• Dans le terrier du lapin blanc

    "Dans le terrier du lapin blanc" de Juan Pablo Villalobos
    traduction Claude Bleton - Actes Sud

    Présentation de l'éditeur :

    Il était une fois un petit garçon très intelligent passionné par les chapeaux, les dictionnaires, les samouraïs et la délicatesse infinie des sans-culottes. Un jour, il se pique de doter son zoo privé d’hippopotames nains du Liberia, et qu’importe que l’espèce soit en voie d’extinction ! Il les aura car papa peut tout. Papa est riche et puissant : il travaille dans la cocaïne. Depuis la forteresse où il vit reclus avec son narcotrafiquant de père et sa cour, le “Candide” observe un monde fantasmagorique et pourtant réel qui répond au moindre de ses désirs. S’il paraît extravagant, il est plein, en vérité, d’une cohérence implacable : le caprice puéril n’est qu’une réplique en miniature de la démence adulte.

    Puisant avec brio à la source de l’ironie pour bâtir ce court roman philosophique, l’auteur brandit le pouvoir subversif de la dérision pour pointer une violence mexicaine prégnante et l’affilier, surtout, à une longue tradition humaine. Il semblerait, en effet, que toutes les civilisations comptent leurs coupeurs de têtes et qu’il ne soit pas si rare que les petits lapins blancs se transforment en serpents à sonnette.

    Première page :

    "Certaines personnes disent que je suis un garçon précoce. Surtout parce qu'elles croient que je suis trop petit pour savoir les mots difficiles. Mais j'en sais plusieurs, par exemple : sordide, néfaste, impeccable, pathétique et foudroyant. En réalité, il n'y a pas beaucoup d'adultes qui disent que je suis un garçon précoce. Le problème, c'est que je n'en connais pas beaucoup, au maximum treize ou quatorze, dont quatre disent que je suis un garçon précoce, ou que je fais plus grand que mon âge. Ou au contraire, que je suis trop petit pour ce genre de choses. Ou, au contraire du contraire, que je suis un nain. Mais je ne pense pas être un garçon précoce. A vrai dire, j'ai un truc, comme les magiciens qui sortent des lapins de leur chapeau, sauf que je sors des mots du dictionnaire. Tous les soirs, avant de m'endormir, je lis le dictionnaire. "

    Ce que j'en pense :

    À la fois glaçant et amusant car on navique tout le long de ce petit livre (il ne fallait pas plus de cette centaine de pages)  entre horreur et innocence.

     

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  • Les Milanais tuent le samedi

    "Les Milanais tuent le samedi " de Giorgio Scerbanenco
    traduction Laurent Lombard - Rivages Noir

    Présentation de l'éditeur :

    "Avec la civilisation de masse naît la criminalité de masse. Aujourd'hui, la police ne peut plus rechercher tel ou tel criminel, ni enquêter sur telle ou telle affaire. Aujourd'hui on fait d'énormes coups de filet... On pêche dans cette mer fangeuse du crime et on en sort de répugnants poissons, des petits et des gros ; et c'est comme ça qu'on fait le ménage. Mais on n'a pas le temps de s'occuper d'une fille qui mesure presque deux mètres, pèse cent kilos, simple d'esprit, et qui a disparu de chez elle, volatilisée dans l'immense Milan où une personne disparaît chaque jour sans qu'on puisse la retrouver."

    Duca Lamberti, lui, va prendre le temps de s'intéresser à cette affaire.

    Première page :

    "- Oui ? dit Duca Lamberti.

    C'était moins une question qu'une approbation.

    De l'autre côté de la table, l'homme vieux mais robuste, solide, large, musclé, les oreilles et les sourcils broussailleux, se remit alors à parler :

    - Chaque fois que j'allais au commissariat,  le commissaire me disait : « Ne vous inquiétez pas, on va la retrouver, votre fille, laissez-nous le temps, on a tellement de travail vous savez. » J'y suis allé une fois par semaine et le commissaire me répondait toujours la même chose : qu'on allait la retrouver, ma gamine. Mais ça fait cinq mois et toujours rien, et moi je ne vis plus. Brigadier, je vous en supplie, retrouvez-la-moi, sinon je ne sais pas ce que je vais faire.

    Duca Lamberti n'était pas brigadier, mais il ne corrigea pas ; il n'aimait pas corriger qui que ce soit, faire la leçon à qui que ce soit. Il regarda le vieil homme - pas si vieux au fond, il ne devait pas encore avoir soixante ans - il regarda ce visage de vieux taureau brave et débonnaire que déformait, à ce moment-là, un rictus proche des larmes.

    - Bien entendu, nous ferons tout ce qu'il faut, lui dit-il."

    Ce que j'en pense :

    On retrouve pour la dernière fois les enquêtes d l'inspecteur Duca Lamberti, qui nous entraine dans les bas-fonds de la ville de Milan. Pour moi, l'intérêt principasl de ce roman est de permettre de redécouvrir l'univers de Giorgio Sverbanenco dans les années 60.

     

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  • Un enfant de Dieu

    "Un enfant de Dieu" de Cormac McCarthy
    traduction Guillemette Belleteste - actes sud (points)

    Présentation de l'éditeur :

    A quel moment Lester est-il devenu un monstre ? Chassé de chez lui, il erre dans les montagnes comme un charognard guettant ses proies. Ses raisonnements se simplifient, les actes laissent place aux pulsions et ses gestes deviennent ceux d'un animal traqué. Un monologue où se mêlent insultes et sanglots s'élève dans sa grotte peuplée de cadavres ; le grognement à peine humain d'un enfant de Dieu. A quel moment Lester est-il devenu un monstre ? Chassé de chez lui, il erre dans les montagnes comme un charognard guettant ses proies. Ses raisonnements se simplifient, les actes laissent place aux pulsions et ses gestes deviennent ceux d'un animal traqué. Un monologue où se mêlent insultes et sanglots s'élève dans sa grotte peuplée de cadavres ; le grognement à peine humain d'un enfant de Dieu.  

    Première page :

    "Ils arrivèrent comme une caravane de forains à travers les basses terres envahies de laîches et franchirent la colline dans le soleil du matin, le camion bringuebalant et plongeant dans les ornières, les musiciens en équilibre instable sur des chaises dans la caisse, en train d'accorder leurs instruments ; le gros type avec sa guitare souriait et gesticulait en direction des autres dans la voiture derrière, se penchant pour donner la note au violoneux qui tournait une clef de son crincrin, l'oreille tendue, le visage plissé. Ils passèrent sous les pommiers en fleur, le long d'une mangeoire en rondins colmatée de boue orange, traversèrent un ruisseau à gué pour arriver en vue d'une vieille masure à essentes, ombre bleue sous la paroi montagneuse. Au-delà se dressait une grange. Un des hommes à l'arrière du camion donna un coup de poing sonore sur le toit de la cabine et le véhicule s'immobilisa. Des voitures et des camions arrivaient à travers les herbes folles dans la cour, il y avait des gens à pied.

    A observer ces choses qui émergent d'une matinée par ailleurs silencieuse et champêtre, un homme, devant la porte de la grange. Il est petit, crasseux, mal rasé. Il se déplace dans la balle sèche au milieu de la poussière et des lames de soleil avec une brutalité contenue. Du sang saxon et celte. Un enfant de Dieu, sans doute comme vous et moi."

    Ce que j'en pense :

    C'est un livre très bien écrit, concis, sans aucun superflu. L'auteur va directement à l'essentiel, ce qui donne un livre très noir, sans espoir, qui peut même nous faire éprouver un sentiment de malaise.

      

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