• Ici ça va

    "Ici ça va" de Thomas Vinau
    Alma éditeur

    Présentation de l'éditeur :

    Un jeune couple s'installe dans une maison en apparence abandonnée. Leur idée? La rénover. Tandis qu'elle chantonne et jardine, lui, à pas prudents, essaie - en remuant les murs et la poussière - de retrouver ses souvenirs dans ce lieu qu'il habita enfant, avant que la mort soudaine de son père coupe le temps en deux. Dans ce paysage d'herbes folles et de rivière, ce sont les gestes les plus simples, les événements les plus ordinaires qui vont réanchanter la vie. La petite voisine, la canne à pêche, les ragondins, le mélodica, le frère... Dans ce roman, aérien et grave, Thomas Vinau aborde avec la légèreté d'un peintre d'estampes la douleur de l'absence, la fragilité de l'existence, l'art du recommencement.

    Première page :

    "Ici ça va. La maison n'est pas toute neuve mais elle est propre et les plafonds sont hauts. Au moment où Ema a ouvert la porte grinçante, dont le bois humide avait gonflé autour des gonds et de la serrure, il y a eu comme un grand silence de poussière et de souvenirs. Les tomettes usées du sol, les toiles d'araignée qui voilent les fenêtres, l'odeur de renfermé, je ne sais pas pourquoi, j'ai ressenti de la tendresse pour cet endroit. C'est plutôt bon signe. Il faudra se l'approprier bien sûr, reconstruire quelque chose, mais une fois que nous aurons tout installé, je pense que nous ne serons pas trop mal. C'est toujours mieux qu'avant. Et puis il y a la lumière. Omniprésente. On dirait parfois qu'elle monte de la terre. Avec le bruit de la rivière. Qui lui sert d'escalier."

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre calme, doux, serein, simple, essentiel et poétique… un livre qui fait du bien, que l'on a envie de déguster, de relire et de garder pour soi.

    Ici ça vaIci ça vaIci ça vaIci ça va

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  • L'homme qui marchait sur la lune

    "L'homme qui marchait sur la lune" de Howard McCord
    traduction Jacques Mailhos - éditions Gallmeister

    Présentation de l'éditeur :

    Qui est William Gasper, cet homme qui depuis cinq ans arpente inlassablement la Lune, une "montagne de nulle part" en plein coeur du Nevada ? De ce marcheur solitaire, nul ne sait rien. Est-il un ascète, un promeneur mystique, un fugitif ? Tandis qu'il poursuit son ascension, ponctuée de souvenirs réels ou imaginaires, son passé s'éclaire peu à peu : ancien tueur professionnel pour le compte de l'armée américaine, il s'est fait de nombreux ennemis. Parmi lesquels, peut-être, cet homme qui le suit sur la Lune ? Entre Gasper et son poursuivant s'engage alors un jeu du chat et de la souris. D'une tension narrative extrême jusqu'à sa fin inattendue, L'homme qui marchait sur la Lune est un roman étonnant et inclassable.

    Première page :

    "JE QUITTAI STERNS À QUATRE HEURES DU MATIN, en prenant la rivière asséchée vers le nord sous un dense amoncellement d'étoiles lointaines. Le lit de l'arroyo mêlait sable, gravier et galets de granit et de gneiss de la taille d'un poing, les berges sablonneuses d'une teinte plus sombre dans l'obscurité remontaient de chaque côté en coupant les étoiles. La première demi-heure, je me concentrai sur ma marche, mais trébuchai plusieurs fois sur des pierres éboulées grosses comme des melons en lente progression vers la ville. Mon sac me crée toujours une sensation étrange pendant la première heure, mais je peux, sans m'arrêter, procéder à de petits réglages des sangles dorsales et abdominales, presser mon dos contre la charge jusqu'à ce qu'il l'épouse parfaitement, et adapter mon équilibre à ma nouvelle géométrie sans y penser vraiment. Le ciel s'éclaircissait lentement et les contours des mesquites, ocotillos et yuccas commençaient à prendre des formes plus acérées. Devant moi, la silhouette brute de la Lune emplissait un quart du ciel.
    Trois jours passèrent comme ça : marche de quatre heures du matin jusqu'à l'après-midi, parfois tard, dîner, sommeil, puis réveil et ainsi de suite, jusqu'à ce que la Lune emplît la moitié du ciel et que le chemin commençât à prendre de la pente. "

    Ce que j'en pense :

    Cela pourrait ressembler à une balade en montagne, à un hymne à la nature sauvage ou à la solitude… Mais, petit à petit, en mêlant inconscient, réflexion, imaginaire et réel, l'auteur nous entraîne dans une histoire fascinante et glaciale, étrange et cruelle.

    L'homme qui marchait sur la lune

    L'homme qui marchait sur la lune

    L'homme qui marchait sur la lune

     

     

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  • Englebert des collines

    "Englebert des collines" de Jean hatzfeld
    Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    "Un matin, j'étais avec Alexis. Nous avons dissimulé deux enfants sous les feuillages et nous avons cherché notre trou de vase. Les tueurs sont venus en chantant. Ils se sont approchés tout près, j'ai senti leur odeur. J'ai chuchoté à Alexis : "Cette fois, nous sommes bientôt morts". Il m'a répondu : "Ne bouge pas, je vais les feinter". Il a hurlé le rire de la hyène. C'était très bien imité. Ils ont reculé de peur de la morsure. Mais en s'écartant de leur chemin, ils ont découvert une cachette de femmes et d'enfants. On a entendu les coups plus que les pleurs parce que les malchanceux choisissaient de mourir en silence". Voilà une quinzaine d'années, dans la ville de Nyamata, Jean Hatzfeld a rencontré Englebert Munyambonwa, qui arpentait en haillons la grande rue, s'arrêtant dans tous les cabarets, hélant les passants. Une amitié est née avec ce personnage fantasque, rescapé des brousses de Nyiramatuntu, fils d'éleveurs, grand marcheur aussi érudit qu'alcoolique, accompagné par ses fantômes dans un vagabondage sans fin.

    Extrait :

    "À cinq heures trente, dès que la clarté passe à la fenêtre, je me réveille, tous les matins sans exception. Me réveiller tôt ne me surprend pas. C’est une habitude prise dans l’enfance, quand je poussais les vaches à boire à la rivière avant l’école. Je me lève pour la toilette dans la cour, je cire les souliers et je sors dans la rue, même si je ne trouve rien à faire. Mes parents le savaient, mes avoisinants et les enfants chez Marie-Louise aussi. À Kigali quand je chômais sans rien dans les poches, j’allais à la messe de six heures à l’église Saint-André. Je ne peux jamais rester dans le lit après cinq heures trente, même si la fièvre de malaria m’attaque. Les souvenirs me dérangent, les gens m’embrouillent tôt le matin, je les fuis.

    Dans la rue, je marche. Je pars à la recherche du premier soleil du matin. Les mauvaises langues disent que je sors si tôt pour goûter gratuitement la bière de sorgho qui finit sa distillation dans les petits cabarets. Ce sont des racontars. Je vais à Rwakibirizi, c’est une affaire de huit kilomètres. Je ne cours jamais, c’est quand même de la gymnastique. Si une idée plaisante me rattrape en chemin, je la garde."

    Ce que j'en pense :

    Jean Hatzfeld donne la parole (et quelle parole !!) à un personnage vagabond-intellectuel-alcoolique-bavard… qui a connu le Rwanda avant, pendant et après le génocide. C'est une voix que l'on n'oublie pas.

    Englebert des collinesEnglebert des collinesEnglebert des collines

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  • Le collier rouge

    "Le collier rouge" de Jean-Christophe Rufin
    Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte. Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit. Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère. Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes. Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame... Plein de poésie et de vie, ce court récit, d'une fulgurante simplicité, est aussi un grand roman sur la fidélité. Etre loyal à ses amis, se battre pour ceux qu'on aime, est une qualité que nous partageons avec les bêtes. Le propre de l'être humain n'est-il pas d'aller au-delà et de pouvoir aussi reconnaître le frère en celui qui vous combat ?

    Première page :

    "À une heure de l’après-midi, avec la chaleur qui écrasait la ville, les hurlements du chien étaient insupportables. Il était là depuis deux jours, sur la place Michelet, et depuis deux jours il aboyait. C’était un gros chien marron à poils courts, sans collier, avec une oreille déchirée. Il jappait méthodiquement, une fois toutes les trois secondes à peu près, d’une voix grave qui rendait fou.

    Dujeux lui avait lancé des pierres depuis le seuil de l’ancienne caserne, celle qui avait été transformée en prison pendant la guerre pour les déserteurs et les espions. Mais cela ne servait à rien. Quand il sentait les cailloux approcher, le chien reculait un instant, puis il reprenait de plus belle. Il n’y avait qu’un prisonnier dans le bâtiment et il n’avait pas l’air de vouloir s’évader. Malheureusement, Dujeux était le seul gardien et sa conscience professionnelle lui interdisait de s’éloigner. Il n’avait aucun moyen de poursuivre l’animal, ni de lui faire vraiment peur."

    Ce que j'en pense :

    Roman court mais sensible, qui tient le lecteur en haleine. Des personnages (y compris le chien!) attachants. Une façon originale et intelligente d'aborder l'après guerre de 14/18.

    Le collier rougeLe collier rougeLe collier rouge 

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  • Un printemps à Tchernobyl

    "Un printemps à Tchernobyl" de Emmanuel Lepage
    Futuropolis

    Présentation de l'éditeur :

    26 avril 1986. À Tchernobyl, le cœur du réacteur de la centrale nucléaire commence à fondre. Un nuage chargé de radionucléides parcourt des milliers de kilomètres. Sans que personne ne le sache… et ne s’en protège. C’est la plus grande catastrophe nucléaire du XXe siècle. Qui fera des dizaines de milliers de victimes. À cette époque, Emmanuel Lepage a 19 ans. Il regarde et écoute, incrédule, les informations à la télévision. 

    22 ans plus tard, en avril 2008, il se rend à Tchernobyl pour rendre compte, par le texte et le dessin, de la vie des survivants et de leurs enfants sur des terres hautement contaminées. Quand il décide de partir là-bas, à la demande de l’association les Dessin’acteurs, Emmanuel a le sentiment de défier la mort. Quand il se retrouve dans le train qui le mène en Ukraine, où est située l’ancienne centrale, une question taraude son esprit : que suis-je venir faire ici ?

    Extrait :

    Un printemps à Tchernobyl

     

    Ce que j'en pense :

    La progression est intéressante (même si au début on se demande bien où veut aller l'auteur) : des interrogations, des peurs, des représentations de ce lieu… et puis, petit à petit la vie est là (et la couleur également). Très beau carnet de voyage où alternent les techniques de dessin, le noir, la couleur, petites vignettes et dessin pleine page.

    Un printemps à Tchernobyl

    Un printemps à Tchernobyl

     Un printemps à Tchernobyl

     

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  • Regarde les lumières mon amour

    "Regarde les lumières mon amour" de Annie Ernaux
    Seuil ((raconter la vie)

    Présentation de l'éditeur :

    Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l'hypermarché Auchan du centre commercial des Trois Fontaines situé en région parisienne. "Voir pour écrire, c'est voir autrement ", écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Avec ce relevé libre de sensations et d'observations, l'hypermarché, espace familier où tout le monde atteint la dignité de sujet littéraire.

    Extrait :

    "Jeudi 8 novembre

    II fait froid, gris. Une espèce de mouvement de plaisir tout à l'heure à l'idée d'aller aux Trois-Fontaines et de faire quelques courses nécessaires à Auchan. Comme une rupture dans le travail d'écriture, une distraction sans effort dans un lieu familier.

    Dès qu'on franchit l'une des barrières donnant accès (payant) aux parkings, toute une série d'embûches peuvent se présenter qui donnent d'emblée aux courses un caractère contrariant : être obligé de tourner longtemps avant de trouver une place qui ne soit pas située au fin fond d'un parking loin d'une entrée, s'apercevoir qu'on n'a pas un euro sur soi pour détacher un caddie ou que, en plus de tirer irrépressiblement d'un côté, celui qu'on vient de prendre contient les détritus de l'usager précédent. Au contraire, tomber immédiatement sur une place libre ou juste en train de se libérer et tout près de l'entrée favorite est une satisfaction de bon augure. Une autre étant de décrocher un caddie propre et aisé à manœuvrer. Mes deux chances aujourd'hui.

    Grande affluence dans les allées du centre - ce sont encore les vacances de la Toussaint -, plus discrète à l'intérieur d'Auchan. Halloween étant passée, tout est en place pour Noël…"

    Ce que j'en pense :

    Du "bon Ernaux", avec cette façon de regarder (et de mettre en lumière) le contemporain, le réel, l'humain, simplement mais avec une grande intelligence.

    Regarde les lumières mon amour

    Regarde les lumières mon amour

    Regarde les lumières mon amour

    Regarde les lumières mon amour

     

     

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  • Sacrifices

    "Sacrifices" de Pierre Lemaitre
    Le livre de poche

    Présentation de l'éditeur :

    « Un événement est considéré comme décisif lorsqu'il désaxe complètement votre vie. Par exemple, trois décharges de fusil à pompe sur la femme que vous aimez. » Anne Forestier, la nouvelle compagne du commandant Verhoeven, est l’unique témoin d’un braquage dans une bijouterie des Champs-Elysées. Elle a été violemment tabassée et laissée pour morte. Atmosphère glaçante, écriture sèche, mécanique implacable : Pierre Lemaitre a imposé son style et son talent dans l'univers du thriller. Après Alex, il achève ici une trilogie autour du commandant Verhoeven, initiée avec Travail soigné. Par l’auteur de Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013.

    Première page :

    "Un événement est considéré comme décisif lorsqu'il désaxe totalement votre vie. C'est ce que Camille Verhoeven a lu, quelques mois plus tôt, dans un article sur «L'accélération de l'histoire». Cet événement décisif, saisissant, inattendu, capable d'électriser votre système nerveux, vous le distinguez immédiatement de tous les autres accidents de l'existence parce qu'il est porteur d'une énergie, d'une densité spécifiques : dès qu'il survient, vous savez que ses conséquences vont avoir pour vous des proportions gigantesques, que ce qui vous arrive là est irréversible.
    Par exemple, trois décharges de fusil à pompe sur la femme que vous aimez.
    C'est ce qui va arriver à Camille.
    Et peu importe que ce jour-là vous vous rendiez, comme lui, à l'enterrement de votre meilleur ami et que vous ayez le sentiment d'avoir déjà votre dose pour la journée. Le destin n'est pas du genre à se contenter d'une pareille banalité, il est parfaitement capable, malgré cela, de se manifester sous la forme d'un tueur équipé d'un Mossberg 500 calibre 12 à canon scié.
    Reste à savoir maintenant comment vous allez réagir. C'est tout le problème."

    Ce que j'en pense :

    Thriller noir, violent, sans fioriture. L'intrigue est bien menée mais certains personnages manquent d'épaisseur et de crédibilité.

    Sacrifices 

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  • L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA

    "L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA"
    de Romain Puértolas - Le Dilettante

    Présentation de l'éditeur :

    Un voyage low-cost... dans une armoire Ikea ! Une aventure humaine incroyable aux quatre coins de l'Europe et dans la Libye post-Kadhafiste. Une histoire d'amour plus pétillante que le Coca-Cola, un éclat de rire à chaque page mais aussi le reflet d'une terrible réalité, le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle, sur le chemin des pays libres.

    Première page :

    "Le premier mot que prononça l'Indien Ajatashatru Lavash Patel en arrivant en France fut un mot suédois. Un comble !
    Ikea.
    Voilà ce qu'il prononça à mi-voix.
    Cela dit, il referma la porte de la vieille Mercedes rouge et patienta, les mains posées comme un enfant sage sur ses genoux soyeux.
    Le conducteur de taxi, qui n'était pas sûr d'avoir bien entendu, se retourna vers son client, ce qui eut pour effet de faire craquer les petites billes en bois de son couvre-siège.
    Il vit sur la banquette arrière de son véhicule un homme d'âge moyen, grand, sec et noueux comme un arbre, le visage mat et barré d'une gigantesque moustache. De petits trous, séquelles d'une acné virulente, parsemaient ses joues creuses. Il avait plusieurs anneaux dans les oreilles et sur les lèvres, comme s'il avait voulu refermer tout cela après usage à la manière d'une fermeture Éclair. Oh, le joli système ! pensa Gustave Palourde, qui vit là un fantastique remède contre les papotages incessants de sa femme."

    Ce que j'en pense :

    C'est dans la série des livres "amusants" (où presque tout est dans le titre!) qui se vendent bien actuellement, mais de là à qualifier ce livre de "hilarant" il y a un grand pas que je ne franchirai pas!

    L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA

    L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé...

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  • La mer

    "La mer" de Yôko Ogawa
    traduction Rose-Marie Makino - Babel

    Présentation de l'éditeur :

    Un enfant révèle l'existence d'un instrument de musique unique au monde.

    Dans un bureau de dactylographie, une employée s'attache à la portée symbolique des caractères de plomb de sa machine.
    Avec discrétion, un jeune garçon se mêle au groupe qui ce jour-là visite sa région. Dans l'autocar, un vieux monsieur très élégant s'intéresse à l'enfant. Cet homme est un ancien poète...
    Une petite fille devenue muette retrouve sa voix devant la féerie d'une envolée de poussins multicolores...
    Un recueil de nouvelles poétiques et tendres dans lequel le lecteur retrouve l'univers rêveur de Yoko Ogawa, cette proximité entre les différentes générations ; ces héritages spirituels soudainement transmis à un inconnu et ces êtres délicats qui libèrent les souvenirs effacés en offrant un coquillage, une aile de libellule, une mue de papillon...

    Première page :

    "La maison familiale d'Izumi était bien plus éloignée de l'aéroport que je ne le pensais. Après avoir été ballottés pendant plus d'une heure dans un autocar limousine, nous avons dû changer pour un autobus local, elle se trouvait un peu plus loin après que le bus eut longé, à la lenteur d'un escargot, une digue, des rizières puis une garnison des forces d'autodéfense:

    C'était notre première excursion à deux avec l'intention de passer une nuit à l'extérieur, mais malheureusement, on ne peut pas dire que ce fut un voyage romantique. En cours de route, elle a été victime du mal des transports et je n'ai pas cessé de lui frotter le dos, à tel point que ma main droite en était tout engourdie. A la fin, n'en pouvant plus, nous sommes descendus trois arrêts avant celui qui était prévu, et nous avons marché tous les deux sur la départementale en nous reposant de temps en temps."

    Ce que j'en pense :

    Une écriture simple, limpide; de belles histoires de rencontres avec leur poésie et leur mystère; une lecture qui apaise et repose.

    La mer La mer La merLa mer

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  • La grande vie

    "La grande vie" de Christian Bobin
    Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    "Les palais de la grande vie se dressent près de nous. Ils sont habités par des rois, là par des mendiants. Thérèse de Lisieux et Marilyn Monroe. Marceline Desbordes-Valmore et Kierkegaard. Un merle, un geai et quelques accidents lumineux. La grande vie prend soin de nous quand nous ne savons plus rien. Elle nous écrit des lettres"

    Première page :

    "Chère Marceline Desbordes-Valmore, vous m'avez pris le cœur à la gare du Nord.

    Il faisait froid. Il y avait tellement de monde, et en vérité personne. J'ai cherché un abri, un lieu humain. Je l'ai trouvé : le dos appuyé contre un pilier j'ai ouvert votre livre et j'ai lu votre poème Rêve intermittent d'une nuit triste. Je l'ai lu quatre fois de suite. Il n'y avait plus de foule, plus de froid. Il n'y avait plus que la lumière rosé de votre chant - ce rosé que Rimbaud vous a volé, entrant dans votre écriture comme un pilleur de tombe égyptienne. Qu'importé : vous revoilà. Intacte et régnante par votre cœur en torche.

    La vie avec vous a été d'une brutalité insensée. Plus ses coups étaient violents, plus votre chant s'allégeait."

    Ce que j'en pense :

    C'est un hommage à la vie, aux artistes, aux écrivains, à ceux que l'on a aimés… C'est dans le style habituel de Bobin : les anges, les oiseaux, les fleurs…sont toujours bien présents (Dieu l'est un peu moins !). On y retrouve des passages assez énigmatiques et même incompréhensibles mais il y a régulièrement de très belles fulgurances.

    La grande vie La grande vie

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