• - Nouvelles

    "Toute une vie bien ratée" - Pierre Autin-Grenier
    Folio

    Quatrième de couverture :

    A quoi bon ma vie immobile dans ce trou noir, je me dis, quand partout alentour s'agitent des ingénieurs en aéronautique, parcourent en tout sens la planète Messieurs les Administrateurs des Iles Eparses et que des experts assermentés près les tribunaux expertisent tandis qu'ailleurs attaquent formidablement des banques des bandits prodigieux? Vrai, comment ne pas se demander ce que l'on est venu faire là au milieu et d'où nous vient cette audace de respirer le même air qu'eux? ...

    Extrait :

     

     

    Ce que j'en pense :

    Suite de chroniques (fragments? nouvelles? auto fiction? poèmes en prose? ... peu importe) avec beaucoup d'humour, souvent caustiques, parfois cyniques. Une écriture magnifique.

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  • - Nouvelles

    L'odeur du café - Dany Laferrière
    Motifs; le serpent à plume

    Présentation de l'éditeur :

    Au coeur de ce récit, il y a l'enfance. Celle d'un petit garçon passant ses vacances chez Da, sa grand-mère, et accompagné de la chaleureuse vigilance de ses tantes. Un peu de fièvre, et le voici privé de jeux avec ses camarades. Alors il reste sur la terrasse de bois, à côté de Da qui se balance dans le rocking-chair, avec toujours une tasse de café à portée de la main pour les passants et les voisins.

    Le long des lattes de bois, l'enfant regarde les fourmis, les gouttes de pluie marquant le sol, regarde et écoute les adultes s'occuper et parler, respire les odeurs de la vie.

    Chronique des sensations enfantines, L'Odeur du café est un livre envoûtant, le récit d'un voyage au temps si fragile et si merveilleux de l'enfance.

    Première page :

    "L'été 63

    J'ai passé mon enfance à Petit-Goâve, à quelques kilomètres de Port-au-Prince. Si vous prenez la nationale Sud, c'est un peu après le terrible morne Tapion. Laissez rouler votre camion (on voyage en camion, bien sûr) jusqu'aux casernes (jaune feu), tournez tranquillement à gauche, une légère pente à grimper, et essayez de vous arrêter au 88 de la rue Lamarre.

    Il est fort possible que vous voyiez, assis sur la galerie, une vieille dame au visage serein et souriant à côté d'un petit garçon de dix ans. La vieille dame, c'est ma grand-mère. Il faut l'appeler Da. Da tout court. L'enfant, c'est moi. Et c'est l'été 63."

    Extrait audio :



    Ce que j'en pense :

    Une enfance haïtienne où se mêlent l'humour, la tendresse et beaucoup d'émotion. En lisant ces chapitres divisés en vignettes, on se retrouve vraiment au coeur de ce pays.

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  • - Nouvelles

    "Chaque regard est un adieu" - Georges Bonnet
    Le temps qu'il fait

    Présentation de l'éditeur :

    Avec ce nouveau livre, Georges Bonnet semble chercher dans le noir un sens au bonheur impossible, à la vie empêchée de ses personnages, qui se tiennent presque sans bouger entre une tristesse étale et de brefs éclairs d'espoir. L'impuissance de ces êtres, humblement acceptée, jette sur ces récits une ombre désespérante et contient la menace d'un désenchantement ou d'une fin. Mais l'amour, l'amour tu, l'amour sans attente, y tient pourtant une place centrale, y opère un fragile « rassemblement du temps » et constitue un renfort à la vie.

    Le lecteur sera saisi, une fois encore, du sobre talent avec lequel l'auteur tire d'une écriture si dépouillée et probe de telles harmoniques de sentiments véridiques et d'impressions persistantes.

    Première page:

    "Joachim consulta sa montre-bracelet et secoua négativement la tête, se jugeant incorrigible.
    Il serait une fois de plus en retard au service de comptabilité de la grosse société, spécialisée dans la rénovation des bâtiments, qui l’employait depuis plus d’un an.
    Il prit son pas de chasseur alpin, choisit le trottoir le moins encombré, s’engouffra sous le porche qui donnait accès à la cour intérieure de l’établissement…
    Il suspendit en hâte son pardessus à la patère restée libre, pénétra silencieusement dans le bureau, se glissa entre les tables de ses collègues, jusqu’à sa propre table.
    Il savait que le chef comptable, un petit homme ombrageux qui ne l’aimait guère, ferait son rapport à la direction.

    À l’heure du déjeuner, une jeune secrétaire inconnue dans le service, vint lui remettre une lettre. On lui signifiait qu’il était congédié. Une enveloppe jointe contenait un chèque correspondant à trois mois de salaire.
    Il resta digne, mit la lettre et le chèque dans une poche de sa veste, traversa le bureau en silence, rejoignit ses collègues dans l’étroit vestiaire qui leur était réservé, enfila son pardessus."

    Ce que j'en pense :

    Belle écriture, élégante. Des histoires chargées de tendresse et d'humanité (avec également une petite dose de mélancolie). Quelques unes de ces nouvelles sont de véritables bijoux.

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    "l'abattoir (el matadero)" - Esteban Echeverria
    précédé de "Esthétique de l'abattoir" par Alberto Manguel
    traduction François Gaudry - L'Escampette

    Présentation de l'éditeur :

    L'abattoir d' Echeverria est le portrait digne de foi d'un tyran, mais aussi un témoignage contre toute tyrannie. De même que le Waterloo partiel de Fabrice éclaire la banalité et le chaos de toute guerre ou que l'inexplicable procès de K accuse le cauchemar métaphysique de la bureaucratie judiciaire, de même cet infernal abattoir illustre l'abus de pouvoir et la stupidité que cet abus encourage. (...) La tyrannie n'admet pas les critiques. Quiconque s'oppose à l'abattoir devient sa victime, car l'abattoir ne souffre ni interlocuteur ni adversaire. Le lecteur contemporain pense aux tyrannies classiques du siècle passé - l'Allemagne du Troisième Reich, la Russie de Staline, le Cambodge des Khmers rouges - mais aussi aux contaminations plus discrètes, plus particulières, comme celles qui ont lieu quotidiennement en Chine ou en France aujourd'hui, où le besoin d'imposer une discipline civique prétend justifier les abus d'une violence étatique de plus en plus impunie.

    Première page :

    "Ceci a beau être une histoire, je ne commencerai ni par l'arche de Noé ni par la généalogie des personnages comme le faisaient autrefois les historiens espagnols de l'Amérique, qui doivent nous servir de modèles. Bien des raisons m'incitent à ne pas suivre cet exemple, mais je les tairai pour ne pas paraître diffus. Je dirai seulement que les événements de mon récit eurent lieu dans les années 183... Nous étions en plein carême, époque de l'année où la viande se fait rare à Buenos Aires, car l'Église, adoptant le précepte d'Épictète, sustine, abstine, (souffre, abstiens-toi), prescrit aux estomacs des fidèles de faire maigre et abstinence, car la chair est peccamineuse et appelle la chair, dit le proverbe. Et comme l'Église, ab initio et par délégation directe de Dieu, exerce son empire immatériel sur les consciences et les estomacs, lesquels n'appartiennent que dans une certaine mesure à l'individu, rien de plus juste et de plus rationnel qu'elle prohibe ce qui est mauvais."

    Ce que j'en pense :

    Par un auteur argentin du 19ème siècle, un petit texte magnifiquement écrit qui illustre la tyrannie, l'abus de pouvoir.

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  • - Nouvelles

    "Toutes les couleurs des ténèbres" - Peter Robinson
    traduction Valérie Malfoy - Albin Michel

    Présentation de l'éditeur :

    Un cadavre est découvert pendu dans un bois près d'Eastvale. L'homme, rapidement identifié comme Mark Hardcastle, était le populaire et flamboyant décorateur de l'Othello donné par la troupe de théâtre locale. Tout indique un suicide. Mais quand on retrouve son riche amant baignant dans son sang, l'inspecteur Annie Cabbot s'interroge. Un crime passionnel aurait-il pu conduire Mark, désespéré, à se supprimer ? Prise de doute, elle appelle Alan Banks en renfort, quitte à le priver de ses vacances et l'arracher aux bras de sa nouvelle petite amie... Leur enquête les plonge dans un monde trouble et dangereux pour lequel semblent avoir été écrits les célèbres vers d'Othello : « Jalousie, trahison, envie, ambition, avidité, luxure, vengeance... toutes les couleurs des ténèbres. »

    Première page :

    Vraiment, c'était dommage d'avoir à passer cette splendide journée sur une scène de crime - surtout qu'il s'agissait d'une pendaison. Annie Cabbot avait horreur des pendus. Et un vendredi après-midi, par-dessus le marché !

    L'inspectrice avait été dépêchée avec sa collègue le brigadier Winsome Jackman à Hindswell Woods, au sud d'Eastvale Castle, où des écoliers consacrant leur dernière journée de vacances à barboter dans la rivière avaient téléphoné pour dire qu'ils croyaient avoir vu un cadavre.

    La rivière s'écoulait, large et peu profonde à cet endroit, couleur de bière fraîchement tirée, écumant autour des pierres moussues. Le long du sentier qui la bordait, les arbres étaient pour la plupart des frênes, aulnes ou ormes blancs. Leurs feuilles d'un vert pâle presque translucide tremblaient sous la brise. L'odeur forte d'ail des ours embaumait, des grappes de moucherons stagnaient au-dessus de l'eau et, sur l'autre rive, les prés étaient pleins de boutons d'or, de fougères et de géraniums sauvages. Des vanneaux criaient et faisaient la navette, inquiets de voir des êtres humains près de leurs nids. Quelques nuages cotonneux flottaient dans le ciel.

    Ce que j'en pense :

    On retrouve avec plaisir les habitués de Peter Robinson (en particulier l'inspecteur Banks). Histoire intéressante mais qui vaut surtout par les portraits des personnages et par l'atmosphère admirablement restituée.

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  • - Nouvelles

    "Géographiques " - Bertrand Redonnet
    Le temps qu'il fait

    Présentation de l'éditeur :

    Une longue et joyeuse conversation réunit poète, géographe, climatologue et autre esprit pseudo-scientifique autour d’une table où le vin hongrois coule généreusement. Bertrand Redonnet y fouille la langue, questionne les paysages pour habiter le monde passionnément. L’amoureux d’étymologie nous donne là une démonstration jubilatoire du pouvoir de la poésie et de la littérature : « Elles prétendent dire l’état du monde, dans sa beauté comme dans sa laideur… »

    Première page :

    «Souffrez, madame, que j’avoue enfn l’inclination que depuis tant d’années m’inspire votre noble personne.
    Voilà qui était joliment formulé. Le buste respectueusement penché en avant, chapeau tenu dans la main droite et serré sur le cœur, la gauche, sinistra, celle qui porte le malheur et n’avoue jamais ses véritables desseins, bien repliée derrière le dos.
    Tout ça pour dire, peut-être, que l’étendue de votre patrimoine et la prospérité de vos rentes annuelles m’intéressent au plus haut point ou, beaucoup moins trivial, la nature vous a dotée d’appas tellement suggestifs que l’idée d’en faire plus ample connaissance m’obsède.
    Il n’eût cependant pas fallu que le melliflu, souffrant de quelque confusion de vocabulaire ou embarrassé de sa propre duplicité, s’emmêlât les crayons au point de décliner en s’inclinant son inclinaison. Il eût ainsi détruit la belle substance métaphorique de l’inclination et pour une telle marque de goujaterie eût sans doute été éconduit sans passer par l’étude notariale ou, bien pire, par le déduit.

    Ce que j'en pense :

    Conversation qui questionne la géographie : les paysages, le monde... mais parfois difficile à suivre.

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    "Tout bouge autour de moi" - Dany Laferrière
    Mémoire d'encrier

    Présentation de l'éditeur :

    Tout bouge autour de moi, est un témoignage de Dany Laferrière autour du séisme du 12 janvier 2010 qui a détruit Haïti. L'auteur retrace dans cet ouvrage les principaux moments du désastre : textes brefs, portraits, impressions. L'auteur plante le décor de son île avec la force et la générosité qu'on lui connaît. Il livre également en des touches discrètes ses émotions, ses sentiments et ses pensées dans cette chronique touchante.

    Tout bouge autour de moi, c'est Dany Laferrière qui jette un regard poignant sur Haïti, sur la fragilité des choses et des êtres. Cet ouvrage est également une leçon d'élégance, de dignité et de courage du peuple haïtien qui a trouvé l'énergie pour recommencer la vie après le séisme.

    « Partout où je vais, les gens m'adressent la parole en baissant la voix. Conversation entrecoupée de silences. Les yeux baissés, on m'effleure la main. Bien sûr qu'à travers moi, on s'adresse à cette île blessée mais de moins en moins isolée. On me demande de ses nouvelles. Ils comprennent vite qu'ils sont plus au courant de ce qui se passe que moi. Je me suis éloigné de cette rumeur intoxicante afin de préserver ces images qui brûlent encore en moi. Cette petite fille qui, la nuit du séisme, s'inquiétait à savoir s'il y avait classe demain. Ou cette marchande de mangues que j'ai vue, le 13 janvier au matin, assise par terre, le dos contre un mur, avec un lot de mangues à vendre. Quand les gens me parlent, je vois dans leurs yeux qu'ils s'adressent aux morts, alors que je m'accroche à la moindre mouche vivante. »

    Première page :

    "6 janvier 2010. J'arrive à Port-au-Prince pour la deuxième édition du festival Etonnants Voyageurs, un festival littéraire réunissant en Haïti des écrivains venus du monde entier. Cette édition s'annonce excitante, car les écrivains haïtiens ont raflé en 2009 pas moins de treize prix littéraires sur la scène internationale. Pour la première fois, la littérature supplante le discours politique dans la faveur populaire. Les écrivains sont invités à la télévision plus souvent que les députés, ce qui est assez rare dans ce pays à fort tempérament politique. La littérature reprend ici de nouveau sa place. Déjà en 1929, Paul Morand note dans son vif essai Hiver caraïbe que tout finit en Haïti par un recueil de poèmes. Plus tard, Malraux parlera, lors de son dernier voyage à Port-au-Prince en 1975, d'un peuple qui peint. Etonnant pays d'artistes."

    Ce que j'en pense :

    C'est d'abord un journal écrit quelques semaines après le tremblement de terre, mais c'est également une réflexion sur l'exil et sur la responsabilité des intellectuels.

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