• Tous pressés

    "Tous pressés" de Bernard Friot

    Milan

    Présentation de l'éditeur :

    Bernard Friot est né près de Chartres en 1951, mais il a posé ses valises dans de nombreuses villes de France et d'Allemagne.
    Il a été enseignant de lettres et s'est très tôt intéressé aux pratiques de lecture des enfants et adolescents. Bernard Friot se définit comme un "écrivain public" : il a besoin de contacts réguliers avec ses jeunes lecteurs pour retrouver en lui-même les émotions, les images dont naissent ses histoires. La relation au lecteur est aussi au coeur de sa réflexion sur l'écriture : lire est pour lui un acte de création, autant que l'écriture.

    Première page :

    "Il y a un mois, la maîtresse nous a annoncé qu'un écrivain allait venir dans notre école. Il fallait qu'on lise ses livres et qu'on prépare des questions. Mais moi, j'aime pas lire. Sauf les livres de foot. Et cet écrivain-là, il a rien écrit sur le foot. Alors, j'ai dit à la maîtresse que ça ne m'intéressait pas. Elle s'est fâchée et son nez s'est mis à remuer bizarrement. On aurait dit un lapin pas content parce qu'on lui a piqué sa carotte."

    Ce que j'en pense :

    Plus d'une trentaine de petites histoires souvent assez mal écrites. On peut quand même en "sauver" quelques unes ! On sent que "le Friot" se vend bien mais heureusement l'auteur annonce que c'est le dernier livre de cette série (il est capable de faire beaucoup mieux).

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  • Un assassin blanc comme neige

    "Un assassin blanc comme neige" de Christian Bobin
    Gallimard

    Présentation de l'éditeur :

    «L'encre fraîche de Rimbaud tache mes doigts. Ses proses font trembler l'air au-dessus de la page comme sur une route fondue au soleil d'été. Je vais chercher mon pain, mes nuages et mes étoiles dans l'unique librairie du Creusot. L'acacia au bas de la rue du Guide surgit comme un donateur fou. Son haleine sent le miel et l'or. Toutes les fleurs se ruent vers nous en nous léguant de leur vivant leur couleur et leur innocence. Les contempler mène à la vie parfaite. Les anémones sont si crédules que même l'enfer leur donne raison.»

    Première page :

    "Tip-tap, tip-tap : il me réjouit, le bruit de goutte d'eau du chat noir s'arrachant à son sommeil à l'étage et dévalant l'escalier en chêne dans l'espoir que je lui donne à man­ger. Tip-tap, tip-tap : ce bruit qui à chaque marche s'accélère est une cascade musicale telle qu'il en sort des dix mille doigts aimantés de Chopin.

    Le fouet d'une pluie mercenaire pousse les rosés du jardin jusqu'au Golgotha d'où l'on a sur la vie une vue panoramique.

    Une serpe tranche le souffle de cet homme quand il me confie que, des mois après la mort de son chat, il entend encore le bruit de ses pas dans l'escalier."

    Ce que j'en pense :

    Méditations poétiques, mystiques. Bobin laisse courir sa plume devant la beauté de la nature, d'un visage, d'un sourire, d'un souvenir... Il y a de magnifiques moments mais on a parfois l'impression de lire une caricature de l'auteur.

     

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  • A l'enfant que je n'aurai pas

    "A l'enfant que je n'aurai pas" de Linda Lê
    Les affranchis NiL

    Présentation de l'éditeur :

    Écrire pour donner la vie ; après le triomphe de Cronos, Linda Lê s'approprie l'écriture autobiographique dans un exercice de liberté d'une puissance étourdissante.

    Première page :

    "Toi, l'enfant que je n'aurai pas, je me demande quels traits auraient été les tiens si je t'avais donné le jour : anguleux comme ceux de mon père ou flous comme ceux de cet homme, S., que j'ai aimé cinq ans durant, avec une étonnante constance, et qui me disait avoir la fibre paternelle ? Mon épanouissement, à l'en croire, passait par l'enfantement, être mère m'aurait apporté la sérénité qui me faisait défaut. J'aurais franchi un cap, bazardé l'attirail du scepticisme, renquillé mes postulats péremptoires, prisé les demi-teintes, diapré mes matins blêmes. J'avais avec S. de longues conversations et de brèves disputes d'où il ressortait toujours que j'avais tort de persister à ne pas me perpétuer." 

    Ce que j'en pense :

    L'auteure affirme avec force son désir de ne pas enfanter et écrit quelques pages pleines d'amour pour cet enfant qu'elle n'aura pas. Ecriture à la fois profonde et délicate. Lecture troublante.

      

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  • Une âme perdue

    "Une âme perdue " de Giovanni Arpino
    Traduction Nathalie Bauer - 10/18 (Belfond)

    Présentation de l'éditeur :

    Tino, adolescent frêle et gauche, se rend à Turin pour réviser son baccalauréat. Sitôt qu'il est installé dans la maison familiale, Anetta, la servante, lui fait une étrange révélation : à l'étage, derrière une porte close, le frère jumeau de son oncle vit reclus. Forcé de partager son toit, Tino veille. Jusqu'à ce petit matin où lui est révélé le terrible drame...

    Première page :

    "J'ai toujours eu peur, mais aujourd'hui c'est encore autre chose, aujourd'hui je viens de me réveiller et je sens déjà entre les côtes un tressaillement angoissant qui bat, fait mal, que je n'arrive pas à calmer par la seule force de la raison.

    Je dois ouvrir les yeux, regarder, me regarder et enfin me rendre compte que cette peur est absurde, que la chambre où j'ai dormi a beau être étrangère, elle ne dissimule pas de dangers, pas plus que la maison, la rue à l'extérieur, la ville.

    Tout à l'heure, un faible grincement du parquet dans la pièce du dessus m'a serré la gorge et le cœur, telle une mystérieuse menace.

    Voilà, je soulève à deux mains le drap et m'observe avec la prudence que j'ai appris à insuffler à ces gestes de réconfort rituels.

    Allongé, j'ai l'air encore plus maigre ; les plis de mon pyjama neuf collent à ma peau, humides de transpiration, dessinant une suite désordonnée d'éléments géométriques dénués de sens..."

    Ce que j'en pense :

    A travers une écriture "sage", classique mais efficace, Arpino nous fait traverser le miroir et toucher la folie.

      

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  • Le papillon et la lumière

    "Le papillon et la lumière" de Patrick Chamoiseau
    Editions Philippe Rey

    Présentation de l'éditeur :

    À la nuit tombée, les papillons tourbillonnent autour des lampadaires, s'en exaltent, s'y brûlent le plus souvent...

    Parmi eux, un jeune aux ailes fringantes s'élance comme tous les autres, tournoie dans les halos de clarté, et fonce dans les éblouissements. Seulement, plutôt que de heurter cette féerie brûlante, il opère chaque fois un prompt demi-tour. Il survit,
    mais sent bien qu'une expérience fondamentale lui échappe : il ne connaît pas la lumière.

    Il s'en ouvre à un vieux papillon aux ailes intactes. Ce dernier semble d'abord éluder ses questions, avant de l'entraîner dans un voyage inattendu à travers la ville, au coeur de la nuit d'abord,
    puis au lever du jour vers le soleil...

    Et si la véritable lumière ne se trouvait pas là où on l'attend ?

    Extrait :

    "Le jeune papillon reste tourmenté encore quelques instants. Dans une sorte de fièvre, il finit par débiter tout un flot de questions qui lui tordaient la trompe :

    - Alors pourquoi ne pas la connaître maintenant?

    - Connaître quoi ?

    - Pourquoi ne pas te jeter maintenant vers une de ces lumières? Je n'y suis encore jamais allé à fond mais, si tu en as peur, je viendrai avec toi!...

    - Ah, la peur!..., frissonne le vénérable.

    - Quoi, la peur?

    - N'as-tu jamais eu peur?

    - Non, pas vraiment, dit le fringant.

    - Dommage pour toi... 

    - Pourquoi ?

    - La peur est le début du courage. Pas de peur, jamais de courage. Pas de courage, pas de vie."

    Ce que j'en pense :

    Une fable philosophique, très "socratique" où Chamoiseau avec sa langue magnifique, nous entraine dans un questionnement sur nous-mêmes et sur la vie. Le livre est ponctué de dessins à l'encre de Ianna Andreadis.

      

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  • Les visages

    "Les visages" de Jesse Kellerman
    traduction Julie Sibony - éditions Sonatine

    Présentation de l'éditeur :

    Lorsque Ethan Muller, propriétaire d'une galerie, met la main sur une série de dessins d'une qualité exceptionnelle, il sait qu'il va enfin pouvoir se faire un nom dans l'univers impitoyable des marchands d'art. Leur mystérieux auteur, Victor Crack, a disparu corps et âme, après avoir vécu reclus près de quarante ans à New York dans un appartement miteux. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c'est le travail d'un génie. La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d'enfants victimes, des années plus tôt, d'un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l'obsession. C'est le début d'une spirale infernale à l'intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers. Bien loin des polars calibrés habituels, Jesse Kellerman, styliste hors pair, nous offre ici un roman d'une indéniable qualité littéraire qui, doublée d'une intrigue machiavélique, place d'emblée le livre au niveau des plus grandes réussites du genre, tels Mystic River, de Dennis Lehane, ou L'Analyste, de John Katzenbach.

    Première page :

    "Au début, je me suis mal comporté. Je ne vais pas vous mentir, alors autant jouer cartes sur table dès maintenant : si j'aimerais croire que je me suis racheté par la suite, il ne fait aucun doute que mes intentions, du moins au début, ont manqué quelque peu de noblesse. Et encore, c'est un euphémisme. Alors puisqu'il faut être honnête, soyons honnête : j'étais motivé par l'appât du gain et sur­tout par le narcissisme ; un sentiment de toute-puissance profondément enraciné dans mes gènes et dont je semble incapable de me débarrasser, bien qu'il me fasse parfois honte. Déformation professionnelle, j'imagine, mais aussi une des raisons qui m'ont poussé à tourner la page. « Connais-toi toi-même. »

    Et merde. Je m'étais promis de faire un effort pour ne pas parler comme un sale con prétentieux. Il faut que je fasse plus roman noir ; en tout cas j'aimerais bien. Mais je ne crois pas que ce soit mon truc. D'écrire par petites phrases hachées. D'employer des métaphores graveleuses pour décrire des blondes sensuelles (mon héroïne est brune, pas spécialement du genre sensuel ; elle n'a pas les cheveux noir de jais lâchés en une crinière dégoulinante ; ils sont châtain clair et la plupart du temps pragmatique-ment attachés en arrière - des queues-de-cheval soignées ou des chignons improvisés - ou bien juste coincés der­rière les oreilles). Je n'y arrive pas, alors pourquoi me forcer ?"

    Ce que j'en pense :

    Ce livre n'a rien à voir avec un thriller, comme il est annoncé sur la couverture. Ce n'est pas non plus un roman noir et à peine un roman policier. L'intrigue, qui se passe dans un milieu original (le monde des galeries d'art), est à la fois recherche d'un criminel et chronique familiale (avec ses secrets...). Les personnages ont de l'épaisseur.

     

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