• Mon coeur a des dents

    "Mon coeur a des dents" de Bernard Friot
    illustrations Bruno Douin - éditions Milan (Macadam)

    Présentation de l'éditeur :

    Macadam " innove en publiant de la poésie pour les adolescents : des textes d'une force incroyable, comme des petits concentrés de vie, d'amour ou de violence. Un lyrisme d'une vitalité et d'une modernité cinglantes, signé Bernard Friot.

    Extrait :

    "mon coeur a des dents
    des dents
    il mord qui approche dévore ceux qui m'aiment
    j'entends les os craquer les hurlements glacés des assassinés
    c'est pas
    appétissant
    sage mon coeur sage
    es-tu rassasié maintenant
    cesse s'il te plaît de grincer
    des dents
    j'habite un ogre en mon sein
    moi qui suis végétarien
    c'est un peu
    embarrassant
    je vais l'entourer de fil barbelé planter une pancarte
    attention danger
    au moins vous serez prévenu
    mon coeur minotaure en son labyrinthe
    vous attend
    à pleines dents "

    Mon avis :

    C'est de la poésie sans rime (ni raison), un peu folle, loufoque (mais parfois très sérieuse). Des textes à lire à voix haute pour jeunes (ou très vieux) ados (il y a sans doute un âge pour commencer mais il n'y en a pas pour s'arrêter!).

     

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  • Le loup des steppes

    Le loup des steppes - Hermann Hesse - traduction Alexandra Cade
    éditions Calmann-Lévy

    Présentation de l'éditeur

    Publié pour la première fois en 1927 et maintes fois depuis dans toutes les langues du monde, Le Loup des steppes, roman culte de la génération de 68 est l'œuvre de Hesse la plus connue et en même temps la plus mal comprise, d'après la voix même de son auteur. Il conte les heurts d'un « marginal » avec le monde moderne. Déchiré entre culture et nature, l'éternel outsider Harry Haller s'installe dans une maison bourgeoise urbaine, fleurant bon l'encaustique et la propreté, afin de poursuivre de vagues recherches. Profondément déprimé, en pleine crise existentielle, il flirte avec l'idée du suicide, mais rencontre une prostituée qui l'entraîne dans une aventure plus philosophique qu'amoureuse. Avec quelques autres personnages de son monde interlope, elle semble lui offrir la possibilité de réconcilier les deux extrêmes de son être : son côté loup solitaire, ascète et anti-social, et sa fringale de la sensualité, la vie. L'étrange pacte entre ces deux êtres se terminera par la mort de l'un d'entre eux. Si le conflit de personnalité de Harry (alter ego de Hermann Hesse) n'est sans doute pas résolu à la fin du roman, la métropole qui est sa toile de fond se transforme en un « théâtre magique », la steppe glacée de la ville se dégèle le temps d'un songe. La traduction précédente datait de 1929 et comporte de nombreuses approximations et contresens. Grâce à la nouvelle traduction d'Alexandra Cade, traductrice de L'Éloge de la vieillesse et de L'Art de l'oisiveté de Hermann Hesse, Le Loup des steppes sera enfin accessible aux lecteurs français dans une version qui respecte scrupuleusement la poésie et les moindres nuances du texte original.

    Extrait

    "La journée s'était écoulée exactement comme s'écoulent toutes les autres journées. J'avais passé le temps, je l'avais doucement tué grâce à mon art de vivre primitif et farouche. J'avais travaillé un bon moment, consulté de vieux livres ; j'avais souffert durant deux heures, comme souffrent les personnes d'un certain âge ; j'avais avalé un remède, heureux de pouvoir tromper la douleur; j'avais pris un bain brûlant en me laissant pénétrer de sa chaleur bienfaisante ; j'avais reçu trois fois du courrier et parcouru l'ensemble de ces lettres, de ces imprimés sans importance ; j'avais accompli mes exercices respiratoires et négligé par paresse les exercices intellectuels ; j'avais fait une promenade d'une heure et aperçu, se dessinant dans le ciel, quelques petits nuages floconneux, ravissants, délicats et précieux. Ce spectacle était fort agréable, à l'instar de la lecture de vieux ouvrages, du repos pris dans un bain chaud, mais tout compte fait, la journée n'avait pas été vraiment exaltante, vraiment radieuse, elle ne m'avait apporté ni bonheurs ni joies. Elle était tout simplement conforme à l'idée que je me faisais depuis longtemps déjà des journées normales et habituelles ; conforme aux journées modérément agréables, parfaitement supportables, passables et tièdes d'un homme vieillissant et acariâtre ; aux journées sans douleurs, sans inquiétudes spécifiques, sans affliction véritable, sans désespoir, où l'on envisage même froidement, tranquillement, sans émotion ou angoisse particulières, la question de savoir s'il ne serait pas temps de suivre l'exemple d'Adalbert Stifter et de se blesser mortellement en se rasant."

    Mon avis :

    C'est un livre qui se déguste. L'écriture y est fine, précise et profonde. C'est un roman philosophique où se mèlent le fantastique, le délire, le spirituel.

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