• Au pays des petits poux

    "Au pays des petits poux" - Texte et illustration de Béatrice Alemagna
    Phaidon

    Présentation de l'éditeur :

    Le pays des petits poux est un vieux matelas abandonné au fond d un jardin. Les petits poux y habitent depuis des années, chaque petit pou dans son trou. Aujourd hui, c est l anniversaire du petit pou gras et tous les autres petits poux du pays sont invités dans le grand trou, au milieu du matelas. C est la première fois qu ils vont tous se rencontrer. 
    Le petit pou gras prépare des gâteaux à la poussière, installe des guirlandes et met en route son tourne-disque. Mais quand ses invités arrivent, quelle surprise ! Ils sont tous très différents de lui et aucun ne se ressemble : l un est tout maigre, l autre est tout jaune, un autre est multicolore. Toutes ces différences sont autant de sources de questionnement des petits poux sur le ton de la raillerie : « Pourquoi tu es maigre comme un haricot ? », « Mais toi, au fait, pourquoi tu es gras comme un hippopotame ? ».
    Mais tous les petits poux en arrivent à la même conclusion : ils sont tous nés comme ça, différents les uns des autres. Et comme ils n y peuvent rien, ils se précipitent tous sur la piste de danse et se mettent à sautiller tous ensemble à droite et à gauche.

    Extrait :

    Au pays des petits poux

    Ce que j'en pense :

    Un livre sur le respect des différences, très bien illustré avec du tissu, de la laine, des perles, des boutons... On regrette de ne pouvoir toucher ces matériaux.  Texte et illustration font de ce livre un bel objet pour émerveiller les enfants à partir de 3/4 ans (pour moins de 10 euros).

      

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  • Un enfant à ma porte

    "Un enfant à ma porte" de Ying Chen
    éditions du Seuil

    Présentation de l'éditeur :

    Un couple reçoit mystérieusement un enfant, sorte de démon qui renverse toutes les valeurs habituelles de la famille et de la vie bourgeoise. Dans ce curieux apologue, Ying Chen fait le procès du sentimentalisme et des conventions sociales, mais pour exprimer paradoxalement l’amour et aborder des aspects essentiels de la littérature.

    Ying Chen, d'origine shanghaienne, a choisi la langue française et la nationalité québécoise (quoique vivant en Colombie-Britannique). Elle a publié aux éditions du Seuil: Le Champ dans la mer, Quatre Mille Marches, Querelle d'un squelette avec son double, Le Mangeur.

    Première page :

    "Cet enfant a bel et bien habité cette maison pendant exactement trois cent quatre-vingt-neuf jours, remuant mon espace, criant, pleurant, grimpant, tapant, salissant, sautant, ronflant. Trois cent quatre-vingt-neuf jours de désordre, de demandes pressantes, de tumulte, à la seule exception des heures de sommeil. Puis, soudainement, le fracas continuel s'est éteint. L'enfant est disparu de la maison sans avertir, son départ aussi surprenant que son arrivée.

    Désormais privée de la besogne de mère, je trouve ma vie moins justifiée dans cette maison, dans cette rue, dans cette ville, dans ce monde. Le silence revient, le repos est enfin possible. Tout est de nouveau en ordre, de nouveau vide.

    Le matin, je fais un tour dans la chambre délaissée. J'ouvre la fenêtre pour aérer la pièce."

    Ce que j'en pense :

    Un livre qui "parle" de l'instinct maternel de façon troublante et parfois dérangeante. Il aborde également le thème de la solitude de la mère, de la femme et de l'écrivain. Une écriture sèche et un style qui peut paraitre oppressant.

      

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  • Le Bar parfait

    "Le Bar parfait" de Jean Bernard Pouy
    Editions de l'Atelier in8, collection Polaroïd

    Présentation de l'éditeur :

    Un marathonien du Blanc hante les rues de Paris à la recherche du bistrot parfait. Celui qui proposera mieux que Cabernet ou Sauvignon. Les établissements se succèdent et ne se ressemblent pas. Dans sa quête, il utilise un jeu de Monopoly et découvre ainsi des quartiers qu'il avait jusque-là négligés. Pendant ce temps, un groupe de tueurs prépare une descente dans un vieux rade. Le Bar parfait est une ballade au pays de l'alcool chaleureux, des éblouissements autour du zinc, des ivresses des arrières-salles enfumées. On marche dans la lumière sourde des bar-tabacs en compagnie d'un narrateur qui ressemble terriblement à un Jean-Bernard Pouy.

    Première page :

    "-  Un verre de vin blanc, s'il vous plaît.

    -  Muscadet ou sauvignon ?

    -  Au revoir monsieur.

    Et je suis sorti du rade.

    Faut pas pousser. Y a toujours, quand même, au moins, du Macon, du petit Chablis, du Chever-ny ou du Quincy, en cherchant bien, suffit d'aller chez un Nicolas, ce n'est jamais très loin, sur notre territoire, notre beau pinardland, celui que tout le monde nous envie, celui que tout le monde copie, putain, même au Chili, ils font du blanc.

    Faut pas pousser. C'est Prévert qui disait : « Le vin est un liquide rouge, sauf le matin où il est blanc »... Si ce n'est pas la sourate ultime, cette évidence, c'est quoi ? Du muscadet. Du sauvignon... Merde.

    J'en avais marre. Vers 11 heures, il me faut mon verre de blanc. Du bon. De la marque. Du naturel. Du cru. Du millésime. Du bio. Je m'en fous. Du blanc, simplement du bon blanc. De quoi attendre, humecté, le repas de midi.

    C'est mieux qu'un apéro, c'est une mise en bou­che. Une vieille habitude qui nettoie les plombages et hérisse un peu la langue. Un machin qui décape. Le moins sucré possible. "

     Ce que j'en pense :

    Nouvelle d'une soixantaine de pages où Pouy nous entraine dans sa tournée des bars parisiens. C'est gouleyant, plein de verve et d'ironie. Du bon Pouy (on en reprendrait bien une autre tournée)

      

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  • Les mots pauvres

    "Les mots pauvres" de Christiane Veschambre
    Cheyne éditeur

    Présentation de l'éditeur :

    Se réveiller un matin MUETTE, et donc soudain exclue du cours familier des choses, et arrachée pour une grande part au commerce des autres, telle est l'expérience limite que vit la narratrice des Mots pauvres.

    Or, loin de l'anéantir, l'événement la renvoie à une solitude essentielle, et comme primitive, au cours de laquelle elle renaît à elle-même, libérée des pièges de l'amour-propre et des masques où l'enfermait jusque-là le souci de paraître, s'ouvrant enfin à un rapport juste et confiant avec le monde. C'est pour elle une véritable initiation, dont elle témoigne au jour le jour dans une sorte de journal intime qu'éclaire la discrète présence de l'homme qu'elle aime, et à qui elle s'adresse en secret.

    Dans ce livre tout intérieur, Christiane Veschambre évite la séduction d'une écriture savante et contournée, privilégiant les mots simples d'une confidence pudique.

    Première page :

    "L'autre matin je me suis réveillée muette. Je ne m'en suis pas aperçue tout de suite parce que j'étais seule dans la chambre. Je me sentais heureuse de la journée à vivre. Emplie d'un sentiment de liberté et de légèreté. Je me suis étirée en bâillant, sans bruit, je me suis levée, je suis allée décrocher un vêtement dans la salle de bains et je me suis dirigée vers la cuisine où je t'entendais chanter. J'ai poussé la porte, je t'ai souri, tu m'as appelée par mon nom, et je t'ai répondu par le tien. C'est-à-dire que j'ai ouvert la bouche, j'ai formé avec mes lèvres les deux syllabes aimées, et aucun son n'est sorti. Tu as ri, d'abord, de me voir répéter ma mimique silencieuse, tu t'es avancé vers moi pour me prendre dans tes bras et tu t'es arrêté. Tu m'as demandé ce que j'avais, je n'ai pas pu te répondre. Finalement j'ai pris sur le buffet le papier où on inscrit les commissions et j'ai écrit: "Je ne peux plus parler." Et je me suis mise à pleurer."

    Ce que j'en pense :

    Un livre sur le silence, sur les mots... un livre de "réveil" au langage, de redécouverte de la parole. Livre très profond qu'on a envie de relire (le laisser en évidence dans la bibliothèque).

       

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  • Luz ou le temps sauvage

    "Luz ou le temps sauvage" de Elsa Osorio
    traduction François Gaudry - Métailié

    Présentation de l'éditeur :

    A vingt ans, à la naissance de son enfant, Luz commence à avoir des doutes sur ses origines, elle suit son intuition dans une recherche qui lui révélera l'histoire de son pays, l'Argentine. En 1975, sa mère, détenue politique, a accouché en prison. La petite fille a été donnée à la famille d'un des responsables de la répression. Sa mère adoptive ignore d'où vient cette enfant qui lui ressemble si peu, son grand©père, le général, campe sur ses certitudes politiques et son mépris pour son gendre, tourmenté par le remords et dont le suicide ressemblera à une exécution... Personne n'a su d'où venait Luz, à l'exception de Myriam, la compagne d'un des tortionnaires qui s'est liée d'amitié avec la prisonnière et a juré de protéger l'enfant. Luz mène une enquête semblable à celles des Grands Mères de la place de Mai, mais depuis sa situation troublante d'enfant que personne n'a jamais recherchée. Cette histoire est remarquablement racontée, sur un rythme de thriller. Loin des clichés, c'est l'amour qui pousse les personnages à rechercher la vérité.

    Première page :

    "Luz, Ramiro et leur fils Juan arrivèrent à l'aéroport de Barajas à sept heures du matin d'un jeudi chaud. Dans le taxi qui les conduisait à l'hôtel, Luz leur parla de la Plaza Mayor, des ruelles étroites et mystérieuses, des bars ouverts à toute heure, des femmes au regard hautain qui dansent avec leurs mains comme des oiseaux inquiets. Tu vas adorer le flamenco, Ramiro, et toi Juan je vais t'emmener au parc du Retiro.

    Peut-être Luz voulait-elle leur faire croire - ou croire elle-même un instant - qu'ils étaient là pour connaître l'Espagne et non pour l'accompagner dans sa course folle qu'elle n'avait pas pu arrêter depuis qu'elle s'était mis cette idée en tête, à la naissance de Juan. Car c'était à la clinique même qu'avait commencé à grandir ce doute dont elle n'était pas parvenue à se défaire. Entre les couches, les petits rots et les berceuses, Luz avait vérifié, parlé à des gens, demandé des renseignements, fureté, fouillé, cherché obstinément. Et c'est ici qu'il étaient arrivés. À Madrid.

    Le matin même, alors que Juan et Ramiro dormaient encore, les renseignements lui donnèrent le numéro de téléphone de Carlos Squirru. Il était donc vivant, il existait, et il était là dans la même ville qu'elle. Son cœur battait à tout rompre. Elle composa le numéro dans la cabine téléphonique de l'hôtel. Une voix de femme à l'accent espagnol disait qu'ils étaient absents et suggérait de laisser un message après le signal. Elle coupa. Elle essaya de mettre des yeux, une bouche, un visage, une expression sur cette voix, mais ce fut impossible. Était-ce sa femme ? Carlos lui avait-il parlé de son passé ?"

    Ce que j'en pense :

    Un roman émouvant sur la recherche d'identité, qui prend source dans l'Argentine des militaires. Très bien construit. Cependant, les histoires d'amour qui tapissent le récit paraissent un peu "convenues".

     

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  • L'automne à Cuba

    "L'automne à Cuba" - de Léonardo Padura
    traduction René Solis et Maria Hernandez - Points (Métailié)

    Présentation de l'éditeur :

    L’inspecteur Mario Conde est un peu perturbé : son chef est parti en retraite, un cyclone menace La Havane, et comble de l’ironie, il découvre que nombre de ses collègues sont corrompus… C’est décidé, cette enquête sera la der des der. Mais le meurtre atroce d’un ancien homme politique l’entraîne plus loin que prévu, dans un monde désabusé qui n’a connu que le revers de la médaille révolutionnaire.

    Première page :

    "- Viens ici... ! hurla-t-il enfin en direction d'un ciel qui lui sembla langoureux et paisible, peint encore des couleurs de la trompeuse palette bleue du mois d'octobre : il hurla les bras en croix, la poitrine nue, expulsant sa réclamation désespérée de toute la force de ses poumons, pour que sa voix porte et aussi pour vérifier que sa voix existait encore, après trois jours sans un seul mot. Sa gorge, écorchée par les cigarettes et l'excès d'alcool, sentit enfin le soulagement de la renais­sance, et son esprit savoura ce minuscule acte libertaire, capable de provoquer une effervescence intérieure qui manqua de lui faire pousser un second cri.

    Depuis son toit, Mario Conde avait scruté le firma­ment nettoyé de vent et de nuages, comme la vigie d'un navire égaré, avec l'espoir malsain que du haut de son élévation il pourrait enfin voir, dans le dernier pli de l'horizon, cette agressive croix de Saint-André dont il avait suivi plusieurs jours durant le trajet sur les cartes météorologiques, tandis qu'elle se rapprochait du des­tin qui lui était assigné : la ville, le quartier et ce toit même d'où il l'appelait."

    Ce que j'en pense :

    C'est le meilleur livre de la tétralogie des quatre saisons avec l'inspecteur Mario Conde. Comme précédemment, l'intrigue sert de toile de fond à une description sans complaisance du passé et du présent de Cuba. Comment faire pour résister aux ouragans ? Faut-il fuir cette ile... ou se mettre à écrire ?

      

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  • Les contes bleus du vin

    "Les contes bleus du vin, suivi d'un rêve en Lotharingie" - de jean Claude Pirotte
    Le temps qu'il fait

    Présentation de l'éditeur :

    Un rêve en Lotharingie et Les contes bleus du Vin sont les carnets d’un observateur passionné, une poésie de journal intime, les éphémérides d’un cœur pérégrin qui aime à s’égarer sur des territoires en retrait des sentiers achalandés, vers des coins secrets non référencés par les offices de tourisme : «Les pays les plus mal aimés sont les plus chers à mon âme.» Signe distinctif de toute grande poésie, il existe un «univers Pirotte», tout un monde de diversités inattendues, majestueuses drèves et secrètes tortilles, solennités héroïques et veines populaires, alluvions mythiques... une constante vigilance de l’esprit et du cœur, un univers où les frontières entre le réel et l’imaginaire, entre le rêve et la vie, s’estompent et disparaissent.
    (Gérard Oberlé, extrait de la préface)

    Extrait :

    "Je vous parle des Abîmes de Nyans. Dante, sans doute, a rêvé ce paysage, dans l’automne tourmenté. Sur les parois la neige déjà s’accroche. De la montagne effondrée semble jaillir un grand vent qui grince et tourbillonne. Les Abymes exigent de l’homme un langage plus âpre, une pensée plus rugueuse. On dirait que la mort veille entre les pans d’immenses roches éboulées. On dirait que la mort veille sur le plateau déprimé que les ceps racornis, privés de leur dernière lueur rousse, habitent obstinément dans l’effroi du prochain hiver.
    Je vous parle des Abymes. Je vous parle d’un enfer sans flammes, un enfer glacé, que l’homme maigre et sec arrache d’âge en âge à sa nature d’enfer. Je vous parle avec pompe des Abymes. Car ce terroir balance entre l’emphase et le silence, entre la rigueur et l’échevèlement. C’est ici la porte de l’exil, l’est d’Éden, mais le souvenir tenace de l’éden, on croirait en effet que ce souvenir seul, inspire à la sève les cycles de son élan.
    L’altesse et le chasselas, le jacquère et la mondeuse blanche, la petite-sainte-Marie et le gringet défient la montagne. Et l’on raconte que l’altesse fut rapportée de Chypre par un Croisé, qui la planta dans le sol le plus rude et le plus aride, au cœur du chaos, à la grâce de ce dieu dont il portait la croix. Et l’altesse donna le vin blanc le plus vif et le plus fruité, pour faire la nique au diable qui secouait la montagne. Depuis ce temps, la roussette de Savoie fait danser les filles qui se moquent du diable, et c’est, dit-on, les soirs de bal et de tempête, que le diable impuissant pleure et mendie un verre de vin frais des Abymes."

    Ce que j'en pense :

    Journal d'un flaneur et d'un amoureux du vin, "itinéraires spiritueux" (comme dirait Gérard Oberlé)... Beaucoup de ces chroniques sont savoureuses.

     

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