• - Nouvelles

    "Tom petit Tom tout petit homme Tom" - Barbara Constantine
    Calmann-Lévy

    Présentation de l'éditeur :

    Tom a onze ans. Il vit dans un vieux mobil-home déglingué avec Joss, sa mère (plutôt jeune : elle l'a eu à treize ans et demi). Comme Joss aime beaucoup sortir tard le soir, tomber amoureuse et partir en week-end avec ses copains, Tom se retrouve souvent tout seul. Et il doit se débrouiller. Pour manger, il va dans les potagers de ses voisins, pique leurs carottes, leurs pommes de terre... Mais comme il a très peur de se faire prendre et d'être envoyé à la Ddass (c'est Joss qui lui a dit que ça pouvait arriver et qu'elle ne pourrait rien faire pour le récupérer), il fait très attention, efface soigneusement les traces de son passage, replante derrière lui, brouille les pistes. Un soir, en cherchant un nouveau jardin où faire ses courses, il tombe sur Madeleine (quatre-vingt-treize ans), couchée par terre au milieu de ses choux, en train de pleurer, toute seule, sans pouvoir se relever. Elle serait certainement morte, la pauvre vieille, si le petit Tom (petit homme) n'était pas passé par là...

    Première page :

    "Elle est encore de mauvais poil. Ça fait au moins trois jours que ça dure. Il se dit qu'elle a peut-être ses ragnagnas. Ça le fait sourire ce mot-là. Ragnagnas... En tout cas quand elle les a, il sait qu'il a intérêt à la mettre en veilleuse. À obéir à tout sans discuter. Et c'est bien ce qu'il fait maintenant. Comme elle a demandé. Il ne bouge plus du tout, respire à peine. Sauf que là, ça fait déjà un bon moment, et qu'il n'avait pas prévu qu'il y aurait un petit caillou très pointu sur lequel il s'allongerait sans faire exprès. Et il commence à lui rentrer dans les côtes, ce con-là. Il aimerait bien glisser sa main libre pour le retirer. Mais la ficelle qu'il tient de l'autre main se met à vibrer au moindre mouvement. Il ne faut surtout pas, ça risquerait de tout faire capoter. Alors pour soulager le point douloureux, il essaye de déplacer tout doucement le poids de son corps et ..."

    Ce que j'en pense :

    Livre qui se lit rapidement et agréablement. Beau conte de fée, simple, léger, sans doute trop idyllique où tout le monde est beau et gentil.

     

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  • - Nouvelles

    "Vents de Carême" - Léonardo Padura
    traduction François Gaudry - Métailié (Points)

    Présentation de l'éditeur :

    Pendant les jours étranges qui annoncent le printemps cubain et où commencent à souffler les vents de carême qui apportent la chaleur du Sud, l'inspecteur Mario Conde, mélancolique et désabusé, rencontre Karina, une éblouissante saxophoniste, amateur de jazz. Il se voit aussi confier une enquête délicate.

    Une jeune professeur de chimie de son ancien lycée est retrouvée assassinée chez elle. Cette jeune femme irréprochable et bien notée se trouvait en possession de marijuana. Au cours de son enquête, Mario Conde perd quelques illusions en découvrant le côté obscur de la société cubaine, la décomposition sociale, l'arrivisme, le trafic d'influences, les fraudes, la drogue. Parallèlement, il vit une histoire d'amour et de musique qui ne devrait jamais finir, si cela était possible dans le monde des inspecteurs de police mélancoliques.

    Première page :

    "C'était le mercredi des Cendres et, avec la ponctualité de l'éternel, un vent aride et suffocant, comme envoyé directement du désert pour remémorer le sacrifice nécessaire du Messie, s'engouffra dans le quartier, soulevant les détritus et les angoisses. Le sable des carrières et les vieilles haines se mêlèrent aux rancœurs, aux peurs et aux déchets débordant des poubelles, les dernières feuilles mortes de l'hiver s'envolèrent avec les émanations fétides de la tannerie et les oiseaux du printemps disparurent, comme s'ils avaient pressenti un tremblement de terre. L'après-midi se flétrit sous des nuées de poussière et respirer devint un exercice conscient et douloureux.

    Debout sous le porche de sa maison, Mario Conde observait les effets de cet ouragan apocalyptique : rues désertes, portes fermées, arbres abattus, le quartier paraissait dévasté par une guerre efficace et cruelle. "

    Ce que j'en pense :

    Suite des aventures de Mario Conde. Mieux que le premier, un peu plus direct et un peu moins de mélancolie. Style agréable. Cuba est toujours aussi présent.

      

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  • - Nouvelles

    "Le seigneur des porcheries" - Tristan Egolf
    traduction Rémy Lambrechts - Gallimard (folio)

    Présentation de l'éditeur :

    Ce premier roman singulier commence avec la mort d'un mammouth à l'ère glaciaire et finit par une burlesque chasse au porc lors d'un enterrement dans le Midwest d'aujourd'hui. Entre-temps, on aura assisté à deux inondations, à quatorze bagarres, à trois incendies criminels, à une émeute dans une mairie, à une tornade dévastatrice et à l'invasion de méthodistes déchaînés ; on aura suivi la révolte d'une équipe d'éboueurs et vu comment un match de basket se transforme en cataclysme. Tout se passe dans la petite ville de Baker, sinistre bourgade du Midwest ravagée par l'inceste, l'alcoolisme, la violence aveugle, le racisme et la bigoterie. Au centre des événements, John Kaltenbrunner, un enfant du pays, en butte à toutes les vexations, animé par une juste rancoeur. Comment John se vengera-t-il de la communauté qui l'a exclu ? Jusqu'où des années de désespoir silencieux peuvent-elles conduire un être en apparence raisonnable ? Dans un style flamboyant, Le seigneur des porcheries retrace l'histoire de cette vengeance, telle qu'elle est contée, après la mort de John, par un des « humiliés et offensés » qu'il défendait.

    Extrait :

    "Sa mère, supposément une riche héritière de Chicago alors enceinte de sept mois, s'était rendue aux toilettes suite à des douleurs stomacales aiguës. Dix minutes plus tard, un contrôleur de passage avait entendu une série de hurlements et de chocs dans les lieux. Après avoir essayé la poignée et l'avoir trouvée bloquée, il avait enfoncé la porte. Il avait trouvé la dame en question au milieu d'un horrible bazar. Elle s'escrimait en tressautant, une jambe calée dans le lavabo et les deux mains enroulées autour d'un cordon ombilical pustuleux qui, partant d'entre ses jambes écartées, allait se perdre dans la cuvette. Le contrôleur avait été pris de panique. Il avait plongé en avant et s'était efforcé de saisir le cordon. Il devinait l'enfant contrefait coincé dans le tuyau et hurlant d'une voix suraiguë de l'autre côté de la trappe de chute, juste au-dessus de la voie. Les cris résonnaient dans tout le wagon. La mère avait fini par perdre pied dans la soupe et basculer dans le couloir. Elle avait perdu conscience, laissant littéralement l'affaire entre les mains du contrôleur. Celui-ci avait fait un dernier effort pour déloger le bébé mutilé, mais le cordon avait fini par rompre et lui rester entre les mains. Ce fut une scène terrible. Lorsque la jeune mère était revenue à elle entourée d'une foule de passagers, elle n'avait plus voulu qu'oublier entièrement cette sinistre affaire. Bien sûr, personne n'avait imaginé une seconde que l'enfant ait pu survivre...

    Mais, selon l'histoire, si John était contusionné et lacéré de partout, aucun de ses organes vitaux n'avait lâché. Il était tout à fait vivant. Il avait passé l'après-midi à sortir du choc au milieu de la voie, à l'aplomb d'une Studebaker pourrie calée sur des blocs de bois au milieu des roseaux. "

    Ce que j'en pense :

    C'est la vie d'un personnage très original, poursuivi par la poisse. Roman surprenant par son contenu (bouleversant, épique, outrancier, violent, baroque...) et par son style (pas de dialogue, descriptions assez longues, évènements annoncés avant d'être décrits...). Au total, un livre étonnant, avec quelques longueurs.

      

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