• - Nouvelles

    "J'irai au pays des licornes" - Jean François Chabas
    L'école des loisirs - Médium

    Présentation de l'éditeur :

    La rue, ses menaces et ses combats, Jean-François Chabas connaît bien. Mais c’est la situation de la Thaïlande contemporaine qui a été le déclic de ce roman. Là-bas, les combats d’enfants sont légaux et les fortunes gagnées grâce aux paris, colossales. Avec amertume, poésie, réalisme et pudeur, c’est la face sombre de sa Boxe du Grand Accomplissement que l’auteur nous livre ici, ainsi que sa façon, subtile, originale, de parler de l’antisémitisme.

    Première page :

    "Un jour, j'irai au Pays des licornes. Des douces licornes blanches, qui marcheront au pas, autour de moi. Je verrai leurs naseaux frémir, et j'entendrai leur souffle; il sera pour moi une caresse.

    Je lèverai les yeux vers un ciel limpide. Je marcherai sur une herbe vert tendre. De grands arbres s'étendront dans la plaine, mais clairsemés. Car j'en ai soupé, des sombres forêts.

    Au Pays des licornes, il y aura des papillons.

    J'ai remarqué que les papillons adorent l'odeur de la lessive. Plusieurs fois, quand je lavais mon linge dans une bassine dont je sortais une main pas encore rincée, un papillon est venu se poser sur mes doigts. Mais ici, il y a seulement une petite espèce jaune pâle, qu'on appelle des Citrons.

    Au Pays des licornes, on trouvera des papillons de toutes tailles, avec des couleurs qu'on n'imagine pas. Enfin si, je les imagine, la nuit, quand je n'arrive pas à dormir à cause des hématomes, d'une dent cassée, de la peur, et surtout de l'inquiétude quant à l'avenir..."

    Ce que j'en pense :

    Un roman qui aborde des sujets d'actualité (la rue, l'exploitation des enfants, l'antisémitisme...) avec réalisme, pudeur et poésie. La fin me laisse un peu perplexe (mais pouvait-il en être autrement ?).

    __________


    votre commentaire
  • - Nouvelles

    "Retour à Reims" - Didier Eribon
    Fayard

    Présentation de l'éditeur :

    Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie... Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance. Un grand livre de sociologie et de théorie critique.

    Didier Eribon est professeur à la faculté de philosophie, sciences humaines et sociales de l'université d'Amiens. Auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999), il a été le lauréat 2008 du prestigieux Brudner Prize, décerné chaque année par l'université Yale.

    Première page :

    "Longtemps, ce ne fut pour moi qu'un nom. Mes parents s'étaient installés dans ce village à une époque où je n'allais plus les voir. De temps à autre, au cours de mes voyages à l'étranger, je leur envoyais une carte postale, ultime effort pour maintenir un lien que je souhaitais le plus ténu possible. En écrivant l'adresse, je me demandais à quoi ressemblait l'endroit où ils habitaient. Je ne poussais jamais plus loin la curiosité. Lorsque je lui parlais au téléphone, une fois ou deux par trimestre, souvent moins, ma mère me demandait : « Quand viens-tu nous voir ? » J'éludais, prétextant que j'étais très occupé, et lui promettais de venir bientôt. Mais je n'en avais pas l'intention. J'avais fui ma famille et n'éprouvais aucune envie de la retrouver.

    Je n'ai donc connu Muizon que tout récemment. C'était conforme à l'idée que j'en avais conçu : un exemple caricatural de « rurbanisation », un de ces espaces semi-urbains en plein milieu des champs, dont on ne sait plus très bien s'ils appartiennent encore à la campagne ou s'ils sont devenus, au fil des ans, ce qu'il convient d'appeler une banlieue..."

    Ce que j'en pense :

    Un très bon livre où se mêlent autobiographie et critique sociale. Il raconte sa victoire contre sa condition modeste, ses combats en tant que gay et finalement son respect et sa reconnaissance pour ce "monde" ouvrier dont il a eu honte pendant une grande partie de sa vie.

    Belle leçon de sociologie et de politique


    __________



    votre commentaire
  • - Nouvelles

    "Sainte famille" - Jean Forton
    éditions finitude

     

    Présentation de l'éditeur :

    Chez les Malinier, on ne badine pas avec la respectabilité. Voilà une belle famille bourgeoise, dans une ville de province : un père négociant, trois enfants promis à un bel avenir et une mère légèrement bigote, juste ce qu’il faut pour affirmer sa position sociale. Pourtant, derrière la façade, l’explosion est proche, il ne manque qu’une petite étincelle. L’arrivée d’un séduisant tartufe au cœur de cette sainte famille servira de détonateur et la débâcle sera à la hauteur de son cynisme.


    Première page :

    "Ce matin il faisait beau, Luc Malinier n’a pas eu le courage d’aller travailler, il est parti avec deux ou trois cahiers sous le bras, pour donner le change, mais au lieu de se rendre à la Faculté il est descendu vers le port. Le voilà sur la berge. Le fleuve reflète le ciel, il y a quelques mouettes et deux ou trois grands navires, et tout cet espace, le fleuve, la ville en demi-cercle, et dans sa bouche l’air léger qui a goût de marée, tout cela l’emplit de paix. Il est heureux. Il nomme bonheur cette sensation de ne pas peser, de ne pas souffrir, de ne pas penser, d’être là, au soleil, sans attaches et sans désirs. Ce sont des instants si rares qu’il les goûte pleinement.

    D’aucuns prétendent qu’il n’est de bonheur que passé ou futur et qu’il est nécessaire de se remémorer ou de rêver. Pour sa part Luc ignore cette double nécessité. C’est un être simple, capable de profiter du moment. Il est vrai que de son passé il n’a rien à conserver qui ne soit entaché de désagrément. Quant à son futur, il ne l’imagine jamais. Il a l’imagination stérile. Demain, de quoi demain sera-t-il fait ? De rien sans doute. De rien. D’un présent semblable à celui qu’il vit, médiocre et morose."

    Ce que j'en pense :

    Livre inédit, écrit dans les années 60 par Jean Forton (mort en 1982). Ecriture simple, limpide, parfois cinglante pour un roman à charge contre le poids de la famille, de la bourgeoisie et de la bêtise. On pense aux comédies de Molière.

    __________


    votre commentaire
  • "Ti Poucet" - Texte de Stéphane Servant - Illustration de Ilya Green
    Rue du Monde

    Présentation :

    Quand on est Ti Poucet, il vaut toujours mieux se promener avec trois petits cailloux dans sa poche...

    Ilya Green

    Née en Provence, Ilya Green a fait des études de lettres et s'est mise à écrire très jeune. Ses livres témoignent d'un regard drôle et singulier sur l'enfance. Elle a également réalisé l'affiche de l'exposition "Drôles d'oiseaux, drôles d'animaux, 20 illustrateurs fêtent les 20 ans de Didier Jeunesse". Quelques livres de Ilya Green : Lilo, Ma mère est une étoile, Bou et les trois zours.

    Stéphane Servant

    Stéphane Servant a suivi des études de littérature anglaise, avant de se consacrer à l'écriture et à l'illustration pour la presse jeunesse. Il vit aujourd'hui près de Carcassonne. Quelques livres de Stéphane Servant : Comme en hiver, le machin, la cabane sur le toit.


    Première page :

    " En ville, tout le monde l’appelait Ti Poucet. A cause de sa taille. Et à cause des cailloux. Les trois cailloux qui traînaient toujours au fond de sa poche.

    Le Ti Poucet, on disait, avait préféré manger les miettes de pain et mettre les cailloux dans sa poche.
    Plutôt que de les semer sur le chemin.
    Plutôt que de suivre ses frangins.
    Plutôt que de rentrer chez lui.
    Plutôt que de retrouver ses parents un peu trop méchants..."

    Ce que j'en pense :

    Version très originale du Petit Poucet. Les illustrations sont magnifiques.

    __________


    votre commentaire
  • - Nouvelles

    "Mon dernier cheveu noir" - Jean Louis Fournier
    Editions Anne Carrière (poche)

    Présentation de l'éditeur :

    Je regarde une vieille photo. J'étais pas mal, avant. Pourquoi, chaque année, je me trouve de moins en moins bien ? Peut-être parce que c'est l'hiver ? Si vous passez l'hiver, vous verrez : l'été, c'est pareil. Vous savez comment on s'aperçoit qu'on est vieux ? Quand, même bronzé, on reste moche.

    Auteur de nombreux livres à succès dont "Il a jamais tué personne, mon papa" et "Grammaire française et impertinente", Jean-Louis Fournier vient de fêter ses soixante ans.

    Première page :

    "J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour éteindre les soixante bougies. Tout le monde rit dans mon dos. Je pense qu'ils se foutent de ma gueule. Je n'arrive pas à croire que j'ai soixante ans. Pourtant, j'ai eu soixante années pour m'y préparer.

    J'aime de moins en moins les anniversaires, surtout le mien. Je n'ai pas besoin de cadeau, j'ai tout et je n'arrive pas à dire « Quelle bonne idée ! » à celui qui a eu une mauvaise idée. Mon tiroir déborde de cravates que je ne mettrai jamais. J'aimerais que tout le monde parte, j'ai envie d'aller me coucher. Je n'aime pas les gâteaux, le Champagne est tiède et j'ai peur des compliments. J'imagine le pire : la petite fille endimanchée qui va venir me chanter : « Voulez-vous danser grand-père, tout comme au bon vieux temps, quand vous aviez vingt ans, sur un air qui vous rappelle combien la vie était belle... » La vie était belle, les bons souvenirs remontent à la surface, ils sont plus légers. Les mauvais, plus lourds, restent au fond.

    Je sais que je vieillis, ce n'est pas nécessaire de me le rappeler chaque année."

    Ce que j'en pense :
    Série de chroniques très courtes et d'aphorismes sur le vieillissement. Tout ne se vaut pas mais le plaisir l'emporte quand même largement.


    __________

    1 commentaire
  • - Nouvelles

    "Attente en automne" - Charles Juliet
    P.O.L.

    Présentation de l'éditeur :

    L'amour s'empare d'un homme, mais la femme qui le hante est trop jeune, ou elle regarde ailleurs, ou elle a conscience que la distance qui les sépare ne pourra être abolie.
    Renvoyé à lui-même, à une solitude accrue, cet homme vit une crise qui l'ébranle en profondeur.
    Il renonce, ou à l'inverse, il se bat, s'ingénie à vaincre les résistances.
    Un jour, l'imprévu survient, à moins que le temps ait modifié la situation et rendu possible ce qui ne l'était pas.
    Alors cet amour qui lancinait, érodait, déchirait, soudain il délivre, pacifie, ouvre largement les portes sur une vie qui s'éclaire et va multiplier ses dons...

    Première page :

    "Je suis arrivé hier en fin d'après-midi. Dans le train, je continuais à m'interroger. Je me demandais encore si j'avais été bien inspiré en décidant de partir. Comment allais-je supporter la solitude dans ce hameau? Paris n'allait-il pas me manquer? Je me rassurais en me disant que je n'avais pris cet engagement qu'avec moi-même, et que si je ne me plaisais pas en ce lieu, rien ne m'y retiendrait. Tandis que je regardais fuir le paysage derrière la vitre, je songeais que j'avais une grande chance d'être à ce point libre de toute contrainte. Pourtant, je n'en ressentais aucune joie.

    A Rodez, j'ai pris un taxi. Le chauffeur, un costaud d'une quarantaine d'années, avait un nez de boxeur, et j'ai aussitôt pensé qu'il était peut-être un ancien joueur de rugby. Je ne m'étais pas trompé..."

    Ce que j'en pense :

    Trois nouvelles autour de rencontres, magnifiquement et simplement écrites. De belles histoires d'amour à la fois sensuelles et pudiques.

    __________


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires