et des épopées insensées. A quoi ressemble le monde quand on a décidé de lui tourner le dos? Et que viennent faire là-dedans Paimpol, l'Islande, les goélettes et la philatélie ? Ça, il n'en sait rien encore, nous non plus, on va bien voir. Évoquant Bartleby et Blondin, Echenoz et Jarmusch par son humour autant que son univers mystérieux, En face nous embarque dans un drôle de périple, bercé de ritournelles et ponctué d'images fabuleusement déjantées. On s'y plonge comme dans une énigme; on en sort comme d'un songe.

    Première page :

    "Le 3 octobre, à cinq heures, un homme, dont le nom ne vous dira rien (lui-même ne vous en dirait guère plus), sort de son appartement, referme doucement la porte derrière lui, descend les escaliers, sort de l'immeuble, marque un temps d'arrêt, un dernier temps d'arrêt, à moins que ce ne soit le premier, traverse la rue, et voilà, c'est la dernière fois que Jean Nochez (appelons-le Jean Nochez) franchit le seuil de chez lui, ça y est, c'est décidé, ça a mûri et maintenant c'est décidé, encore que, décidé, le mot est fort, il sort, pour la dernière fois du moins avant longtemps, il ne sait pas encore combien de temps exactement, moi non plus, ni vous, on va bien voir.

    En tout cas c'est Solange qui va en faire, une tête."

    Ce que j'en pense :

    C'est un roman où il ne se passe rien mais le narrateur nous prend à témoin, comme si nous partagions quelques verres dans un bar, et il nous cause de cet homme qui va vivre en face de chez lui. Les digressions sont nombreuses et assez réjouissantes (jeu avec des références littéraires, des chansons, des expressions courantes…). On peut mettre un peu de temps à rentrer dans cet univers à l'écriture soignée (parfois un peu trop).

    En face

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  • Les mots qu'on ne me dit pas

    "Les mots qu'on ne me dit pas" de Véronique Poulain - Stock

    Présentation de l'éditeur :

    « “ Salut, bande d’enculés ! ”
    C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
    Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
    Je vais leur prouver que je dis vrai.
    “ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. »

    Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte. Son père, sourd-muet. Sa mère, sourde-muette. L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot. Le quotidien. Les sorties. Les vacances. Le sexe. D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie. D’une famille différente, un livre pas comme les autres.

    Extrait :

    "Je tire sur sa jupe pour qu’elle me regarde. Elle se retourne, me sourit et esquisse un mouvement de tête qui signifie : « Oui ? » Tête levée, je frappe ma poitrine avec ma main droite : « Moi. » Je mets les doigts dans ma bouche, je les retire puis les remets : « Manger. » Mon geste est un peu maladroit. Elle rit. Elle déplace sa main de haut en bas sur sa poitrine comme si elle attrapait son cœur pour le placer dans son ventre : « Faim. » C’est comme ça qu’on dit au pays des sourds. Oui, maman. J’ai faim. J’ai soif, aussi. Je cherche ma mère. C’est le temps de mes premiers pas. J’avance en vacillant jusqu’à la cuisine et je perds l’équilibre. Ma mère se retourne instantanément et me rattrape de justesse. Elle n’a rien entendu pourtant."

    Ce que j'en pense :

    Un récit émouvant, raconté simplement, avec pudeur. L'auteure assume les sentiments souvent contradictoires qu'elle a éprouvés vis-à-vis de ses parents. Ce livre peut faire penser à du Jean Louis Fournier, la méchanceté en moins.

    Les mots qu'on ne me dit pas

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  • Face à la mère

    "Face à la mère" de Jean-René Lemoine - Les solitaires intempestifs

    Présentation del'éditeur :

    La mère est morte, tragiquement, dans un pays lointain, en proie à la violence et à la déraison. Quelques années après, le fils choisit de lui donner rendez-vous, par delà la mort, pour lui confier, dans cet entretien différé, tout ce qu’il n’a jamais su, jamais osé lui dire.
    Tout au long de ce chant d’amour, le fils reparcourt le tumulte d’une relation de quarante années. Les images enfouies de la mère réaffleurent et s’effacent tour à tour, se superposant aux clichés des continents, des pays et des villes parcourus ensemble, pour se dissoudre enfin dans le cataclysme de la terre natale.
    Peut-on, avec les armes impalpables de la poésie, recoudre, retisser le réel ? Peut-on encore, dans l’effroi du monde, inventer des mythologies, tenter, à travers elles, de rester debout devant le désastre, éclairer le chaos, lancer une passerelle vers l’autre plutôt que s’arroger le monopole de la douleur ?
    C’est le fragile et téméraire défi de Face à la mère.

    Première page :

    "- Voici venu le moment de me présenter à vous pour cet entretien si longtemps différé. Je me présente à vous dans la nudité de l'errance, sans courage, sans véhémence et sans ressentiment. Je me présente tel que je suis, boitillant sur le fil que j'ai suspendu dans les cimes à une hauteur vertigineuse et, même au-dessus de ce vide, je dois vous dire que je vais infiniment mieux. Il me faut cependant vous confier ma peur que vous ne veniez pas au rendez-vous où je vous ai conviée pour vous parler - autant l'avouer tout de suite - d'amour ; ou que, perdu dans l'immense altitude, je ne m'aperçoive pas que vous êtes arrivée. Alors, si vous le voulez bien, quand vous serez enfin là, faites-moi un petit signe - un bruissement de robe, un soupir - pour que je sache que je ne parle plus au vent qui fait tanguer ma caravelle mais que, au cœur du souffle qui m'enveloppe et m'étreint, il y a toute votre présence, et qu'au terme de votre labyrinthique voyage, vous avez retrouvé le chemin qui menait jusqu'à moi.
    En attendant cela, je m'offre à votre invisible regard et, dans l'incertitude où je suis, je m'installe dans la patience comme le funambule agrippe le bâton qui lui permettra de rester en apnée dans l'infini des cieux."

    Ce que j'en pense :

    Texte magnifique sur l'absence, la mort, l'amour… C'est rempli d'émotion, c'est tragique, mais sans pathos. La langue poétique de Jean-René Lemoine sait nous faire pénétrer l'intime avec beaucoup de sincérité et de profondeur. Nous sommes nous aussi, "face à la mère".

    Face à la mère

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  • La cité sans aiguilles

    "La cité sans aiguilles" de Marc Torres - Viviane Hamy

    Présentation de l'éditeur :

    Il était une fois... L'Horloger, l'Écrivain et le Guerrier, qui laissent derrière eux famille et patrie pour rejoindre la mystérieuse Cité sans aiguilles. Chacun commence alors un périple en solitaire.

    Pourtant, tous les chemins finissent par se croiser et c'est ensemble qu'ils poursuivront leur quête vers la Cité gouvernée par l'exceptionnel Roi Blanc. Elvira, la reine, et Guillaume, l'ami et précieux conseiller, sont les garants de l'équilibre du souverain, de sa sagesse et de sa bonté. Cependant, une souffrance intolérable a fait du Roi Blanc le Roi Fou, celui qui a renié son œuvre, et met en danger le bonheur et la paix de ses sujets en voulant à toute force inverser le temps... Ce défi lancé aux dieux l aidera-t-il à surmonter sa douleur ? Quels arcanes devront franchir nos personnages pour rendre à ses sujets la joie et l'allégresse que la folie du Roi leur a confisquées ?

    La Cité sans aiguilles est un voyage au pays des mythes et des légendes, une réflexion subtile sur l'art, la transmission, le pouvoir, l'amour fou, et les liens ténus qui tissent la vie des hommes.

    Première page :

    "Il avait dit adieu à sa famille, rangé sur sa mule son précieux matériel, sa vieille gourde en peau de chèvre et quelques provisions pour le voyage.

    Ses parents s’étaient levés à l’aurore pour le regarder partir. Sa mère l’avait longuement embrassé au moment de se séparer : le creux de sa nuque se rappelait encore l’humidité de ses larmes sur son col.

    – Tu es sûr de ta décision ? avait-elle insisté.

    – Ne vous inquiétez pas pour moi, mère.

    Où allait-il ? Il ne savait pas. Cela n’était pas important. On voyageait avant tout pour partir, non pour arriver.

    Son père l’avait accompagné jusqu’à la sortie du village, puisque, à défaut de larmes, les hommes ont leurs gestes pour pleurer.

    – Tu n’as rien oublié, au moins ?

    – Quoi de plus important que les souvenirs que j’emporte ?

    Il aurait pu dire qu’il reviendrait, et son père aurait fait semblant de le croire, mais tous deux savaient qu’ils se seraient menti."

     

    Ce que j'en pense :

    Conte poétique et philosophique, fable sur le temps, l'amour, l'art… voyage initiatique … le tout parsemé de sentences pleines de sagesse. Très beau livre, original, bien écrit, qui nous plonge dans l'univers merveilleux du "Il était une fois".

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  • La peau d'Elisa

    "La peau d’Élisa" de Carole Fréchette - Actes Sud-Papiers

    Présentation de l'éditeur :

    Une femme seule, assise devant nous. Une femme de chair, d'os et de sang, qui se livre à un étrange rituel. Avec délicatesse, elle raconte des histoires d'amour. Des histoires vraies qui sont arrivées dans des lieux précis d'une ville précise. Elle insiste avec minutie sur tous les détails intimes : le cœur qui bat, les mains moites, le souffle court, la peau qui frémit sous les doigts. Tour à tour, elle évoque le souvenir de Sigfried qui était fou, de Jan qui voulait tout et tout de suite, d'Edmond qui l'attendait sous les arbres l'après-midi et aussi de Ginette qui était boulotte et d'Anna qui lui a dit les choses qu'on rêve d'entendre... Qui est-elle, cette femme au passé multiple et pourquoi raconte-t-elle tout cela ? Elle parle avec fébrilité, comme si elle était en danger, comme si son cœur, sa vie, sa peau en dépendaient. Peu à peu, à travers ses récits, elle révèle ce qui la pousse à raconter et livre le secret insensé qu'un jeune homme lui a confié, un jour, dans un café...

    Première page :

    "Élisa est assise et s'adresse au public. On la sent un peu inquiète. On ne sait pas depuis combien de temps elle est là ni depuis combien de temps elle parle.

    Élisa. Qu'est-ce que je disais ? Ah oui. Ça s'est passé à Saint-Gilles, quand je portais des pantalons péruviens et des ceintures larges comme ça, avec des clochettes. Je le croisais tous les midis, clans la rue de la Glacière. Une rue terne et triste. Il était assez petit, et pas vraiment beau, mais il avait... Je sais pas... Il était différent. J'avais dix-sept ans, peut-être dix-huit. Je portais des grandes ceintures avec des clochettes qui tintaient quand je marchais. Les entendez-vous, les clochettes ? Lui aussi portait des vêtements colorés : des chemises de pirate, des pantalons bouffants, des vestes bariolées. Il y avait une espèce de compétition entre nous ; c'était à celui qui irait le plus loin dans l'extravagance. Quand on se croisait, on se regardait du coin de l'œil, et on comptait nos points, en silence. Quelquefois, son coude frôlait le mien et ça faisait une petite étincelle qui éclairait pendant quelques secondes la rue de la Glacière, qui était terne et triste. Et puis, j'allais à mon école et lui à la sienne. Et c'était tout. Notre vie de jeunes gens volages suivait son cours. Plus tard, j'ai changé d'école ; on s'est retrouvés dans la même classe et on est devenus amis. On a fait toutes sortes de folies. On allait se baigner dans les piscines privées, la nuit. Un jour, il a enlevé le toit de son auto au chalumeau, pour faire une décapotable. Quand il pleuvait, il fallait la vider avec un petit seau, comme une chaloupe. On riait beaucoup. Il était fou, Sigfried. Il s'appelait Sigfried. C'était gai, mais on ne s'aimait pas encore. Pas complètement… Je veux dire avec la peau et la bouche et tout. (Elle s'arrête.) Excusez-moi.

    Elle prend un petit miroir et regarde son visage, attentivement. Elle passe le doigt autour de sa bouche, puis elle reprend."

    Ce que j'en pense :

    C'est presque un monologue, toujours adressé au public. Le texte est magnifique, assez troublant, poétique, rempli d'émotion. A la fin du livre l'auteure raconte comment cette histoire est née à partir d'un projet "écrire la ville" à Bruxelles et cela apporte encore plus de force au texte.

    La peau d'Elisa

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  • Terminus Belz

    "Terminus Belz" de Emmanuel Grand - Liana Levi

    Présentation de l'éditeur :

    Il s’appelle Marko Voronine. Il est en danger. La mafia le poursuit. Il croit trouver refuge sur Belz, une petite île bretonne au large de Lorient coupée de tout sauf du vent. Mais quand le jeune Ukrainien débarque du ferry, l’accueil est plutôt rude. Le métier du grand large en a pris un coup, l’embauche est rare sur les chalutiers et les marins rechignent à céder la place à un étranger. Et puis de curieuses histoires agitent en secret ce port de carte postale que les locaux appellent «l’île des fous». Les hommes d’ici redoutent par-dessus tout les signes de l’Ankou, l’ange de la mort, et pour Marko, les vieilles légendes peuvent se montrer aussi redoutables que les flingues de quelques tueurs roumains.

    Tricotant avec brio un huis clos inquiétant et une course-poursuite haletante, Emmanuel Grand mène son thriller d’est en ouest à un train d’enfer.

    Première page :

    "Son corps transi était plaqué au sol. Immobile. Recroquevillé pour mieux lutter contre le froid qui enserrait ses membres et paralysait ses articulations. Un froid intense qui l'avait ramené à la conscience. Il avait senti une étoffe rugueuse sur sa peau nue. Ses pieds avaient durci dans ses bottes en caoutchouc. Il avait tenté de se retourner, de se débattre, mais ses bras, ses jambes ne répondaient plus. Son cerveau envoyait les ordres, niais à l'autre bout les petits muscles exécutants avaient déserté. Il n'était plus qu'une masse inerte et pétrifiée.

    L'engourdissement l'aurait bientôt englouti si une douleur pénible ne s'était rappelée à lui. Une migraine lancinante qui, à mesure qu'il reprenait conscience, devenait de plus en plus insupportable, comme si une boule de billard rebondissait à toute allure contre les parois de sa boîte crânienne. Sa tête pesait une tonne et lui faisait un mal de chien. Le sang, sous ses tempes, tapait comme un torrent de montagne et des centaines de micro-décharges électriques convergeaient vers son front pour s'évanouir brutalement dans une sorte de trou noir. Il ne sentait plus son visage, son nez, ses joues. Il passa sa langue sur ses lèvres et rencontra une croûte. Il chercha à remonter vers ses narines. Un filet de liquide tiède s'en écoulait. Il avait le goût tout à la fois inquiétant et rassurant de son propre sang, mêlé à nue écœurante odeur de pétrole brûlé. En remuant la langue, il avait senti un corps étranger, petit et pointu. Tout d'abord il pensa avoir perdu un morceau de dent, mais c'était trop mou.

    II se souvint du souffle, de cette douleur atroce sur son front. Du craquement. Son corps qui glissait sur le sol. Puis le noir."

    Ce que j'en pense :

    Le début est très prometteur. Le sujet est original ; le huis clos dans cette ile bretonne (un condensé de Groix, de Ouessant…) avec ce monde de la pêche, est intéressant, les légendes bretonnes apportent un côté fantastique et inquiétant à l'intrigue… et puis cela ne tient pas sur la longueur. Ce qui était plaisant au départ devient plus lourd au fil des pages.

    Terminus Belz

     

     

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  • Tout le cimetière en parle

    "Tout le cimetière en parle" de Marie-Ange Guillaume - Le passage

    Présentation de l'éditeur :

    Les états d'âme du jeune " opérateur funéraire " fraîchement embauché, venu présenter son catalogue de cercueils à sa cliente fraîchement orpheline de père. Le monsieur de 87 ans qui ne veut plus se laisser emmerder par son taux de cholestérol. Le fait divers sanglant chez le petit couple " sans histoire ", comme on dit avant que la moquette soit repeinte en rouge. Le départ du chien et la détresse de son maître. La visite à l'amie dans son mouroir de luxe - on aurait voulu tout savoir d'elle, mais c'est trop tard et on parle météo. Le vieil homme magnifique à la vie si pleine, devenu la chose hospitalière d'une infirmière qui entre sans frapper. Le mortel qui veut durer et l'immortel qui se barbe : ça fait un partout... La mort, sujet réputé antipathique, Marie-Ange Guillaume l'ausculte avec humour, colère parfois, larmes quand le chagrin déborde. Si bien que ce livre salutaire revigore le vivant - il est bon d'apprivoiser cette chose hostile et invivable, puisqu'elle nous pend au nez.

    Première page :

    "Je suis sur le mauvais versant de la montagne et je descends tout schuss comme un skieur sans freins qui va finir par s’éclater contre un sapin. Le matériel commence à merder plus ou moins discrètement – faiblesses diverses, douleurs variées, trucs qui calent, machins qui coincent, rides et flapissures des chairs – mais on tente de me convaincre que cette décrépitude, ressentie chaque jour comme une offense à ce que j’ai été, n’est qu’une broutille aisément réparable, youpi. Dans ma télé à l’heure de la pub, on me vante les mérites d’une crème resurfaçante tartinée sur les joues d’une vieille (vingt-deux ans à tout casser) qui semble, en effet, impeccablement resurfacée – je ne sais pas quel génie a inventé ce vocabulaire mais j’espère qu’il a été payé correctement. Une autre vioque, tendance Jane Fonda vers quarante-trois ans, perchée sur le dos d’un chameau dans un Sahara filmé en Andalousie, se fiche bien de ses fuites urinaires, vu qu’elle porte sous son jean de baroudeuse la protection Tralala force 7. Sur un ton pimpant…"

    Ce que j'en pense :

    Tous les textes de ce recueil ne se valent pas mais certains sont d'une très grande force, comme "Aloïs A" , "Le vieil homme"…  lorsque l'humour se mélange à la tendresse, à la colère, à la révolte et à la poésie.

    Tout le cimetière en parle

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  • Laisse moi te dire une chose

    "Laisse moi te dire une chose" de Rémi De Vos - Actes Sud - Papiers

    Présentation de l'éditeur :

    Condamnée par une maladie incurable, une femme reçoit à l’hôpital les visites de son fils. Ils essaient de dialoguer, à leur manière : face aux griefs de la mère contre le théâtre qu’elle déteste, le fils, comédien, oppose le silence. Il supporte aussi les récits de l’ami de sa mère et les histoires graveleuses de son propre frère avec qui il ne s’entend pas. En parallèle, il imagine une pièce autour de Vidal, un jeune prisonnier fantasque qui réussira, lui, à s’échapper.

    Première page :

    "LA MERE. Quand te décideras-tu à chercher un métier sérieux ? De toute façon c’est trop tard maintenant, tu es trop vieux, tu ne peux même plus passer les concours.
    LE FILS. Tout va bien, tu as tort de t’inquiéter…
    LA MERE. Je m’inquiète depuis que tu t’es mis en tête de faire du théâtre. D’où t’est venue cette idée ? Pas de la famille en tout cas. Personne dans la famille ne s’intéresse à ça, au théâtre. Personne ne s’y est jamais intéressé. C’est tellement ridicule. Le mot même est ridicule. La première fois que j’ai entendu de ta bouche que tu voulais faire du théâtre, j’ai trouvé ça tellement ridicule. Comme si tu voulais devenir marin pêcheur ou je ne sais pas, quelque chose comme ça, impossible à comprendre. Une idée idiote voilà tout, comme il en pousse dans la tête des jeunes qui se cherchent, c’est comme ça qu’on dit – qui se cherchent ? – qui ont du mal à trouver leur voie, c’est comme ça qu’on dit, non ? (Si tous les jeunes qui ont des problèmes se mettaient en tête de faire du théâtre, tu imagines !) Je t’écoutais réciter dans ta chambre, c’était tellement ridicule et touchant aussi quelquefois. Ton père avait peur que tu ne deviennes homosexuel ; c’était sa hantise en t’écoutant parler tout seul."

    Ce que j'en pense :

    Une pièce sur la famille et sur le théâtre, sur la théâtralisation de la vie, sur le silence, sur l'impossible communication, sur l'évasion. C'est direct, souvent cruel, parfois drôle. Il faut trouver le metteur en scène qui nous fera pénétrer dans ce huis clos.

    Laisse moi te dire une chose

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  • Du sang sur Abbey Road

    "Du sang sur Abbey Road" de William Shaw - Les escales noires

    Présentation del'éditeur :

    Londres, 1968, quartier d'Abbey Road. Le corps nu d'une jeune femme est retrouvé sous un matelas. En charge de l'enquête, le détective Cathal Breen pense à une des fans des Beatles qui campent près du célèbre studio. Après avoir terni sa réputation par un inexplicable acte de lâcheté, Breen sait que cette affaire est son unique chance de sauver sa carrière. Mais ce vieux garçon, encore sous le choc de la mort de son père, va devoir faire face à une société en pleine mutation qui le dépasse. Et personne n'incarne mieux cette nouvelle réalité que la jeune inspectrice chargée de l'assister. Le duo improbable est loin d'imaginer que, dans le swinging London où sexe, drogue et pop music échauffent les esprits, il va se retrouver plongé dans un cocktail explosif de corruption, de tensions raciales et de trafic d'armes...

    Première page :

    "- Pourquoi n'y es-tu pas allé quand je te l'ai dit, avant de quitter la maison ?
    La question est adressée à un petit garçon en culotte courte et en colère. Nounou, les cheveux fous dans le vent d'octobre, conduit l'immense poussette Silver Cross de la main droite et traîne le garçon de la gauche. Bébé a abandonné Ninou, son éléphant en peluche, et pleurniche sous la couverture jaune. Ils reviennent du parc. Aucune autre nounou n'y était. Il faisait trop froid, mais la mère des enfants tient à ce qu'ils sortent tous les matins avant la collation de 11 heures. Maman croit aux bienfaits du grand air et de l'exercice, bien qu'elle-même préfère rester chez elle à fumer ses Park Drived et à parler pendant des heures au téléphone comme si ça ne coûtait rien, ou à jouer au solitaire.
    - Je te l'avais bien dit, non ?
    Nounou se débat pour avancer, façon crabe, les deux bras tendus, l'un poussant, l'autre tirant.
    - Non ?
    Elle porte la cape bleu marine qu'elle déteste. Des mocassins de grand-mère, noirs à pompons. Maquillage interdit. Jupes sous le genou. Et Papa a les mains baladeuses.
    Le garçon possède déjà l'assurance de celui qui sait que Nounou n'est qu'une employée rémunérée - trois livres dix par semaine, pension comprise - et peut donc être traitée comme telle."

    Ce que j'en pense :

    Excellent roman. L'atmosphère de l'année 1968 est très bien rendue, avec le Biafra, les Beatles, le Vietnam… le sexisme, le racisme ordinaire… L'auteur a su éviter les clichés sur cette époque.

    Les personnages sont admirablement bien campés et c'est magnifiquement écrit (et traduit) avec ce qu'il faut d'humour, de tendresse, de rythme. On attend la suite de la trilogie annoncée.

    Du sang sur Abbey Road

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